Critique Les Révoltés de Bohen #2 [2019]

Les Révoltés de Bohen est le second volet d'un dyptique de fantasy sombre d'Estelle Faye. Le premier volet, Les Seigneurs de Bohen raconte comment la révolution a renversé un empire inique millénaire. Avec une plume agréable et un univers maîtrisé, Estelle Faye nous replonge dans le royaume sanglant de Bohen. 

Quinze années ont passées depuis la Révolution et le royaume de Bohen n’a jamais été aussi mal. Une jeune fille qui se présente comme l’enfant de Sigalit, une des héroïnes de la Révolution, nous raconte son périple pour rejoindre les Havres et en parallèle le destin des autres protagonistes de cette époque. Le lecteur retrouve avec plaisir les personnages du premier tome dont certains prennent de l’épaisseur et sont désormais au premier plan. La narration éclatée fonctionne toujours aussi bien, l’atmosphère s’est assombrie et sur les ruines de l’Empire une nouvelle révolte gronde.

La révolution a eu lieu et pourtant le royaume n’a jamais été aussi mal. On raconte que le mage serait devenu fou et qu’un bretteur aurait essayé de le tuer. La réalité, je ne vous la dévoilerai pas, c’est vous qui la trouverez au fur et à mesure d’un roman plus sombre que le premier. Une centaine de chapitres et pourtant qu’il sera dur de quitter Bohen.

Un régent règne désormais sur le royaume, il est accompagné de la princesse Yule et fait preuve d’une grande cruauté. Le peuple de Serna-Chernik, la capitale,  souffre et les révolutionnaires sont devenus des résistants. La révolte gronde dans des régions éloignées et ce régent veut l’écraser coûte que coûte. Les combats n’ont donc pas cessé et l’espoir toujours présent.

Si de nouveaux personnages apparaissent dans cet opus, le réel plaisir est de découvrir le destin inattendu des anciens : Sainte-Etoile, Wens ou encore Sigalit ont une vie que nous n’aurions pu imaginer en finissant les Seigneurs de Bohen. Maeve la morguenne a vu son rêve s’accomplir mais nous découvrons ce que ça impliquait via des flashbacks : le monde est bien plus grand et mystérieux que prévu. L’univers de Bohen s’épaissit dans ce deuxième tome avec également de nouvelles régions que ce soit là où gronde une révolte d’esclaves ou là où règnent des amazones : les mangroves de Bo-Tchaï, les Lacs Turquoises, la toundra de Doshe, le désert du Royaume Vide… Autant de lieux exotiques fascinants.  Ioulia la Perdrix, la métamorphe prend de l’épaisseur de ce volet et ne reste plus simple spectatrice. Morde devient plus important et quel personnage !

Estelle Faye a soigné ses personnages et, qu’on les adore ou qu’on les déteste, ils se dévoilent en profondeur dans le roman. Leurs convictions s’affirment et se mêlent aux enjeux politiques de ce monde : misère, esclavage, place des femmes, liberté sexuelle…

Enfin, le passé de Bohen ressurgit pour des moments sombres et épiques. La tension monte tout au long du roman alors que les révoltés des quatre coins de l’Empire se rejoignent. L’intrigue est claire et maitrisée. L’écriture de l’autrice mêle destin personnel et avenir de l’empire avec finesse, sans lourdeur. La plume s’améliore dans cet opus et emporte les lecteurs dans une ambiance immersive et émouvante.