Critique Les Chevaliers du Tintamarre [2020]

Après Le Chant des Cavalières, c’est au tour d’une autre pépite de l’imaginaire d’être passée au crible : Les Chevaliers du Tintamarre c’est de la fantasy urbaine fun et rythmée éditée chez Mnémos. Ce roman de Raphaël Bardas est bourré d’humour et nous plonge dans une ville tentaculaire marquée par des disparitions de jeunes femmes.

Bienvenue à Morguepierre, cité de la terre et de l’océan, ville arrachée des fonds marins il y a fort longtemps et déposée sur les pentes d’un volcan. Elle a jadis appartenue aux morganes, mystérieux peuple des mers. Depuis, les habitants de la cité sont persuadés que les morganes préparent leur revanche…

Maître Rossignol est un beau parleur au bagou ravageur, il est toujours accompagné d’un poissonnier boxeur surnommé la Morue et d’un charcutier mignon et coureur Silas Courtepeine. Leur quartier général : une taverne dite du Grand Tintamarre, dans les bas-fonds de la ville. Ils rêvent d’aventures et de hauts faits d’armes en buvant en vidant chope de bière sur chope de bière. Ces trois olibrius trainent leur guêtre dans ce quartier se bagarrant souvent avec des bandes adverses, séduisant les filles croisées le tout en se mettant souvent dans d’inconfortables situations. Ce matin-là d’ailleurs, Silas a une histoire à raconter. Alors qu’il comptait fleurette à une dame, il a entendu du bruit et été témoin de l’enlèvement d’une jeune fille. De cette scène, il a retenu des noms dont mademoiselle Alessa et les caractéristiques des malandrins, un géant et un nain. Il est bien décidé à enquêter mais ses deux compères sont bien moins chauds…

La capitaine Korn est blasée ce matin, c’est la troisième morgane qui s’échoue sur la plage de sable gris en contrebas de Morguepierre. Agacé, il envoie enquêté son vieil intendant Fréjac et un blanc bec arrogant Rodrigue. En parallèle, on lui signale la disparition de jeunes orphelines…

A Morguepierre, tout est possible et nos trois copains vont être adoubés et chargés eux-aussi de retrouver les jeunes filles enlevées. Avec humour et panache, Raphaël Bardas nous entraine dans une enquête étrange où nous croiserons un spadassinge mystérieux, un gargueulard et des sirènes loin des clichés éculés. Le roman se dévore, le rythme est soutenu et les personnages ont la verve assassine, surtout Rossignol. Les trois héros sont attachants, bourrés de défauts et de bons sentiments, et certainement pas les gars que l’on penserait pourvoir gérer le cas des disparitions qui effraient la ville entière des bas-fonds aux quartiers nobles des hauteurs. La cadre du roman est assez classique de la fantasy urbaine mais l’auteur a su donner vie à cette cité qui sent le poisson. L’intrigue est cohérente et les énigmes tombent petit à petit pour une compréhension totale de la situation par le lecteur. Ce premier roman est abouti et si l’humour potache ne vous rebute pas, vous allez vous amuser en compagnie de Rossignol, Silas et La Morue !