Joe Dante, le Gremlins d'Hollywood > Les années 90 : De Gremlins 2 à Small Soldiers

Gremlins 2


La petite histoire : Billy et Kate habitent désormais New York. Un jour, Billy apprend que Gizmo se trouve dans le même bâtiment et qu’il risque d’être sujet à une expérience de laboratoire. Billy décide donc d’aller au secours de Gizmo qui, une fois encore, va se trouver malencontreusement mouillé. La Warner, suite au succès du premier « Gremlins », se trouvait désespérément en quête d’une nouvelle histoire pour les faire revenir. Si, au départ, le studio n’envisageait pas forcément le retour de Joe Dante, elle finit par lui proposer un accord qu’il ne pouvait se permettre de refuser : s’il acceptait de faire la suite de Gremlins, il aurait le « final cut » et une totale liberté de création. Bref, une proposition en or pour le réalisateur, qui a toujours cherché à s’exprimer librement à travers ses films. Joe Dante avoue d’ailleurs (voir interview SFU) que c’est la première fois qu’il eut le droit à autant d’argent et pour en faire ce qu’il voulait. Tout ce qu’il avait à faire était de fournir à la Warner deux boîtes de pellicule avec marquée dessus Gremlins 2. Hors, ce que Joe Dante voulait avant tout c’était de ne pas faire un copié / collé de Gremlins. C’est pourquoi l’idée du laboratoire a germé et permis à Rick Baker de s’éclater en créant de multiples monstres.
 




Les petits détails du film : Gremlins 2 est certainement le film de Joe Dante où il faudrait analyser la moindre image, tellement ce dernier fourmille de petits détails. Les évoquer tous reviendrait à faire un dossier rien que pour ce film. Joe Dante lui-même avoue voir son film plus comme une satire sociale des années 90 que comme une véritable suite. D'ailleurs, le réalisateur n’hésita pas à dire que Gremlins 2 demeure son meilleur film. Parmi les détails qui sautent aux yeux, on pourra évoquer la fameuse apparition du logo Warner mettant en actions deux de ses icônes : Daffy Duck et Bugs Bunny. Cette idée ne vient pas des studios, mais bien de Dante lui-même grand fan d’animation, qui pour l’occasion demande a son ami Chuck Jones (qui faisait une apparition sur Gremlins 1) de créer une introduction animée ainsi que des apparitions de Daffy Duck sur le générique de fin.
 



Daffy Duck et Bugs Bunny participent au retour des gremlins / Leonard Maltin a la mauvaise idée de critiquer les Gremlins


Gremlins 2 permet aussi à Joe Dante de retrouver quelques-uns de ses acteurs fétiches (Robert Picardo ou Dick Miller pour ne citer qu’eux), mais aussi de collaborer avec l’une des plus grandes icônes des années 60 qu’admire Joe Dante : Christopher Lee. Côté référence, nous apprendrons que regarder « Rambo2 » peut nuire à la santé du plus gentil des Mogwaï, que le Gremlins Chauve-souris peut malencontreusement laisser des logos « Batman » derrière lui (Joe Dante avait d’ailleurs reçu une proposition de la Warner pour réaliser le film), que le fantôme de l’opéra n’est jamais trop loin, ou bien encore que les Gremlins savent chanter « New York, New York ». Certaines références vont vraiment dans les petits détails, tel Christopher Lee tenant une des plantes de « L’invasion des profanateurs de sépultures ».
 



à gauche Don et Dan Stanton montre Gizmo à Christopher Lee / à droite Belinda Balaski vient se plaindre du film auprès de Paul Bartel

Panique sur Florida Beach (Matinee)


La petite histoire : Dante et Finnell travaillent sur 2 projets. L’un se nomme « Termite Terrace », inspirée des mémoires de Chuck Jones et l’autre « Matinee », dans les 2 cas Warner Bros se désintéresse des projets. Comme il faut trouver des financements extérieurs, Dante s’investit en parallèle à une série extravagante : « Eeri, Indiana ». Il réalisera le pilote ainsi que 4 autres épisodes. La série sera cependant déprogrammée durant la saison 91-92. Le contrat qui rattachait l’accord Renfield/Warner Bros arrivant à expiration, les financements indépendants n’arrivant toujours pas pour « Matinee », Dante et Finnell se tournent vers l’Universal qui finit par accepter d’avancer l’argent pour la produire le film. L’action de Matinee se déroule en septembre 1962, durant la crise de Cuba. Gene Loomis est un adolescent fan de cinéma bis et en particulier de Lawrence Woolsez (savant mélange entre Hitchcock et Corman). En pleine crise le réalisateur décide de proposer son dernier film « Mants » aux habitants de Key West.
 



 

Les petits détails du film : « Matinee » a tout du film intelligent et il est certainement le plus personnel de son réalisateur, il est indéniable que les traits de caractère du jeune Gene Loomis correspondent en beaucoup à son réalisateur. D’ailleurs d’après Dante lui-même, la chambre du jeune Gene Loomis possède beaucoup de sa collection personnelle. Véritable film politique décrivant la paranoïa américaine des années 60, mais aussi incroyable déclaration d’amour au cinéma de quartier et aux films de genre, Joe Dante n’hésitera pas à tourner « Mants » tel qu’un réalisateur comme Lawrence Woolsez aurait pu le faire à cette époque. C’est donc 20 minutes de« Mants » qui existe réellement, formant une histoire logique, et qui fut tourné en 5 jours. C’est d’ailleurs dans « Mants » que l’acteur Kevin McCarthy y fera sa petite apparition clin d’oeil.
 



à gauche John Goodman et Dick Miller débattent de la violence/ à droite John Goodman fait face à un Robert Picardo très inquiet.

Dans la continuité des fidèles, on retrouvera Robert Picardo dans le rôle d’Howard le directeur du cinéma, Dick Miller dans le rôle d’un acteur de l’équipe de Lawrence Woolsez et bien sûr Belinda Balaski dans le rôle de la mère de Stan. La musique quant à elle est toujours de Jerry Goldsmith même si par moment on y retrouve des partitions issues des « monsters de l’Universal » à l’instar de celle de la créature du marais.
 



Mants : le film dans le film.

Small Soldiers


La petite histoire : Entre 1993 et 1998, on pourrait croire que Dante était absent du monde de la réalisation. Pourtant, ce ne fut pas le cas, même s’il fallait reconnaître que cette période ne fut pas des plus faciles pour le réalisateur. L’année 1993 voit en premier lieu « Matinee » être un échec commercial, mais aussi l’annulation de « Termite Terrace ». Histoire d’occuper son temps, il acceptera de tourner pour le câble « Runaway Daughter (Sur les routes) » remake de 1956 dans lequel il demandera cependant à Charlie Haas de réinventer l’histoire. Tournée en 12 jours, ce téléfilm permet à Joe Dante de retrouver l’actrice Dee Wallace Stone et son mari Christopher Stone (époque Hurlement) de même que Dick Miller, Belinda Balaski, Roger Coman et Robert Picardo. Ce téléfilm diffusé en août 1994 sur Showtime reçut un bel accueil. Toujours en 1993, Joe Dante travaille sur le remake de la momie pour l’Universal, Rick Baker prépare même les maquillages et les effets spéciaux en vue d’un tournage pour début 1994. Le budget étant estimé à plus de 25 millions de dollars, Universal capitule estimant celui-ci trop couteux pour un simple film de momie (décision qui peut faire sourire aujourd’hui vu que quelques années après le projet revit le jour sous la direction de Stephen Sommers). Une fois encore Dante se retourne vers la télévision ou il réalise le premier épisode de « Picture Windows » intitulé « Lightning », épisode qui lui permet de tourner avec des acteurs comme Ron Perlman ou encore John Hurt.
 



Runaway Daughters et The Osiris Chronicles


Le nom de Joe Dante est ensuite rattaché à des projets comme « The Phantom » ou encore « Cat and Mouse », mais une fois encore ces derniers n’aboutissent pas. Arrive ensuite la proposition de tourner le pilote d’une série ambitieuse de science-fiction pour le compte de la CBS et Paramount : « The Osiris Chronicles ». Tournée en 1996, la série renommée pour l’occasion « Warlord: Battle for the Galaxy » ne fut diffusée qu’en 1998. Il faut dire que la CBS n’aimait pas le pilote et ne désirait pas prolonger l’aventure. Dans la même période, le réalisateur signe le téléfilm « The Second Civil War (1997) » pour la chaîne de télévision HBO. Véritable « fiction- politique », Joe Dante se lâche en y voyant enfin l'occasion d'avoir un projet « adulte » permettant un peu plus de « substance ». Même si le temps de préparation (télévision oblige) lui semble assez court, il garde un très bon souvenir de cette expérience et estime que ce téléfilm possède la meilleure distribution d'acteurs de tous les projets sur lesquels il ait eu à travailler. Il faut dire qu'il retrouve tout ses fidèles plus quelques autres « gueules » du cinéma non négligeables.
 



à gauche Roger Corman et Ron Perlman / à droite, James Coburn, Phil Hartman, Kevin McCarthy et William Schallert.


Toujours dans l'année 1997, Joe Dante se voit enfin proposer « Small Soldiers ». Même si à la base Joe Dante y voit avant tout une publicité pour jouet, n’ayant pas tourné pour le cinéma depuis 5 ans, il décide de faire abstraction de ce préjugé et accepte la proposition de Dreamworks. Joe Dante ne garde pas un très bon souvenir de Small Soldier. Déjà parce qu'il doit durement lutter face à une censure toujours plus regardante et ensuite, en raison d'un accord avec « Burger King » qui oblige le film à être « grand public ». Un deal qui faisait de « Burger King » presque le décisionnaire sur tout le devenir du film. Hélas, lors de la première présentation à la Motion Picture Association of America, celui est menacé d'un « R », ce qui ne plaît pas du tout aux producteurs. Joe Dante doit couper pas mal de mots « choquants » et de gestes déplacés qui donneraient une mauvaise image aux jouets et pouvant choquer potentiellement le jeune public. Finalement, le film sera classé PG-13. La critique américaine ne fut (injustement) pas tendre avec le film, estimant celui-ci souvent trop violent pour un jeune public tout en le comparant à un sous Gremlins.




Les petits détails du film : Joe Dante fut si satisfait du casting de « The Second Civil War » qu'il refait appel à plusieurs des acteurs dont : Denis Leary, Kevin Dunn et Phil Hartman. Ils reviennent accompagnés des figures habituelles telles que Dick Miller, Robert Picardo et Belinda Balaski. Derrière la caméra le réalisateur retrouve à nouveau quelques fidèles, comme Jerry Goldsmith. Un compositeur qu'il eut du mal à imposer, la production voulant « quelque chose de plus moderne et vendeur ». D'ailleurs, on peut voir un passage où l’on entend le tube « Wannabee » des Spice Girls. La chanson y est traitée comme une « arme psychologique» ; une blague de Joe Dante mais surtout une « pique » face à la situation « Marketing » dans laquelle il se trouve.



à gauche Kirsten Dunst et à droite Dick Miller


Côté références cinématographiques, là encore l'encyclopédique Joe Dante ne peut s'empêcher de faire une multitude de clins d’oeil. Certaines séquences font référence à des films pas trop vieux comme « platoon », « Terminator » ou « apocalypse now » et d'autres à quelques classiques tels que la « Fiancée de Frankenstein ».