Joe Dante, le Gremlins d'Hollywood > Nifff 2008 : Conférence publique de Joe Dante
Joe Dante face à son public
Lors du NIFFF le public a pu lui aussi rencontrer Joe Dante via une conférence, menée par Thierry Jobin (journaliste du « le temps »). Bien sûr,comme nous étions présents sur les lieux, en voici le contre-rendu textuel et vidéo.
(débat vidéo de 57 minutes)
Thierry Jobin : j’ai envie de commencer par une page de publicité ! Vous avez ouvert un site Internet qui s’appelle « Trailers from Hell », pouvez-vous nous en dire un peu plus et nous dire pourquoi ?
Joe Dante : J’ai voulu m’impliquer dans ce concept afin de faire connaître des films avec lesquels j’ai eu plaisir à grandir dans mon pays, un pays aujourd’hui supplanté par des émissions de télé-réalité et des publicités, c’est pourquoi je participe à ce site. L’idée était de prendre des bandes-annonces des films que j’aimais et de les mettre sur Internet pour que tout le monde puisse les voir. Mais j’ai pensé que ce n’était pas assez donc j’ai eu l’idée de faire rajouter des orateurs sur chacun des films et vous pouvez donc en cliquant soit entendre mes commentaires, soit ceux de quelques-uns de mes amis écrivains, réalisateurs ou spécialistes dans les effets spéciaux comme Rick Baker, John Landis, Edgar Wright, Eli Roth. Ce sont des petits commentaires pour parler des films que nous avons aimé – ou parfois pas aimé – et si les films vous intéressent vous pouvez les acheter. Le but, encore une fois, était avant tout de remettre ces films dans la conscience publique.
TJ : ce qu’il faut dire c’est que ce site n’est pas fait pour rapporter de l’argent, mais parce que vous vous inquiétez de l’état de la cinéphilie, surtout que pour votre génération le cinéma était la toile de fond de n’importe qui, pas seulement des cinéphiles qui vivaient pour le cinéma. Tout le monde vivait avec le cinéma, ce qui a disparu aujourd’hui, car comme vous l’avez dit c’est remplacé aujourd’hui par des Paris Hilton et des émissions de télé-réalité.
C’est totalement vrai, d’autant que pour l’instant nous n’avons pas encore vu le moindre sou (rire). Nous avons déjà mis pas loin de 175 bandes-annonces sur le site, mais personne n’a encore rien acheté.
TJ : Avez vous rencontré beaucoup de cinéastes qui vous ont inspiré pour faire du cinéma ? Des cinéastes comme Jack Arnold ?
Oui, je suis arrivé dans le milieu du cinéma au bon moment, où j’ai pu rencontrer beaucoup de personnes qui m’ont inspiré, des réalisateurs comme Jack Arnold ou encore Roger Corman… et ce qui est merveilleux, c’est qu’aucune de ces personnes ne m’ont laissé tomber, ils étaient aussi sympas, ouverts et « iconiques » que je le pensais.
TJ : À cette époque ces réalisateurs étaient-ils encore traités de bonne manière par l’industrie du cinéma ?
En fait, nous avons tous en tête les exemples d’ Orson Welles ou Billy Wilder qui ont été très vite enterrés et à qui l’on a empêché de faire des films, même s’ils avaient encore beaucoup à dire, mais d’autres personnes comme Jack Arnold était très bien traité , avec notamment les studios Universal qui sont allés jusqu'à monter un film pour lui tout en sachant qu’il ne pourrait jamais le faire, juste pour le garder et lui faire plaisir durant sa fin de sa carrière. Mais cela reste une exception.
TJ : Vous avez dit un jour que quand vous êtes arrivé pour la première fois en Californie et que vous êtes aller vous promener dans les terrains vagues des studios, c’était comme entrer à l’église, est-ce vrai ?
Je sais que c’est vrai (rire), je n’ai pas eu l’occasion de visiter les studios avant d’avoir fait quelques films, mais le premier studio que j’ai visité, c’était ceux de la Universal. J’étais si familier avec tous ses films que j’ai pu reconnaître tous les endroits, tous les décors dans lesquels avaient été tournés les films. Je savais quels films avaient été tournés, dans quels décors, avec par exemple les Westerns d’Audie Murphy, le village de Frankenstein ou les lieux de la Quatrième Dimension. Pour moi, c’était magique de me retrouver là, être au même endroit que ses grands acteurs et réalisateurs qui avait fait tous ces films différents. Je m’étonnais de pouvoir reconnaître aussi facilement tous ces décors, même ceux de la télévision… cela n’est pas donné à tout le monde.
TJ : En effet, il faut dire que vous avez une mémoire assez extraordinaire, qui vous permets de très vite associer un décor à un film, et surtout plus que tout autre lorsque vous tournez Gremlins là ou « Tarentula » a été tourné, ça vous fait quelque chose ?
Oui, je suis toujours content d’être dans des studios où d’autres films ont été tournés. Notamment ceux de la Columbia, dans lequel « le train sifflera trois fois » a été réalisé. J’aime beaucoup aller de plateau en plateau et poser ma tête là où la caméra avait jadis été placée. C’est toujours un plaisir pour moi, je ne comprends même pas pourquoi l’on n’a pas construit une animation dans laquelle les gens pourraient faire un tour de ces lieux.
TJ : Existe-t-il encore des structures aux États-Unis qui laissent leur chance à de jeunes réalisateurs après avoir passé leurs diplômes ?
Non ! Il n’existe plus de structures comme celle où j’ai commencé en 1964. J’ai eu cette chance, car à l’époque il existait des structures qui faisaient des films pour « Drive-in ». Hors, maintenant, on ne fait plus de film pour « Drive-in ». Quand je suis arrivé chez Corman, nous étions tous des amateurs, nous faisions des films hors syndicat et en cela nous n’étions pas affiliés aux grands studios. Nous pouvions donc faire a peu prêt tout ce que nous voulions. Pour exemple, si nous faisions un film avec une femme emprisonnée et qu’il se trouvait être mauvais ce n’était pas très grave. Par contre, si le film était suffisamment bon cela permettait de se faire remarquer et de monter dans la hiérarchie.
TJ : Tous vos fans savent que vous avez commencé en faisant des bandes-annonces pour Roger Corman. Est-il vrai que pour certains films il y avait si peu d’images à utiliser pour les bandes-annonces que vous essayez de trouver d’autres manières de faire ?
Oui, mais ce n’était pas vraiment les films de Roger Corman. C’étaient des films faits à partir de plusieurs transactions. Par exemple, des sociétés achetaient des films qui étaient plutôt très « ringards » ; très « mal foutus ». Donc, ils acquéraient ces films et, afin de cacher leur nullité, on récupérait d’autres images afin d’essayer de faire envie aux gens. Par exemple, nous utilisions régulièrement une image d’un hélicoptère qui explose, alors que ce n’était pas du tout dans les films. Personne ne s’en plaignait puisque ces films étaient projetés si peu de temps que les gens voyaient la bande-annonce, allaient voir le film, et à partir du moment que les gens réalisaient qu’ils avaient été trompés, ce n’était pas bien grave, puisque le film n’était plus à l’affiche.
Un intervenant : Est-ce que les petits films de science-fiction sont similaires sur ce point à ceux des années 70, je parle par exemple de ceux que l’on peut voir sur les chaînes de science-fiction ?
En terme de qualité, c’est les mêmes, mais ils n’ont pas la même durée dans le temps. Ceux d’avant avaient un côté mythique comme des icônes, alors que ceux de maintenant, je ne pense pas qu’ils vont durer longtemps avec cette qualité-là. Puis, dans ces chaînes de science-fiction, il y a tellement de pubs, que le film commence, il y a déjà une publicité. Du coup, le temps que le film se termine on aura oublié ce qui a pu s’y passer.
TJ : Est-ce que qu’il est vrai qu’au moment où vous alliez faire Hollywood Boulevard, vous pensiez que cela allait être votre dernier film ?
Je ne pensais pas que c’était mon dernier film, je pensais que je n’aurais plus la chance de faire un autre film. Hollywood Boulevard était un mixte de plusieurs idées que j’avais en tête et que j’ai mis dans ce film. Il y a peu de temps, il y a eu une projection du film à Los Angeles et le public a assez bien réagi. Du coup, je pense que le film a plutôt bien vieilli. TJ :
Votre chance, vous l’avez eu avec Piranhas, est-ce vrai que vous trouviez le scénario complètement idiot ?
Bien…(Rire), j’avais deux possibilités de projet ; d'un côté, il y avait « Rock 'n' Roll High School » et de l’autre « Piranha ». « Rock 'n' Roll High School » semblait un bien meilleur projet, mais mon ami Allan Arkush désirait vraiment réaliser ce film, alors j’ai dit « OK, je prends les poissons ! ». Je trouvais assez bizarre de faire un film comme celui-ci deux ans après les Dents de la mer, mais bon, le film surprit et me permit de travailler avec des personnes autres que Roger Corman.
TJ : Et après cela, on vous a, paraît-il, proposé un film de tortue géante ? En fait non, ce n’est pas vraiment ça. Tout d’abord on m’a proposé « Up from the Depths » , puis la suite de Piranhas, que j’ai refusé. Ensuite Roger Corman m’a proposé un film avec des créatures aquatiques qui sortait de l’océan (Humanoids from the Deep). J’ai dit alors « OK, ils sortent de l’eau pourquoi ? Là il me répond, « essaie de deviner ? », je lui dis « Je sèche » et là il me répond « Ils veulent des femmes !» et là j’ai dit « OK Roger, je plains celui qui va devoir faire ce film ». La collaboration s’est donc arrêtée là. Mais après, cela n’a pas empêché que l’on me propose « Orca 2 » et plus tard « les dents de la mer 3 » mais c’est entre ces deux que l’on m’a suggéré aussi ce truc de tortue géante. C’est vrai que j’ai eu une période plutôt aquatique. Je me souviens particulièrement encore le jour où Dino De Laurentiis m’a proposé « Orca 2 », en fait Dino De Laurentiis m’aimait bien parce que je n’avais pas travaillé pour lui (rire). Il me dit de derrière son très grand et énorme bureau, afin de me vendre, le film : « Eh Joe, c’est énorme, c’est un vrai tueur, il va tuer tout le monde » (en imitant la voix de De Laurentiis).
TJ : Ce qui est étonnant c’est que Spielberg a d’une certaine manière défendu « Piranhas » en disant que ce n’était pas une copie de « Jaws » mais une parodie. Considérez-vous « Piranhas » comme une parodie ?
Oui, ça l’est pour moi. En fait, il devait sortir la suite de « Jaws », du coup, les studios Universal était assez mécontent que « Piranhas » sorte juste avant « Jaws 2 ». Alors Steven Spielberg est allé les voir et leur a dit que le film n ‘était pas là pour couler les Dents de la mer, mais pour le parodier. Et c’est comme ça que le film a pu sortir, sans cela il n’aurait pas pu sortir en salle.
TJ : Aujourd’hui que diriez-vous de ce que la période Corman vous a appris ?
Ce qui étais bien avec Roger Corman, c’est que lui aussi était réalisateur, donc il savait ce que c’était de faire un film, à l’inverse de ceux des grands studios qui sortent de grandes écoles, mais ne connaissent rien sur la fabrication d’un film. Même s’ils le croient. Roger Corman, lui, connaissait ce problème, ayant lui-même travaillé avec les grands studios. Il connaissait tous les obstacles qu’un réalisateur peut rencontrer lors du tournage d’un film. Ce qu’il m’a appris c’est donc à les contourner, à prendre des raccourcis et trouver les petites astuces pour éviter les obstacles. C’est ce que j’ai appris durant ma période Corman, et lorsqu’on voit d’autres réalisateurs issus de l’écurie Corman, on voit qu’ils ont une intégrité devant la caméra, mais aussi derrière.
TJ : On en vient à Hurlement ou vous créez un casting de fidèle dont Robert Picardo. Cela vous rassure d’utiliser les mêmes acteurs ? Une des choses intéressantes lorsque l’on fait des films, c’est de pouvoir rencontrer beaucoup de personnes, des personnes parfois avec qui l’on s’entend bien et avec qui l’on prend beaucoup de plaisir. Alors on les reprend et on se fait son petit stock d’acteurs comme ça. C’est assez agréable, même si mon stock d’acteurs commence à être un peu âgé et à prendre sa retraite. Aujourd’hui, à Hollywood, il est assez dur de développer la carrière de quelques acteurs. Il y a qu’un petit nombre d’acteurs que l’on peut avoir, dans la mesure où les films deviennent tellement hors-norme, qu’ils sont achetés partout et qu’il y a plus vraiment cet esprit de liberté.
TJ : Dès vos premiers films, même quand il s’agit de films d’horreur, vous rajoutez la notion d’humour, est-ce que vous pensez avoir un peu influencé le cinéma américain d’aujourd’hui avec vos films ?
Je ne pense pas, j’ai toujours aimé mélanger l’humour et l’horreur. Hitchcock le faisait bien avant moi et je pense que c’est quelque chose de très efficace. Et j’ai aussi une culture de bande dessinée, et là encore on retrouve de l’humour. Je pense juste que c’est une bonne chose de mettre de l’humour dans un film d’horreur, si c’est juste une série de gorges coupées, ce n’est pas très intéressant.
TJ : On peut se demander, puisque vous avez partagé le même talent et la même intelligence que Steven Spielberg et Roger Corman, comment n’avez-vous pas su créer un empire, comme eux ?
Tous simplement, parce que je n’étais pas intéressé par ça ! Cela m’aurait ennuyé. J’aime juste faire des films, je ne veux pas devenir « un cadre », tous les problèmes que j’ai eu avec les films, c’est avec des « cadres ». Je ne veux pas devenir comme ça !
TJ : Est-ce que c’est vrai que durant la préparation de « Gremlins » vous rencontriez Steven Spielberg dans un parking, car on refusait de vous laisser rentrer dans le studio où il tournait E.T. ? Bien c’est en partie vraie ! (rire) En fait, j’avais déjà tourné un épisode de « la Quatrième dimension » pour Steven Spielberg. Un jour je devais le voir pour lui montrer le story-board de « Gremlins » et comme il était dans le bâtiment de E.T. et qu’à l’époque c’était « top secret », personne ne devait savoir quoi que ce soit. Alors, il ne pouvait me rencontrer qu’à l’extérieur du bâtiment. Mais bon, je ne me sentais pas forcément visé et j’étais prêt à patienter pour faire le film.
TJ : Il semblerait qu’il existe une copie d’Explorer telle que vous l’auriez vraiment voulu, est-ce vrai ?
Non ! Mais en fait, c’est l’erreur « classique » qui peut arriver à un réalisateur. Je venais de faire un gros « hit » alors on m’a très vite proposé de faire un film qui devait être « Top secret ». Du coup je devais lire le script devant une personne qui me surveillait et on me le reprenait tout de suite après. Mais j’ai tout de même accepté de le faire. Après, le problème, c’est que les gens qui voulaient faire le film ont quitté la production et je me suis retrouvé avec un film à moitié fini et c’est avec ça que j’ai dû le monter. Mais c’est l’exemple classique de comment faire un gros « flop » juste après un gros « hit ».
TJ : Est-il vrai que « l’Aventure intérieure » est l’une de vos meilleures expériences de tournage ? Et pour quelle raison ?
En effet, ce tournage se fit avec beaucoup d’amusement et beaucoup de bonheur. Les acteurs étaient vraiment sympathiques et drôles, l’histoire était drôle, j’avais vraiment l’impression de faire un film à la Dean Martin ou à la Jerry Lewis, et on m’a laissé tranquille. J’ai pu faire ce que je voulais, on m’a juste appelé une fois pour me dire qu’ils ne trouvaient pas ça drôle du tout, mais en fait il n’y avait rien que le studio pouvait faire. Donc, les producteurs m’ont laissé tranquille mais ils voulaient que je sache qu’ils ne trouvaient pas ça drôle. Puis finalement les gens ont semble-t-il plutôt aimé. Si je devais revivre un seul tournage, ce serait celui-là.
TJ : Puis vous avez enchaîné avec « Gremlins 2 », et ensuite sur « Panique sur Florida Beach », qui fut plus dur à monter comme projet. Est-ce que la vie de réalisateur est faite de contraste comme ça ?
Oui la vie d’un réalisateur est faite périodes plus heureuses que d’autres, par exemple John Frankenheimer, qui a fait de très bons films dans les années 60, arrivée dans les années 70, ce fut un peu plus difficile et après ce n’est que vers la fin de sa carrière qu’il eut une sorte de renaissance. En fait, c’est un travail assez aléatoire, à chaque fois que l’on ne fait pas de films, on est au chômage. Puis, des fois, on essaie de monter un film, de trouver le financement… et à deux semaines du tournage les studios changent d’avis et au final on ne le fait pas. Donc si l’on regarde la carrière de chaque réalisateur, et si l’on devait faire une liste de tous les films qu’ils ont fait ou qu’ils auraient dû faire, on se rendrait compte que la liste est deux fois plus longue.
TJ : Est-ce qu’avec « the second civil war » ou « Homecoming » la télévision ne vous a t-elle pas rendu plus heureux que le cinéma ?
C’est vrai qu’à partir d’un moment, la moyenne d’âge pour laquelle étaient destinés les films de cinéma a baissé. Les scripts perdaient donc pas mal de substance et allaient vers la télévision. Durant une période, on m’a proposé de faire des films que je n’avais pas envie de voir, et je me demandais pourquoi je me lèverai le matin pour aller sur un plateau et penser à ce que d’autres aimeraient voir et que moi je n’aimerais pas voir. C’est pour ça que je me suis rapproché de la télévision. C’est pour ça entre autres que j’ai fait « Homecoming », que je n’aurais jamais pu faire pour le cinéma ou une chaîne de télévision avec des sponsors. Hormis le fait que les écrans sont plus grands, techniquement aujourd’hui cela est devenu la même chose. Ce qui importe aujourd’hui, ce n’est pas le lieux où vous faites le film, mais plutôt la substance du film et qui sont les personnes qui y participent.
TJ : Est-ce que « Homecoming » a eu un effet aux États-Unis ? Avez-vous reçu des lettres d’insultes ? Y-a-t-il eu un débat autour du film ?
J’ai lu qu’un internaute avait brûlé tous les films qu’il avait de moi suite à « Homecoming ». Certainement un supporter de Bush très mal informé. En fait, l’opinion publique à plutôt changé aujourd’hui. À l’époque, personne ne s’est questionné, alors qu’aujourd’hui les gens sont plutôt en colère… bien que pas assez puisqu’il a était réélu. Mais à cette époque, c’était un peu mon cri du désespoir. Puis le fait que cela s’est fait sur une chaîne câblée, sans sponsor, m’a permit de faire un film comme celui-ci.
TJ : Vos derniers films traite plutôt de la guerre, Second Civil War, Small Solidier, Homecoming , êtes-vous en guerre ?
(Vers son traducteur) Pas besoin de traduire, je crois comprendre, je n’aime pas vraiment les films de guerre où il y a des militaires, je me rappelle encore le soldat que jouait Jack Palance dans «Attaque » que j’avais trouvé traumatisant, mais j’ai été amené à les faire à cause du climat politique.
Un intervenant : Avez vous des projets de films, j’ai entendu parler de « Bat Out of Hell » ? J’ai deux projets de films en cours, l’un d’eux est en effet « Bat Out of Hell », qui va parler certainement de chauve-souris vampire dans un avion, mais c’est surtout deux projets que je suis en train de suivre, l’autre projet d’appelle « The Hole », mais je ne veux pas en dire plus car j’ai toujours peur que cela me porte malchance. Car la plupart du temps quand je parle de mes films, tout s’écroule à la fin et je ne le fait jamais.
Un intervenant : Comment avez-vous eu l’idée de mettre des noms de réalisateurs dans « Homecoming » sur les pierres tombales ?
J’aime bien faire des références cinématographiques dans mes films et dans « Homecoming » la seule possibilité de glisser des références était de mettre des noms sur ces pierres tombales. Et, en fait, je les ai mis car ils sont tous des réalisateurs de films de Zombies. Comme eux aussi faisaient des satires derrière leurs films, c’était un moyen de leur faire référence.
Un intervenant : La musique est un personnage important dans vos films, comment avez-vous ressenti la mort de Jerry Goldsmith avec qui vous avez beaucoup travaillé ?
Bien en effet, certains de mes amis m’ont dit que je ne faisais plus de films parce que Jerry Goldsmith n’était plus là. Ce qui pourrait être presque vrai, car il est vraiment très difficile de remplacer une personne telle que lui. Il avait tant de valeur, il était devenu une partie vitale de mes films. D’ailleurs je me rappelle que sur la fin j’avais un peu de mal à le faire engager par les studios, ceux-ci voulant le remplacer par des musiques plus « Rock’en Roll ».
Un intervenant : Vous avez collaboré avec les plus grands faiseurs de créatures d’Hollywood, des noms comme Chris Wallas et Rob Bottin, et d’autres qui étaient les maîtres du domaine dans les années 80. Que pensez-vous aujourd’hui de l’émergence des effets spéciaux digitaux ? Pensez-vous qu’il y a encore de l’avenir pour les créateurs comme eux ?
Sur Small Soldier, j’avais demandé Stan Winston de faire beaucoup de figurines en animatronics. Il était un très grand collaborateur, et c’est ce qu’il a fait, il y en avait partout sur les murs, mais on en est venu tout de même à l’image de synthèse, car certaine scènes du scénario étaient vraiment complexes, et on a dû mettre donc des images digitales. Et c’est vrai qu’avec la mort de Stan Winston, c’est la fin d’une période. C’est Steven Spielberg qui l’a dit lors de son enterrement et cela est assez vrai. Et c’est vrai qu’aujourd’hui les images digitales ont remplacé les poupées animées. C’est difficile pour le réalisateur, car il n’a pas quelque chose avec quoi travailler, mais c’est un signe des temps. D’ailleurs Chris Wallas et Rob Bottin vont essayer de survivre à cela en réalisant des films eux-mêmes.
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Joe Dante, le Gremlins d'Hollywood : Sommaire
- Edito
- Interview scifi-universe de Joe Dante
- Nifff 2008 : Conférence publique de Joe Dante
- il était une fois ... Joe Dante
- Les années 70
- Les années 80 : De Hurlement à Gremlins
- Les années 80 : D'Explorers aux banlieusards
- Les années 90 : De Gremlins 2 à Small Soldiers
- Les années 2000
- La famille de Joe Dante
- Informations supplémentaires