Critique La soupe aux choux [1981]

Avis critique rédigé par Bastien L. le vendredi 22 mai 2020 à 09h00

Rencontre d'un troisième type

Pour faire exploser le box-office, la production cinématographique française a toujours su que la comédie était le genre roi. Depuis des générations, des succès populaires ont jalonné l'histoire du cinéma français et certaines œuvres sont devenus des classiques de la (re)diffusion TV tels que La soupe aux choux.

Au moment où sort La soupe aux choux à la fin de l'année 1981, un des papes de la comédie à la française est alors au sommet de sa popularité : Louis De Funès. Tout cela grâce à une carrière démarée dans les années 1940 qui pris de plus en plus d'ampleur avec des succès tels que La Grande Vadrouille, les Fantomas, Hibernatus ou sa saga du Gendarme. C'est sur cette dernière qu'il construit avec le réalisateur Jean Girault sa collaboration la plus prolifique dont La soupe aux choux sera un peu le testament puisque les deux hommes disparaissent peu de temps après. A la base, La soupe aux choux est un roman de René Fallet paru en 1980 et énormément apprécié par Louis De Funès non pour son côté SF mais pour ce qu'il raconte avec cynisme sur la société française. De Funès embarque alors son producteur attitré (Georges Fechner) et Girault sur le projet en en signant l'adaptation. Tourné et sorti en 1981, le film est un succès public jamais démenti jusqu'à aujourd'hui au point d'être considéré comme une comédie culte alors que le long-métrage avait été pas mal égratigné par la presse à sa sortie...

La soupe aux choux raconte l'histoire de deux personnes âgées, derniers habitants d'un hameau reculé du Bourbonnais, qui vivent en marge de la société moderne. Il y a Claude Ratinnier, dit « Le Glaude » (Louis De Funès) et Francis Chérasse, dit « Le Bombé » (Jean Carmet) tous deux retraités passant paisiblement leur vie faîte d'amitié taquine, de canons et autres alcools largement partagés, de confection de soupes aux choux et de concours de pets à la belle étoile... Un concours qui un soir prend des proportions telles qu'un extra-terrestre humanoïde à l'étrange combinaison descend sur Terre et est invité par Le Glaude chez lui où il se voit rebaptisé « La Denrée » (Jacques Villeret). Cette rencontre du (littéralement) troisième type va redonner un peu de vie chez Le Glaude non sans menacer son amitié avec Le Bombé et lui causer quelques soucis tant La Denrée peut créer quelques maladresses alors qu'il rend souvent visite à son nouvel ami pour déguster sa délicieuse soupe aux choux...

Si on s'éloigne un peu du statut du film et qu'on s'intéresse seulement à son aspect SF/comédie, il faut quand même avouer que le postulat de base fait penser à une grosse série B où l'extra-terrestre semble rencontre les Bidochons... Je ne sais pas ce que vaut le livre mais le scénario du film repose beaucoup sur une suspension d'incrédulité qui doit fonctionner à plein régime pour le spectateur afin de rentrer complètement dans le film. Le scénario simpliste n'a quand même ni queue ni tête avec des enchaînements de situation improbables (un concours de pets provoque des éclairs qui invoquent un extra-terrestre) et des personnages principaux qui semblent subir l'intrigue sans trop de réaction... Vraiment, Louis De Funès accepte le fait d'avoir un extra-terrestre en jaune fluo en face de lui en à peine 30 secondes... Les péripéties volontairement (ou non) absurdes s'enchaînent à tel point qu'on a du mal à se passionner d'une histoire qui ne semble exister que pour les gags et on ne s'attache pas vraiment à ses personnages malgré la force comique de Louis De Funès comme les bruitages amusants de Jacques Villeret. Je dois aussi avouer que le film ne m'a pas vraiment fait rire...

Pourtant, il y avait de bonnes idées à commencer par une critique assez cynique, avec de bons dialogues, quand il s'agit de dépeindre la vie de ses deux campagnards aussi acariâtres que touchants et surtout très bons vivants. Une certaine idée d'une France rurale représentée par des retraités laissés pour compte mais qui rate un peu le coche en en faisant des protagonistes plus bêtes que méchants qui aiment les concours de pets... On ne sait pas trop si on est dans l'hommage ou la moquerie... Ce qui rend pour le coup caduque le juste procès de la modernité et de la croissance économique par le développement urbain que développe le film ainsi que l'opposition d'une vie tranquille pleine d'excès comparée à celle de la planète de La Denrée longue et ennuyeuse... Ces thèmes sont bien amorcés mais jamais assez bien abordés même s'il ne fallait pas en attendre trop d'une telle comédie plaçant le rire avant tout. On regrette néanmoins le trop classique conflit générationnel avec les péripéties liées à la femme du Glaude.

L'aspect science-fiction du film est donc peu développé si ce n'est que La Denrée est vraiment un extra-terrestre au langage proche de celui du dindon, doté d'un costume très curieux et d'une soucoupe volante lumineuse. Cela permet de mette en avant une direction artistique qui est aujourd'hui d'un très mauvais goût (souvent assumé notamment pour le costume de Villeret) et qui rappelle les sombres heures du disco. Un véritable spectacle kitsh s'étale devant nos yeux dès le générique de début bercée par la partition devenue culte de Raymond Lefèvre aux accents de synthétiseur Bontempi... Pour ce qui est de la réalisation de Jean Girault, elle s'avère vraiment très soignée et on sent l'expérience du monsieur pour offrir de beaux cadres où ses acteurs auront le loisir de s'exprimer. L'édition blu-ray du film rend juste à son travail sur les ambiances étranges et vaporeuses qu'il dresse pour souligner l'aspect science-fiction de son film. Du classique mais du solide. Pour ce qui est des acteurs, les fans de Louis De Funès (La Grande Vadrouille, Hibernatus....) en ont pour leur argent tant le comédien nous offre une performance résumant bien son talent comique. Grimaces, onomatopées, mimes et sautes d'humeurs accompagnés d'un débit aussi juste que volontairement défaillant lui permettent de livrer une prestation iconique qui sera malheureusement une de ses dernières. A ses côtés, Jean Carmet (La Victoire en Chantant, Le Grand Blond avec une chaussure Noire...) est vraiment touchant en campagnard dépressif porté sur la picole tandis que Jacques Villeret (Robert et Robert, Malevil...) est parfait dans ce rôle qui fera sa gloire : des braves timides un peu doux-dingues. Il réussit d'ailleurs à tenir son rang niveau génie comique face à De Funès. On est néanmoins plus circonspect face au jeu forcé de la plus jeune Christine Dejoux en Francine. Enfin, le reste du casting dispose de bons seconds rôles dont Claude Gensac (Le gendarme et les extra-terrestres...) en folle du village.

La conclusion de à propos du Film : La soupe aux choux [1981]

Auteur Bastien L.
50

La Soupe aux choux est un monument de la comédie française qui m'a laissé de marbre. Il dispose de qualités techniques, d'un casting au sommet de sa forme, d'une réalisation soignée et de quelques bonnes idées de thèmes à explorer. Néanmoins son scénario sans queue ni tête sacrifié à l'autel du gag font qu'on a l'impression de regarder une involontaire série Z au postulat improbable. Un film qui ne fait malheureusement pas tant rire que ça le spectateur adulte de 2020...

On a aimé

  • Un casting au sommet de sa forme
  • Une réalisation soignée
  • Un monument de la comédie à la française
     

On a moins bien aimé

  • Un scénario simpliste qui ne tient jamais debout
  • Une direction artistique datée
  • Un humour particulier...

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