Mémoires de Gris,
Sylvain FERRET nous dévoile tout sur sa dernière BD
Mémoires de Gris est une belle grosse BD de 240 pages couleurs format A4, de Sylvain Ferret et publiée chez Delcourt. Celle-ci nous emmène dans les méandres sombres de la vie du chevalier Pierre de Brume ramené à la vie par Marion une sorte de sorcière. Une histoire d'amour impossible, déchirante et violente qui montre les aspects les plus noirs de chacun de nous avec toute sa brutalité, sa résilience et la difficulté voire la fatalité d’échapper à son destin.
Sylvain Ferret son auteur est à la fois le scénariste, le dessinateur et le coloriste. Il répond à nos questions pour nous expliquer ses sources, comment il œuvre et a œuvré pour Mémoires de Gris. Mais il nous touche aussi quelques mots sur son prochain projet BDesque qui est déjà captivant et fascinant ! Sans plus attendre voici donc son interview intercalée de quelques planches de la BD pour vous mettre l'eau à la bouche et deux à la toute fin.
Interview de Sylvain Ferret
SFU : Bonjour Sylvain Ferret. Merci de te présenter à nos lecteurs et lectrices de SciFi-Universe qui ne te connaissent pas.
Sylvain Ferret : Bonjour, Je m’appelle Sylvain Ferret et je suis auteur de bande dessinées depuis 8 ans, mon dernier album s’appelle Mémoires de Gris, c’est mon neuvième mais premier roman graphique. J’ai commencé en tant qu’illustrateur et coloriste et je suis désormais auteur complet sur la plupart de mes albums.
SFU : Delcourt vient de publier ta dernière BD « Mémoires de Gris » dont tu es l’auteur, dessinateur et scénariste. Quelle histoire nous racontes-tu donc dans cette BD ?
SF : Mémoires de Gris est une tragédie sociale qui raconte l’histoire de plusieurs personnages dans un moyen âge fictif teinté de fantasy. Ils et elles ont été.es éduqué.es dans la violence et tentent de s’en émanciper. Tout commence avec le retour d’un chevalier mort au combat qui va être ramené à la vie par la femme qu’il a abandonné 7 ans plus tôt. C’est un récit qui parle du rapport entre liberté et violence et qui est une adaptation très libre de Robin des Bois.
SFU : Comment t’es venue l’idée de cette BD et de cette tragique histoire ? Est-ce un vieux projet ? Est-ce en partie une histoire autobiographique ayant toi-même peut être vécu un amour impossible ou perdu ?
SF : Tout a commencé avec l’envie de noircir un personnage célèbre de la culture populaire : Robin de Bois. Je voulais travailler ce personnage de bourgeois sauveur des prolétaires qui me paraissait invraisemblable et le rendre plus cynique et cohérent. J’ai aussi commencé à écrire pendant la crise des gilets jaunes ce qui a beaucoup influencé la partie sociale du livre.
SFU : Est-ce par choix ou par contrainte que tu as assuré seul les rôles de scénariste, illustrateur et coloriste ? Delcourt a accepté tout de suite ton projet ou est-ce une « commande » de l’éditeur ?
SF : C’est un projet personnel présenté à mon éditeur David Chauvel il y a déjà plus de trois ans. Je travaille seul par envie personnelle et parce que j’aime chaque partie de mon travail passionnément.
SFU : Comment opères-tu pour écrire ton scénario ? Imagines-tu et écris-tu la trame de ton histoire du début à la fin ou laisses-tu de la place à de la création lorsque tu dessines ? Fais-tu des storyboards ? Ou utilises-tu d’autres techniques ? Quelle est la technique Sylvain Ferret ?
SF : La technique Sylvain Ferret n’est pas très originale, mais j’écris tout avant de commencer à dessiner. Sur Mémoires de Gris j’ai dialogué au storyboard mais je ne travaille plus comme ça. Je fais une structure de mon scénario, ensuite un traitement non dialogué que je travaille avec mon éditeur. Ensuite une version dialoguée, qu’on peaufine ensemble, puis le storybaord, enfin l’encrage et pour finir la couleur. Tout est assez méthodique et discipliné haha.
SFU : Comment dessines-tu (note dans un carnet, puis croquis puis ancre de chine scannée et ordi ou ordi direct ?) et sur quel support ou matériel (tablette, ordi, chevalet, …) ? Te faut-il une ambiance ou un endroit spécifique pour créer tes réalisations ?
SF : Je travaille chez moi, majoritairement en numérique du début à la fin sur une cintiq. Sur Mémoires de Gris j’ai fait un tiers de l’album au feutre en passant à la table lumineuse sur mon storyboard numérique pour toutes les planches en flash back.
SFU : Comment choisis-tu les couleurs qui sont ici (dans Mémoires de Gris) idéalement au service de la narration et qui facilitent parfaitement l’immersion dans l’intrigue ?
SF : Je fais une palette de couleurs par scène avant de commencer. Je définis les couleurs de toutes les planches de tout l’album à l’avance pour essayer d’obtenir une bonne harmonie générale. Et ensuite je me lance ! C’est un travail assez procédurier mais très agréable.
SFU : Le format de la BD est original avec ses grandes dimensions 24x32x2,3cm, est-ce ton choix avec l’éditeur ou à sa demande que ce format est retenu ? De même pour le choix des couleurs aux tons pastel et souvent sombre. Tes planches originales ont-elles ce grand format ou sont-elles encore plus grandes ?
SF : Les planches au feutre sont en A4, je voulais que le trait soit un peu grossier après avoir subi l’agrandissement pour qu’il se différencie du trait numérique. Ensuite les choix du format, du papier, des couleurs, sont des choix personnels mais on a fait pas mal de tests pour être sûr que je prenais la bonne direction.
SFU : Mémoires de Gris possède son univers type XIIe siècle ou moyen-âge propre, as-tu dessiné des cartes pour t’aider à scénariser et à illustrer ?
SF : Tout est écrit et visualisé. Les lieux ne sont ni très grands, ni très éloignés et je n’ai pas eu à dessiner de cartes.
SFU : Tu as mis une pointe de fantastique dans ton récit qui est à la fois forte (high fantasy diront certains puristes) avec le retour à la vie du héros par exemple et discrète (low fantasy) en même temps car la magie ou la sorcellerie est bien présente dans l’univers de Mémoires de Gris mais de façon secrète et crainte. Est-ce ta volonté de mettre cette touche de fantasy dans la BD ? Ton intrigue pourrait aussi bien fonctionner sans, non ?
SF : Hahah non pas vraiment, la fantasy est discrète, obscure et cryptique parfois mais c’est un choix de style. La fonction de la fantasy dans le récit est une fonction utile. C’est une histoire de pacte et de conséquence, une illustration du choix de la violence pour se protéger et c’est là le cœur du récit. Quels sont les différents types de violences ? Il y a t-il des types de violences légitimes ? Ont-elles plus ou moins de conséquences ? Sont-elles nécessaires à l’obtention de la liberté. Si on enlève les fées du récit, il faut le revoir entièrement, ce n'est plus la même histoire. La fantasy est liée au personnage de Marion, et pour moi, Marion est le personnage central de Mémoires de Gris. La sorcellerie, c’est sa liberté contrainte. La fantasy c’est sa défense contre la violence des hommes.
SFU : Ta BD pourrait aisément inspirer une belle aventure de jeu de rôle avec un peu de travail d’un MJ (maître de jeu). En effet, l’intrigue de ta BD semble tirée d’une aventure de jeu de rôle que tu aurais jouée, serais-tu un rôliste confirmé ou juste un amateur de JdR ?
SF : Je joue à des jeux de rôle en jeux vidéo depuis longtemps. Certains jeux m’ont sûrement influencé visuellement, comme Dark Souls par exemple, mais en terme de structure pas tellement, ou en tout cas pas de manière consciente.
SFU : Au vu des personnages et de la région de Gris que tu as imaginés, tu as matière à écrire d’autres histoires. Mémoires de Gris n’est-il que le début d’une série ou ce n’est qu’un one-shot solitaire ? Reverra-t-on après cette BD Pierre de Brume, ou d’autres membres de sa lignée (comme son père ou sa mère), dans d’autres aventures ou malédictions ?
SF : J’arrive même pas à le concevoir haha. Mémoires de Gris est une histoire complète en un seul volume. Je l’ai pensé comme ça depuis le début et je n’ai aucune aspiration à en faire une suite ou un spin off.
SFU : J’imagine que tu fourmilles d’idées pour d’autres projets en cours ou à venir ? Peux-tu nous en parler ou nous teaser même que vaguement un ou deux ?
SF : Bien sûr, ce n’est pas secret et je publie même régulièrement sur instagram pour en parler. Je travaille encore en auteur complet sur une série de space opéra qui devrait faire 6 tomes de 200 pages. J’ai bientôt terminé le premier tome, mais ça ne sortira pas avant fin 2026, le temps d’avoir quelques tomes d’avance et de pouvoir les sortir sans trop d’attente.
SFU : Merci Sylvain pour ces riches échanges. Bonne chance à Mémoires de Gris qui a tout d’une grande BD avec ce voyage terrible tant dans les tréfonds des âmes des hommes que dans leurs actes de folies. On vous laisser découvrir quelques superbes planches ci-dessous et courrir en librairie vous procurer votre exemplaire !
Publié le mercredi 20 novembre 2024 à 09h00
Source : Delcourt et Nurthor Le Noir
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