Critique Le Sang des Héros [2017]

Le Sang des Héros est un roman one-shot qui se dévore en une soirée, une histoire de personnes avec des superpouvoirs mais pas une énième aventure de super-héros. Dans un univers contemporain réaliste, Cyril Durr imagine que certaines personnes ont commencé à développer des pouvoirs plus ou moins utiles. L’apparition de ces supra-humains a bouleversé le monde et aux Etats-Unis, un service militaire obligatoire est instauré pour les adolescents qui se découvrent une capacité particulière. Imaginez les X-Men dans un camp façon Full Metal Jacket plutôt que dans le manoir du professeur X.

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La société en effet a peur de ces jeunes gens car certains développent des pouvoirs dévastateurs. Il faut donc les éduquer et c’est ainsi que nous rencontrons Amber, Terri, Kiera et Mike, quatre ados presque comme tout le monde et en route vers Powertown, le centre de formation des supras.  Amber peut léviter mais ne maîtrise pas encore bien son vol. Terri est un psy, il est télékinésiste et surtout si adorable qu’Amber craque vite pour lui. Mike est une force de la nature et Kiera avec son sixième sens n’a pas l’impression d’avoir un pouvoir très utile. Ces quatre jeunes gens commencent alors leur formation entouré d’autres adolescents et se créent des groupes un peu comme au lycée. Le harcèlement de ceux qui se croient les plus puissants commence et sous la tutelle d’un chef incompétent, l’ambiance devient vite délétère. Malgré la surveillance par un adulte psy et la bonne volonté du second, un drame survient. Les pouvoirs sont dangereux et l’armée décide de cacher ce qui s’est passé.

Les jeunes adolescents décident alors de faire justice eux-mêmes dans une quête désespérée qui les emmènera à comprendre comment le gouvernement les gère vraiment. Moins trash que Misfits, moins épique que Chronicles, le Sang des Héros offre une réflexion sur le statut de super-héros et la réalité de ce que la société en ferait s’ils apparaissaient, un peu comme dans The Boys ( Sweetlord est une marque comme le Patriote par exemple) mais en version teen. Warren Ellis avait aussi posé des questions sur le statut de héros avec des pouvoirs et nous retrouvons ici un gouvernement qui fait un choix drastique pour être sûr de tenir ses supras. Une intrigue efficace porte le destin des adolescents qui doivent faire des choix sur l’utilisation de leur pouvoir. Les personnages sont tous écrits avec leurs qualités, leurs défauts. Certains glacent le sang comme l’un des adolescents du centre ou l’un des capuchards, agents surveillants les supras. Certains sont émouvants comme le personnage autiste ou le vieux fan qui aidera les héros.

L’écriture de Cyril Durr est fluide, accessible et je ne peux que recommander ces roman aux ados et aux adultes que le sujet intéressent. Le format de ce roman (moins de 300 pages) qui contient une histoire entière est idéal : pas de longueur, un rythme soutenu et le temps de s’attacher à ces personnages parfois naïfs, plein de vie et d’espoir.