Rencontre @vec...Pierre Pevel
Les Lames du Cardinal aux éditions Bragelonne

L'écrivain Pierre Pevel a répondu gracieusement à une série de question à propos de son dernier roman Les Lames du Cardinal publié le 18 octobre 2007 chez Bragelonne. Je l'en remercie grandement.


-Pourrais-tu te présenter aux internautes de Scifi-Universe ? Ton parcours littéraire, une mini bio…
Je suis né en 68. Après le bac, j’ai fait une hypokhâgne et une khâgne avant de partir vers de nouveaux horizons. J’ai écrit mes premiers romans, inspirés de l’univers du JdR Nightprowler, sous pseudonyme. Puis un petit steampunk, Viktoria 91, que j’ai proposé à différents éditeurs et que le Fleuve Noir a retenu, payé… et oublié de publier. Mais j’avais un pied dans la place et c’est ce qui a permis aux Ombres de Wielstadt de sortir. Deux autres romans suivront dans cette série, en parallèle avec les Enchantements d’Ambremer et l’Elixir d’Oubli, au Pré-aux-Clercs. Après ça j’ai longtemps tourné en rond.
-Comment t’es venu le goût de l’écriture ? Tes auteurs favoris ? Ceux qui t’ont le plus influencé?
Chez moi, le goût de l’écriture est d’abord celui de raconter des histoires et de provoquer des émotions chez le lecteur. Dans le désordre, mes auteurs favoris sont James Lee Burke, Donald Westlake, Flaubert, Maupassant, Dumas, Pelot, Franquin, Goscinny, et j’en oublie sans doute. Dumas et Goscinny sont probablement ceux qui ont le plus d’influence sur mon travail. En tout cas, j’aimerais bien.
-Qu’est-ce qui t’as donné l’envie d’écrire Les Lames du Cardinal ? Le déclic ?
Mon goût pour le XVIIe siècle, les mousquetaires, les aventures de cape et d’épée, le Paris de l’époque. Le déclic est venu de quelques lignes lues dans un ouvrage historique. Il y était question d’un espion anglais que des agents du cardinal de Richelieu étaient allés chercher clandestinement à l’étranger, avant de lui faire passer la frontière pour être arrêté, interrogé, etc. Je me suis demandé : mais qui étaient les types qui ont fait ça ? D’où venaient-ils ? Et s’ils avaient été pris ? Auraient-ils été « couverts » ou « lâchés » par Son Eminence au nom de la raison d’Etat ? Etc.
-Peut-on considérer Les Lames du Cardinal comme un hommage au Trois Mousquetaires de Dumas ?
Sans aucun doute. Les Trois Mousquetaires est mon roman préféré. Et Dumas est un maître. Si le Paradis existe et si j’y suis admis, Dumas est le premier à qui j’irai serrer la main.
-Peux-tu nous présenter ton roman avec tes propres mots ? Un petit « pitch » personnel ?
Les Lames du Cardinal sont des hommes et une femme totalement dévoués au service de la France qui, sous les ordres du cardinal de Richelieu, effectuent des missions clandestines. Le roman commence alors que Richelieu les réunit de nouveau, après cinq ans d’absence. Nous assistons donc à leurs retrouvailles, à l’occasion d’une aventure que j’espère palpitante et où il est question de dragons, de magie, d’intrigue et d’amour.
-Ton roman vient de sortir aux éditions Bragelonne, et il sied bien à cette maison d’édition ! Peux-tu nous raconter comment tu en es venu à être édité par Bragelonne ?
J’avais, depuis longtemps, très envie de rejoindre les éditions Bragelonne. D’abord à cause des relations d’amitié que j’ai nouées avec Stéphane Marsan et Alain Névant au fil des années. Aussi parce que des auteurs que j’aime bien, sur un plan privé et pro, sont chez Bragelonne – je pense à Ange, en particulier. Enfin, parce que je considère que Bragelonne est le meilleur éditeur de Fantasy français, celui qui se défonce le plus pour le genre et pour ses auteurs. En bref, lorsque j’ai rejoint Bragelonne, j’ai eu l’impression de revenir sur une trop longue anomalie. Et puis pour un fan de Dumas, faire au moins un bouquin chez un éditeur nommé Bragelonne s’imposait. ;)
-Comment s’est déroulée la conception de l’illustration de couverture des Lames (une couverture illustrée par Julien Delval qui représente les membres des Lames du Cardinal) ? Tu t’es concerté avec lui pour la physionomie des personnages ? Et si non, qu’as-tu pensé de cette représentation ? Est-elle proche de celle que tu te faisais de tes personnages ?
David Oghia, le directeur artistique de Bragelonne, m’a d’abord consulté sur le concept général de la couverture. Nous avons cherché des pistes ensemble puis il a décidé, puisque c’est son métier et non le mien. L’idée de représenter les Lames s’est vite imposée. Restait à trouver le bon illustrateur pour ça. David et moi aimons bien le travail de Julien, qui m’a gâté avec les couvertures des Wielstadt. J’ai fait parvenir une description des personnages. Il m’a ensuite fait parvenir son premier jet, et nous avons corrigé quelques détails de costume ou d’attitude. Et puis la magie a opéré. Voir mes personnages prendre corps était très excitant.
-Dans Les Lames du Cardinal, j’ai trouvé extraordinaire les descriptions de la typographie de Paris au XVIIe siècle : une capitale beaucoup plus petite, entourée de ses nombreux faubourgs et surtout ses ponts où étaient construits des immeubles. Comment as-tu procédé pour reconstruire - par écrit - cet agencement urbain qui n’a plus rien à voir avec celui de maintenant. Tu as trouvé des vieux plans ?
Je me suis beaucoup documenté. Grâce à des ouvrages d’historiens, à des chroniques et des romans d’époque, à des cartes anciennes. Je voulais vraiment redonner vie au Paris de l’époque. Je connais mieux le Paris du XVIIe siècle que celui d’aujourd’hui – je suis provincial. Il me fascine. Je m’y plonge assez facilement et j’essaie d’imaginer ce que mes personnages y voient, y sentent, y entendent, y ressentent.
-De plus, l’action se déroule souvent à « Châtelet les halles » avec la rue de Ferronnerie ou la rue Saint Denis et bien d’autres. C’est un quartier que tu apprécies?
Ce quartier est le cœur et le grand carrefour de Paris. Un passage presque obligé pour les Parisiens d’alors. Le quartier moderne ne m’enchante guère. Mais passer par la rue de la Grande Truanderie – alors la « Grande rue de la Truanderie », car il en existait une « Petite » – me fait toujours quelque chose.
-De quel personnage es-tu le plus proche ? (Si bien sûr un auteur peu répondre à cette question !) Lequel as-tu pris le plus de plaisir à imaginer ? Quand tu surnommes Nicolas Marciac ‘Le Gascon’, c’est un clin d’œil à D’Artagnan ?
J’aime beaucoup Agnès, qui est à la fois vulnérable et courageuse, hantée par son passé et déterminée. Mais je prends un plaisir égal à tous les mettre en scène. J’ai mis du temps à composer les Lames : un vrai travail de casting ! Si j’appelle Marciac « le Gascon », c’est parce qu’il est Gascon et pour éviter de répéter « Marciac » trop souvent dans le texte… Il y avait beaucoup de Gascons venus tenter leur chance à Paris. Le plus célèbre d’entre eux étant bien sûr d’Artagnan.
-Ton rendu de la vie au XVIIe siècle est réellement authentique. Les personnages déambulent dans des rues boueuses, malodorantes et animées dans lesquelles évoluent marchands et ambulants divers. Tu utilises notamment des expressions qui n’ont plus cours de nos jours ! Tu désirais que ce rendu historique soit le plus proche possible de cette vie au XVIIe siècle ?
Oui. Je voulais faire une peinture aussi fidèle et vivante de Paris que possible. L’idée était de mettre le lecteur en immersion. Mais en évitant de réaliser un guide touristique historique, très érudit mais vain. Il y a quelques descriptions générales, mais je ne décris un lieu que si les personnages l’observent, ou s’y rendent et ont quelque chose à y faire.
-Comment t’es venu l’idée d’inclure dans cette histoire - pleine d’action, de rires, de bravoure et de supercheries - des Dragons et différentes créatures ayant un lien de parenté avec ceux-ci comme les Wyvernes, les Dragonnets ou les Dracs ? Tu apprécies particulièrement cette créature légendaire ? Et est-ce un moyen de mettre l’accent sur un désir de conquête encore plus ardent que pourrait ressentir une autre créature de légende (puisque souvent dans différents récits de Fantasy les Dragons sont représentés comme une espèce en voie de disparition à cause de l'homme ) ?
Les dragons sont fascinants : je ne suis pas le premier à m’en être rendu compte ! Les miens vivent en passagers clandestins du XVIIe. Ils devraient avoir disparu mais sont toujours là. Et tous ne sont pas bien intentionnés. J’ai « décliné » la race draconique en imitation de la grande famille des hommes et des singes. Les wyvernes et les dragonnets font, je trouve, très bien dans le décor. Et ils sont également un rappel permanent des vrais dragons qui, eux, vivent cachés – et que je ne peux donc pas montrer souvent.
-Tu uses également dans Les Lames d’une magie liée aux Dragons. La magie Draconique, qui existe réellement, est un mélange de magie actuelle et de légendes. J’avoue n’être pas très au fait de ce genre de choses mais as-tu lu des ouvrages ésotériques ou autres pour te renseigner sur sa pratique ?
J’ignore tout de la magie draconique que vous évoquez. La mienne est totalement inventée. Il y a deux éléments surnaturels dans mon XVIIe siècle : les dragons, et la magie. Il m’a paru naturel de les lier, d’imaginer que les premiers ont inventé la seconde.
-En finissant ton roman, on espère qu’une suite verra le jour ?! Si c’est le cas, ne voudrais-tu pas faire intervenir directement dans l'intrigue de l'histoire des personnages d'Alexandre Dumas ?
Je travaille au tome 2, qui sortira sans doute à l’automne 2008. Athos montre déjà son nez dans le tome 1. Et Rochefort. Il est possible que d’autres personnages de Dumas fassent une apparition. Mon parti pris est de les traiter exactement comme des personnages historiques. Et je ne les mets en scène que si l’intrigue le veut.
-Pourrais-tu nous parler de tes projets en cours ?
Le tome 2 des Lames, donc. Et la traduction de Moonraker, le troisième roman de la saga James Bond.
-Un portrait chinois pour conclure cette série de questions?
Si tu étais ?:
- Un livre : Un livre aussi long que possible et dont je ne voudrais pas connaître la fin. - Un mot : Droits (d’auteur). - Une phrase : « Commencer par l’intérêt au lieu de commencer par l’ennui ; commencer par l’action, au lieu de commencer par la préparation ; parler des personnages après les avoir fait paraître, au lieu de les faire paraître après avoir parlé d’eux. » C’est d’Alexandre Dumas. A méditer. - Un film : Rio Bravo. - Une chanson : Somewhere Over the Rainbow. - Un objet : Un couteau sans lame auquel manque le manche. Vendu avec son fourreau. - Un animal : Un chat. - Une couleur : La huitième. - Une émotion : Une perplexité grandissante. - Une fin : Dans la jungle, une grenade dégoupillée dans mes mains ensanglantées et ces derniers mots aux lèvres : « Laissez-moi, sergent, je ne fais que vous ralentir et l’hélico n’attendra pas. »

» Lire la chronique: "Rapières, Dragons et autres complications"

Auteur : Lucie M.
Publié le samedi 5 janvier 2008 à 07h00
Source : SFU

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Commentaires sur l'article

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    Salut PH,
    Un coucou d'Elian....Je vois qu'apres D&D, Strombringer et Forgotten Realms, tu n'as pas décroché....c'est bien. Bravo!
    majorelelian@orange.fr
    Elian Majorel, le 22 avril 2012 22h53

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