Nifff 2011 : septième jour à Neuchatel
des héros, des morts et une revanche.
Ce vendredi a commencé sous le signe du sang et de la sensualité avec le film japonais Guilty of Romance. Dans ce film ultra esthétique de Shion Sono (Suicide Club), la police japonaise découvre du côté du quartier des "love hotels" un mannequin de vitrine assemblé avec des morceaux du corps d'une femme. Quelques mois avant cette sordide affaire Izumi, une femme mariée et quasiment esclave de son mari, va décider de suivre son désir d'indépendance et de travailler. En marge de cette quête, elle va découvrir les plaisirs sexuels en acceptant de poser pour des photos de magazines puis en étant filmé. Guilty of Romance dans sa première partie attire autant par le mystère qui tourne autour du film que son resplendissant travail sur les images et la beauté de ses actrices qui se dévoilent régulièrement - et sous toutes les coutures! - pour le bonheur de nos yeux quelque peu voyeurs. Pourtant, l'histoire, après un début prometteur (qui installe merveilleusement ses personnages), peine à avancer et, du coup, entraine une sensation de rythmique bordélique. En fait, jusqu'au deux derniers actes, on assiste à des changements qui pourraient être soudains mais qui sont pourtant tirés en longueur par des éléments qui apparaissent déjà, à ce niveau, bien secondaires. Enfin, le final tire vers la caricature alors que Shion Sono avait entamé de manière sérieuse cette descente aux enfers.
La journée d'hier fut aussi l'occasion de découvrir le ciné-concert organisé par le NIFFF dans lequel l'Orchestre du Conservatoire de Neuchâtel, malgré quelques légères maladresses dues aux conditions pas toujours adéquates, nous a très joliment interprété quelques musiques de film (Edward aux mains d'argent, PDC3, Jusqu'au bout du Monde, La soupe aux choux...) et aussi joué la partition originale de Voyage dans la lune et L'amant de la lune de Steve Muriset tout en diffusant les films sur écran. Une expérience et un souvenir qui resteront forcément gravés dans nos mémoires et l'on souhaite donc voir cette expérience perdurer durant les années à venir au sein du festival. À noter que, de plus, l'entrée était entièrement accessible puisque gratuite pour tous les spectateurs.
C'était aussi une journée pour laquelle j'étais assez impatient de découvrir le nouveau film d'Agnès Merlet qui avait su par le passé me convaincre grâce à son Dorothy. Et autant dire que, là encore, Hideaways commençait plutôt bien. Depuis plusieurs générations, tous les Furlong ont un don surnaturel, mais celui du jeune James ressemble à une malédiction (un peu comme un mutant de Stan Lee). Ce dernier possède en effet un pouvoir de destruction dès qu'il vient à ressentir un mal-être. Pour faire face au mal qu'il distille, le jeune James va décider de s'exiler dans les bois. Dans une ambiance qui pourrait être le croisement improbable de l'univers des X-Men que celui de Jean-Pierre Jeunet ou Tim Burton, remarquablement filmé et se montrant par moment autant poétique que très dur, le film d'Agnès Merlet partait gagnant. Mais Hideaways finit hélas pas s'enfoncer dans la mièvrerie d'une romance adolescente et dans un déroulement autant prévisible que ridicule (on vire dans le pire des Twilight). Certes, toujours esthétiquement très soignée, on aurait presque envie de défendre le film d'Agnès Merlet, mais il paraît impossible de ne pas soustraire ce scénario à la dramaturgie qui recule plus qu'elle n'avance et au côté midinette vraiment trop prononcé. Hideaways est donc une forte déception qui cependant n'entachera pas trop la maîtrise de sa réalisatrice, le mal n'étant jamais dans la direction d'acteur ou du côté technique.
La soirée se termina avec le film canadien « Good Neighbors », totalement hors de nos lignes éditoriales et qui n’en demeure pas moins un thriller d'une grande efficacité. D'un côté, nous avons Louise qui ne vit que pour ses chats, de l'autre, il y a Spencer un beau gars plutôt cynique et paralysé des jambes, puis Victor, un jeune prof intrusif qui vient tout juste d'emménager. Ils sont tous voisins et semblent tous fascinés par l'histoire d'un tueur en série qui sévit à Montréal. Sans oublier que les 2 mâles de l'immeuble aimeraient certainement bien se rapprocher autrement qu'amicalement de la jolie Louise. Le réalisateur Jacob Tierny n'hésite pas ici à mêler harmonieusement le thriller noir, l'humour et une étude sociale tournant autour des aléas et avantages du voisinage. Très bien joué, plutôt bien filmé, le film fait passer un très bon moment, cela même si on pourrait déceler quelques incohérences scénaristiques. Good Neighbors est donc un film à découvrir en espérant voir celui-ci arrivé d'ici peu dans nos salles européennes.
Publié le samedi 9 juillet 2011 à 12h00
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