Essen 2018 - le bilan
Et il y a du lourd, du très très lourd...
La 36e édition du Salon International du Jeu, le Spiel’18 pour les intimes, s’est déroulée du 25 au 28 octobre dernier à Essen, en Allemagne.
Cette année encore, la manifestation fut un gros succès avec une participation en légère hausse tant côté exposant (1150 professionnels contre 1100 l’année dernière) que côté visiteurs (190 000 contre 182 000). Que voulez-vous : le festival d’Essen est – et reste – the place to be pour l’ensemble des acteurs du monde du jeu de société. C’est l’endroit où les éditeurs, les distributeurs, les auteurs et les fabricants se rencontrent. C’est l’endroit où on vient présenter sa dernière pépite ludique, et surtout c’est l’endroit où on vient chercher des partenaires pour la diffuser sur le marché européen voire mondial.
Nos envoyés spéciaux ont bravé le rude climat de la plaine rhénane, sans parler de l’indigestion à coup de mauvaise bière et de currywurst… Tout cela pour vous rapporter de l’info toute fraiche.
Voici donc une petite sélection de nouveautés qui ont retenu leur attention, et qui vont (peut-être) occuper l’actualité ludique pour les six mois à venir ! Cette sélection est forcément partielle et partiale : si vous estimez qu’un titre y a été injustement oublié, n’hésitez pas à nous contacter afin que nous mettions l’article à jour…
Ankama
L’éditeur, très actif dans le domaine du jeu de société, proposait cette année plusieurs nouveautés.
Commençons par Trool Park, une boîte qui propose de prendre en main le parc d’attraction éponyme situé dans l’univers de Dofus. On est sur du produit familial pur sucre : le matériel est mignon comme tout (les roues permettant de choisir sa tuile sont des mini Boufbowl, par exemple) et très coloré. Les mécaniques sont épurées et facilement assimilables mais pas dénuées de profondeur pour autant.
Dans les grandes lignes, Trool Park est un jeu de pose de tuile et d’optimisation. Chaque tuile représente une attraction et permet de progresser sur une des 3 pistes du jeu (fun, frousse et gourmandise), sachant qu’il y a des interactions dans tous les sens entre les tuiles. La petite subtilité vient du mode de résolution des égalités : à chaque fois que deux joueurs se disputent une tuile, celui qui la remportera passera en dernier sur les égalités suivantes. Pas de quoi crier au jeu de l’année, mais ceux qui ont pu s’y frotter ont bien apprécié.
Tales of Glory, ensuite, est un jeu de carte qui vous propose d’incarner un héros en devenir. Chaque tour représente une année de sa vie, durant laquelle il accomplira des quêtes permettant de s’entraîner au combat, de vaincre des monstres, de faire main basse sur des trésors oubliés mais surtout… D’accumuler de la gloire ! Chaque quête complétée est posée devant le joueur, formant peu à peu le chemin de la vie du héros. Il s’agit d’un jeu d’opportunisme et d’interaction forte, avec une bonne dose de planification histoire de complexifier le tout. Là encore, les premiers retours sont plutôt positifs.
Pour finir, l’éditeur proposait également en avant-première Krossmaster Blast et Monster Slaughter, deux boîtes qui s’appuient sur les plateformes de financement participatif.
Blackrock Games
L’éditeur a sorti le grand jeu cette année, avec énormément de nouveautés proposées aux visiteurs.
Cerbères, tout d’abord, est la dernière réalisation de la boîte à jeu. Il s’agit d’un jeu coopératif mais pas trop, dans lequel les joueurs vont devoir réaliser une course contre la montre (ou plutôt contre le Cerbère) entre la porte des enfers et un misérable petit bateau qui les attends sur le Styx. Le problème, c’est que 7 joueurs peuvent prendre place sur la ligne de départ alors qu’il n’y aura que 1 à 3 places sur le canot de sauvetage. Il y aura donc des déçus, mais la coopération entre les joueurs sera tout de même nécessaire (au moins pendant les premiers tours) car chaque victime du monstre changera de camp et aidera le méchant à gagner. En pratique, il faudra vérifier l’équilibrage qui est toujours délicat sur ce type de gameplay. Le challenge sera-t-il un peu près équivalent dans toutes les configurations, c’est-à-dire pas trop mou lorsque le Cerbère est tout seul et pas trop difficile lorsque deux ou trois joueurs auront été transformés en croquette pour chien ?
Parlons ensuite de Huns. Dans l’absolu, le jeu n’est pas une nouveauté puisqu’il a été présenté officiellement au FIJ de février 2018. Cependant, le salon d’Essen 2018 marque le commencement de sa carrière internationale. Les premiers retours de la clientèle locale semblent assez tièdes, en dépit des énormes qualités du titre (il faut l’essayer, vraiment). La faute sans doute à un côté gestion un peu trop léger pour le public germanique, habitué à trouver un demi-sapin débité en cubes coloré dans chaque boîte.
Le studio GameFlow présentait officiellement l’excellentissime En quête du Dragon, une sorte de Livre Dont Vous Etes Le Héros pour les 4 ans et plus. C’est un titre que nous avons beaucoup apprécié, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil à la critique publiée il y a quelques semaines.
Mais le petit studio avait une autre réalisation dans sa besace : il s’agit d’Affinity, un party-game original sur le thème des émotions. Le principe est simplissime : vous devez faire deviner une émotion (fun, beauté, tristesse ou glauquitude) aux autres joueurs en vous basant sur des morceaux de phrases piochés aléatoirement. Le concept fonctionne extrêmement bien, surtout avec des gens que l’on ne connait pas. Il suffit d’une ou deux parties pour en apprendre beaucoup sur ses partenaires de jeu, et il y a souvent des surprises (« non mais sérieusement, il trouve ça beau ?? »). Un incontournable des party-game de la rentrée, tout simplement, qui connaît un très beau démarrage en boutique.
Le studio Blam ! proposait quant à lui Nemeton, une boîte basée sur la mythologie celte. Il s’agit d’un jeu de placement de tuile et d’optimisation, dans lequel vous devrez vous efforcer de faire apparaître les ressources dont vous avez besoin à proximité de votre druide, tout en bloquant vos adversaires. Si vous voulez avoir l’idée, disons qu’il s’agit d’une sorte de Takenoko mâtiné de Photosynthesis. Le thème plutôt original est un point fort du titre, d’autant que les auteurs ont réussi à l’intégrer parfaitement au cœur des mécaniques.
Le jeu cible une clientèle plutôt familiale / familiale+. Pour ceux qui ont eu l’occasion de croiser un proto au dernier FIJ, sachez que le jeu a subi un bon coup de polish depuis lors, histoire de le fluidifier et d’accélérer les parties. L’arbre de compétence, par exemple, a disparu corps et bien. Les premiers retours sont là encore plutôt positifs, à confirmer sur une bonne dizaine de parties.
Le studio proposait en complément plusieurs petites extensions pour Time Arena, la grosse sortie d’Essen 2017 qui n’a pas rencontré la réussite escomptée. Ces extensions ajoutent de nouveaux personnages, et donc de nouvelles possibilités stratégiques aux parties. A voir si cela suffit à nous réconcilier avec le titre.
Dernière nouveauté et non des moindres : Fertility, la dernière réalisation de Catch’up games. Il s’agit d’un jeu de domino, très proche dans la mécanique de Sapiens. A chaque tour, on pose une tuile sur le plateau, celle-ci permettant de gagner une ressource pour chaque paire de motif réalisée. Ces ressources sont immédiatement investies dans des échoppes, et converties en point de victoire. Fertility est cependant nettement moins agressif que son prédécesseur : il n’y a plus d’ours pour venir bloquer sauvagement le développement de vos adversaires, ni de moyen de leur piquer une tuile. Ceux qui veulent conserver leurs amis apprécieront, les amateurs de jeux de péripapétipute un peu moins…
Days of Wonder
L’éditeur vient chaque année à Essen avec un titre en béton armé, soigné sur le fond comme sur la forme, et cette année ne fait pas exception.
The River, puisque c’est de lui dont on parle, nous propose de nous engager sur les rives d’un fleuve fertile et de bâtir notre propre colonie. Les joueurs devront étendre leurs frontières, aménager leur territoire, exploiter les ressources, construire les bâtiments de leur colonie. Vous l’avez compris, on a affaire à un jeu de placement de tuile et de pose d’ouvriers franchement classique mais très bien troussé. La petite originalité, c’est que l’on perd des colons (et donc des actions) au fur et à mesure du développement de sa colonie, le début de partie est donc fondamental. Un futur incontournable du jeu familial, facile à sortir, joli et plutôt rapide puisque les parties tournent autour de la demi-heure. Et puis comment un jeu qui a des Meeples en forme de dindon pourrait-il être mauvais ?
FryxGames
L’éditeur présentait la dernière extension pour Terraforming Mars. Celle-ci, comme son nom l’indique, introduit un système de colonies dans le jeu. Elle était uniquement disponible en anglais à Essen, mais il devrait être possible de la trouver assez facilement dans la langue de Black’M à l’heure où vous lirez ces lignes, le distributeur Intrafin s’occupant de sa commercialisation dans notre beau pays.
Game Brewer
L’éditeur s’est taillé une belle réputation avec ses 2 perles ludiques : Pixie Queen et Chimera Station. Pourtant sa nouvelle réalisation, Gùgõng, place encore la barre un cran au-dessus. Le jeu est relativement simple à prendre en main pour un titre expert (tout est relatif, l’explication des règles tournant autour de la demi-heure), mais pourtant il dispose d’une profondeur de jeu tout simplement abyssale.
Gùgõng est un jeu de placement de cartes. Il prend place dans la Chine du 16e siècle, sous l’ère de la dynastie Ming où les bakchichs sont fréquents et encouragés. Vous allez donc visiter les différentes familles influentes de l’époque, leur offrir des cadeaux pour en recevoir d’autres en échange et bénéficier de certains avantages sous forme d’action à réaliser… On n’a pas affaire à un jeu de deckbuilding à proprement parler mais on se constitue en jouant sa main de cartes pour le prochain tour. Il n’y a donc pas de hasard, et beaucoup de calcul.
Le titre est tout simplement sublime, visuellement parlant comme dans les mécaniques. Il n’est pas encore distribué en France, mais c’est une petite pépite que nous vous recommandons chaleureusement (bien qu’elle ne soit pas forcément dans nos thématiques).
Gigamic
L’éditeur présentait sur le salon Cosmic Factory, un petit jeu d’assemblage de tuiles sans prétention taillé pour un public familial. On commence par piocher 9 tuiles au hasard, avant d’en échanger 6 avec ses voisins au moyen d’une mécanique de draft. Une fois ses 9 tuiles en main, on dispose d’une minute pour les combiner au mieux. La petite spécificité du jeu vient d’une carte Kaos, qui va changer tout ou partie des règles à chaque manche. Un jeu sympathique à jouer sur une ou deux parties, mais qui semble hélas s’essouffler assez vite. A voir ce qu’il en est avec le public 8+ visé par le jeu.
Funforge
L’essentiel de la communication de l’éditeur portait bien évidemment sur le Kickstarter de Monumental, lancé quelques jours avant le commencement du salon. Le jeu était assez largement disponible en démonstration, et nous pouvons d’ores et déjà vous confirmer qu'il a été nettement amélioré depuis sa première présentation au FIJ de cette année.
L’éditeur avait également quelques extensions dans sa besace, dont une pour Professeur Evil, la grosse sortie de l’année dernière, et une autre pour Isle of Skye intitulée Druides. Cette extension fait clairement passer le jeu en mode « bigger faster louder stronger », puisqu’elle permet de récupérer une carte de plus par tour, avec tous les effets de synergies et de combo que cela implique derrière.
Huch !
Attention, gros jeu en vue…
L’éditeur teuton proposait Forum Trajanum, le gros titre annuel de Stefan Feld. Petits messages pour les vieux de la vielle qui auront haussé un sourcil en voyant Trajan et Feld dans la même phrase : non, cette nouvelle boîte n’a strictement aucun rapport avec son lointain cousin (en dehors de l’auteur, du thème et de l’éditeur bien entendu).
Le titre prend place, attention spoilers, à l’époque de l’empereur Trajan. Chaque joueur a sa propre colonie, qu’il va développer bien sagement dans son coin. Mais dans le même temps, chacun va devoir coopérer afin de construire ensemble le Forum Trajan. C’est un jeu à dilemme fort, avec une dimension semi-coopérative assez originale pour l’auteur. Est-il nécessaire de préciser que l’on est en face d’un jeu expert jusqu’au bout des ongles ?
Ludonautes
L’éditeur prenait des risques cette année en sortant Last Heroes, un jeu assez différent de ses réalisations habituelles. Le titre s’appuie tout d’abord sur une esthétique Comic bien tranchée, qui n’est pas sans rappeler la franchise Borderlands. Elle est vraiment réussie et apporte une forte identité visuelle au titre.
Sur le fond, le gameplay choisit de mélanger des mécaniques collaboratives à un jeu purement compétitif. Les joueurs devront être de fins tacticiens dans le timing de leurs attaques, et gérer à la perfection leurs armes et leur munitions … en puisant au besoin dans les chargeurs des adversaires.
Le résultat est une franche réussite, et risque bien de rencontrer un joli petit succès dans les mois à venir.
Mindclash Games
L’éditeur, déjà responsable de deux bombes ludiques nommées Anachronyet Trickerion, sort cette année un nouveau jeu. Il est assez différent de ses titres précédents, puisqu’il s’agit cette fois-ci d’un jeu de combat. A l’heure actuelle, il n’est disponible qu’en VO, mais que les allergiques à la langue de Shakespeare se rassurent : une version PDF des règles en français est disponible sur le site de l’éditeur et permet de jouer dans de bonnes conditions.
La disponibilité dans nos contrées est hélas inconnue, et cela pourra prendre du temps au vu de la distribution assez chaotique d’Anachrony (un temps envisagée chez Pixie Games avant d’atterrir finalement chez Asmodée).
En parallèle, Minclash Games sort également un petit jeu de cartes sur le même thème, plus léger et que nous n’avons pas eu l’occasion de tester.
Sorry We Are French
L’éditeur met (enfin) à disposition Immortal 8 sur le marché traditionnel, un titre auparavant réservé aux plateformes de financement participatif.
Co-développé par Sorry We Are French et Moonster Games, Immortal 8 est un jeu de draft et de civilisation se déroulant dans un univers heroic-fantasy plutôt classique. Les parties sont très courtes, en moyenne 8 minutes par joueur. En début de partie, chaque joueur reçoit secrètement une carte Immortel et devra bâtir pendant la partie la civilisation qui lui convient, chaque Immortel possédant sa propre façon de marquer des points. Les joueurs ne disposent que de 2 manches pour construire et développer leur civilisation, avec un maximum de 5 cartes jouées.
Mythic Games
L’éditeur présentait en long, en large et en travers son future Kickstarter Reich Busters: Projekt Vril qui doit normalement commencer le 20 novembre prochain.
Avec un nom comme ça, vous vous doutez bien qu’il s’agit d’un jeu d’escarmouche à scénario dans un univers que l’on dirait tout droit sorti de Castle Wolfenstein. L’éditeur prévoit une campagne de 10 jours, sans add-on, avec un all-in à 200$ pendant la campagne et 220$ au pledge manager.
Pour ce prix, vous aurez normalement :
- 1 boite à 100$
- 1 extension qui prolonge la campagne originale
- 1 JDR, plus intégré à la campagne que celui qui était proposé avec Mythic Battles Pantheon
- 1 grosse figurine de boss
- Des éléments de gameplay en platique, comme des portes
- Des kilotonnes de héros et de monstres en stretch-goal
Niveau contenu, le jeu proposera un mode campagne, et un mode « création de partie aléatoire ». Les figurines sont magnifiques, comme toujours chez Mythic, avec des poses bien badass comme on les aime et un chara-design testostéroné.
Nuts Publishing
L’éditeur proposait cette année Auztralia, le dernier jeu de Martin Wallace. L’auteur s’est fortement inspiré d’A Study in Emerald, une de ses réalisations précédentes. Au niveau de l’univers, la boîte part dans un univers uchronique fortement inspiré des années 30, avec un petit côté Steampunck pas désagréable pour lui donner son identité bien à lui. Il s’agit d’un pick & collect, mais en même temps il ne fallait pas s’attendre à autre chose avec un auteur qui manie ce type de mécanique comme personne. Petite originalité : le jeu peut être joué en solo, en multi compétitif ou en multi collaboratif. Les premiers retours des testeurs sont très positifs, comme souvent avec les jeux de Wallace.
Renegade
L’éditeur présentait Reykholt, la dernière sortie d’Uwe Rosenberg. Il s’agit d’une boîte plutôt familiale, dans la lignée des réalisations récentes de l’auteur. Le jeu se veut d’ailleurs proche de Loyang en termes de complexité et de temps de jeu.
Pour la petite histoire, Reykholt est un petit village situé à la pointe de l’Islande, dont le nom signifie « colline de fumée ». Le titre ne semble pas avoir grand-chose à voir avec la choucroute, tout au moins en VO, alors qu’en français le jeu de mot est tout trouvé puisque le jeu tourne effectivement autour de la récolte de différents ingrédients.
On dispose de trois ouvriers à placer sur le plateau. Lorsqu’on le pose, on gagne des ressources. Ensuite, on les défausse pour avancer sur la piste de score. Le tout est hyper simple à comprendre, mais à l’usage manque considérablement de personnalité et d’originalité.
La complexité est bien là, il faut planifier ses actions plusieurs tours en avance, mais le résultat est un peu près aussi passionnant qu’un épisode de « silence ça pousse ». C’est dire.
Repos prod
Sonnez clairon, sonnez trompettes, Repos Prod vient enfin de sortir une nouvelle extension pour 7 wonders. Après deux premières extensions pas forcément oufissimes, et une déclinaison deux joueurs beaucoup plus intéressante, il faut avouer que la boîte de base commençait un peu à prendre la poussière.
Le but de cette extension ? Tout simplement partir à la conquête des mers avec votre flotte de navires. L’extension comporte un plateau additionnel par joueur, avec 4 pistes comportant chacune un bateau de couleur. Lorsqu’on joue des cartes et qu’on paie le coût correspondant, on avance sur la piste corresondante. Et pour chaque case atteinte, on obtient des bonus: le bleu rapporte des PV, le rouge des PV militaires, le jaune rapporte des pièces et le vert se concentre autour de cartes à combo. Cette extension peut évidemment se jouer avec Cities et Leaders.
Sur les premières parties, l’extension alourdit sensiblement le déroulement des parties, mais apporte un plus indéniable en terme de stratégie et de planification. A voir si elle se destine exclusivement aux fans purs et durs du jeu de base, ou si elle peut relancer l’interêt
Pearl Games
L’éditeur, bien connu des joueurs experts, est venu proposer sa dernière sortie : Solenia. Le succès a été immédiatement au rendez-vous, puisque le jeu est très tombé en rupture de stock dès le vendredi. Pas étonnant, se diront ceux qui connaissent la réputation de l’éditeur…
Dans les grandes lignes, Solenia est un jeu de pick-up & delivery conçu par Sébastien Dujardin (Tournay, Deus, Troyes) et illustré par Vincent Dutrait (Lewis and Clark, Museum). Contrairement à la plupart des autres réalisations de l’éditeur (à l’exception peut-être d'Otys), il vise plutôt un public familial.
Ceux qui ont pu l’essayer ont vraiment été conquis, et il risque fort de figurer parmi les gros cartons de cette fin d’année…
Space Cowboys
Cette année, ça bougeait particulièrement fort chez les fermiers de l’espace…
La grosse nouveauté d’Essen était bien entendu Orbis, un jeu de tuile dans la droite lignée de leur grand succès Splendor mais sensiblement plus exigeant et plus complexe à maîtriser. Vous en avez probablement entendu parler, il s’agit d’un des gros buzz du moment.
En ce qui concerne les futures sorties, commençons par Madame, la prochaine extension de T.I.M.E. stories qui devrait arriver dans les étals juste avant les fêtes de fin d’année. Elle se destine à ceux qui ont déjà bien poncé le matériel existant, l’éditeur recommandant d’avoir fait au minimum 2 ou 3 parties avant de s’y frotter. Et pour cause, car l’extension va chambouler considérablement l’environnement et les mécaniques du jeu. Il y aura un avant et un après, même si je ne sais pas plus que vous ce que ça peut bien vouloir dire puisque l’éditeur a tenu à garder le secret lors de la présentation (le petit cachottier).
Une nouvelle boîte d’Unlock, intitulée Heroic Adventures, est également en approche avec une disponibilité également prévue pour fin d’année. Bonne nouvelle pour ceux qui ont trouvé que la précédente donnait trop de place à l’application : les auteurs choisissent de revenir plutôt dans l’esprit de Unlock ! Secret adventures, avec des énigmes bien loufoques, une ambiance tout droit sortie des jeux vidéo des années 80 et 90 et pleins de nouvelles idées de gameplay histoire de renouveler la formule.
L’éditeur est également en train de finaliser une nouvelle boîte des aventures de Sherlock Holmes qui devrait sortir vers la fin du premier trimestre 2019. Les fermiers l’annoncent comme plus « familiale » dans le thème, c’est-à-dire nettement moins sombre et glauque qu’un Jack l’Eventreur par exemple. Bon, en pratique le niveau des énigmes et le challenge va rester plutôt relevé, d’où les guillemets autour du mot familial.
Et puis dernière annonce, l’éditeur a annoncé la création prochaine de Space Cows, un label dédié aux plus jeunes. L’éditeur n’a pas encore communiqué sur les premiers jeux de la gamme, ni sur le calendrier de sortie. On lui souhaite de rencontrer le succès de la gamme Loki chez Iello, qui regorge déjà de quelques pépites comme l’excellent Troll & Dragon chroniqué récemment sur notre site.
Sweet November
Le stand de Sweet November tournait énormément autour d’Exodus, leur grosse sortie de l’année dernière.
Première annonce : l’éditeur prévoit de sortir 3 extensions pour fin d’année, histoire de varier les plaisirs. Les deux premières, TAÏS et ÉTHO, vont tourner respectivement autour des factions des déviants et des théocrates. Elles vont ajouter la possibilité d’avoir un cinquième joueur autour de la table, ainsi que de nouveaux modes de jeu (asymétriques, coopération, etc.) HANK, la troisième, se propose d’ajouter une nouvelle faction au jeu : les quincailleurs. Ceux-ci vont apporter de nouvelles possibilités stratégiques, autour de la génération et du recyclage de ressources.
Un prototype d’Exodus - épisode II était également disponible sur le stand. Nous avons eu le plaisir d’en faire une partie de démonstration. Le proto est plutôt bien avancé : les mécaniques semblent globalement finalisées, ainsi que l’équilibrage. Le gros du travail restant porte sur les illustrations et le petit coup de polish final, avec une date de sortie prévisionnelle se situant quelque part autour de l’été 2019.
Nous espérons cependant que le développement va prendre un peu de retard, et pour deux raisons. Premièrement, le jeu semble un cran au-dessus de son aïeul en termes de difficulté et de complexité. Il mériterait d’être un peu épuré, par exemple en enlevant certaines mécaniques évoluées et en les plaçant dans des modules optionnels. Cela permettrait de lisser la courbe d’apprentissage et de faciliter les premières parties, tout en offrant une profondeur stratégique qui en a sous le capot et que l’on peut complexifier à l’envi. C’est la démarche suivie avec succès par Anachrony, et elle permet de trouver le meilleur compromis entre profondeur et accessibilité.
Et puis surtout, Serge Mascadar a laissé entendre qu’il publierait Carman Swap l’été prochain si l’épisode 2 n’était pas disponible en temps et en heure. Et sans la moindre hésitation, Carman Swap fut le gros coup de cœur du salon et nous sommes plus d’un à l’attendre avec impatience… Sur le papier, le concept ne casse pourtant pas trois pattes à un canard : il s’agit d’une espèce de belote en 2 contre 2, mélangeant des cartes au format chelou avec des petits plateaux représentant des planètes. Les cartes n’arrêtent pas de voyager entre la main des joueurs, les différentes planètes et la défausse, d’où le « swap » dans le titre du jeu.
En pratique, la formule fonctionne du feu de Dieu. Ce jeu a été capable de créer, le temps d’une partie et en plein milieu du salon le plus bruyant du monde, une petite bulle de convivialité où nous étions 4 à nous charrier, à nous pourrir et à nous marrer comme des gosses. Il ne manquait qu’une space-binouse et des space-cahuètes, et on se serait vraiment cru dans un bouge miteux de la planète Tatooine. Bref, un petit jeu tout simple, mais avec le potentiel d’additictivité d’un Fortnite ou de la belote dont il s’inspire. Etudiants méfiez-vous, il a le potentiel pour ruiner votre année…
Pixie Games
L’éditeur a ramené pas mal de nouveauté dans ses cartons.
La première était bien entendu Teotihuacan. Le jeu est d’ores et déjà un énorme carton, puisque les 300 boîtes ramenées par l’éditeur ont été déblayées en 2 jours à peine et qu’il est en rupture de stock un peu partout. Une constante avec l’éditeur, me direz-vous. Et puis en même temps, quand on voit le duo d’auteurs derrière le titre : Daniele Tascini (Tzolk’in, Marco Polo) et David Turczi (Anachrony, redacted, Kitchen rush…). Au menu : pose d’ouvriers-dés, collection/famille, placement de tuiles et deux bonnes heures de triturage de méninge.
L’éditeur présentait également Dice Settlers : un jeu de civilisation léger, à base de pool building (pioche ses dés dans un sac au début de son tour) où chacun va devoir faire prospérer sa "tribu" partie à la conquête du Nouveau Monde.
Petite déception par contre : Architects of the West Kingdom, attendu de pied ferme par les fans, manquait cruellement à l’appel… Ce sera sans doute pour le FIJ de l’année prochaine.
Une petite note d’humour pour finir
Merci beaucoup d’avoir suivi cette chronique, à la fois mille fois trop longue et pourtant si incomplète… Nous voulions finir par une petite anecdote amusante, que l’on pourrait appeler « le choc des cultures en une image » :
Vous ne voyez pas le problème ? En fait, il y en a deux. Comme vous l’avez deviné, ce stand appartient à un éditeur japonais, spécialisé dans le jeu de deck-building à base de demoiselles dénudées. Vous me direz, il en faut pour tous les goûts. Certes… Mais vous remarquerez, dans un coin, une charmante hôtesse en costume de soubrette (sans doute placée là pour appâter le chaland). A l’heure de #MeeToo et d’une remise en cause de ce type de pratiques en occident, et alors que même le salon de l’auto a complètement renoncé aux hôtesses, on tient quand même une belle faute de goût.
Plus amusant encore. Regardez bien le mur du fond, et surtout la partie à moitié planquée par une table (un peu comme s’ils en avaient honte, tient comme c’est bizarre). On y voit une publicité pour Barbarossa, un jeu qui met en scène des lolitas en string et en uniforme nazi. Oui, ça existe et ceux qui veulent en savoir plus long sur cette bizarrerie peuvent aller jeter un œil sur le test de la version française, disponible juste ici. Disons qu’en Allemagne, c’est quand même le genre de thème qui risque de ne pas avoir un succès fou-fou-fou. Il y en avait même quelques boîtes à la vente, soigneusement planquées derrière la pile de boîtes de Tanto Cuore… Pas sûr qu'on tienne le Spiel des Jahres de cette année !
Publié le vendredi 16 novembre 2018 à 09h00
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