Critique Austral [2022]

Il existe des romans de hard science qui remue par leurs probabilités de réalisation. Austral en est un. La connaissance scientifique et le ton de Paul McAuley créent un univers crédible conséquence du réchauffement climatique. Pour autant, Austral est d’abord une aventure humaine, un road trip dans un Antarctique réaménagé par l’Homme, une aventure pleine d’espoir et d’embûches.

Austral Morales Ferrando est une husky, un être humain modifié génétiquement pour pouvoir supporter le froid glacial de l’Antarctique. A la fin du XXIème siècle, la péninsule Antarctique a été aménagée pour accueillir l’essentiel des populations survivantes aux catastrophes climatiques successives. Grand, athlétique, recouverte d’une fourrure fine, elle fait partie d’une nouvelle espèce redoutée et méprisée par la majeure partie de la population. Son peuple est indispensable et accomplit les besognes que les autres sont incapables de faire.

Il y a longtemps, les écopoètes libres considéraient que les huskies étaient une évolution et une chance mais la société a opprimé ses penseurs optimistes et préférer voir en ces nouveaux humains, des monstres implacables.

Austral a ainsi été malmenée depuis l’enfance. Elle a fini détenue pour enfin se réhabiliter en gardienne de prison dans un camp de travail appelé Kilomètre 200. Sa vie bascule lors d’un choix irréfléchi mais inévitable lors de la visite d’un homme politique important, Alberto Toomy.

Austral est la maîtresse du caïd de la prison, Keever Bishop, elle ne l’aime pas et les deux jeunes gens se servent mutuellement l’un de l’autre. Elle est cependant tombée enceinte et alors que le malfrat prévois de profiter de la visite du candidat aux prochaines élections pour le faire chanter et s’échapper, la jeune husky décide de cacher sa grossesse et de couper les ponts avec son amant trop dangereux.

Austral a pour mission de semer le chaos en interloquant l’élu sur la condition des huskies lors de sa venue au camp.  Austral est par sa grand-mère liée par le sang au politique et sa voix pourrait nuire à la campagne en cours. Mais le jour de l’inauguration, Austral comprend que son amant va enlever la fille du politique qui est aussi sa cousine. Elle ne la connait pas mais en peut laisser faire. Austral se débarrasse des hommes de main et s’enfuie avec la gamine riche et gâtée qui la prend pour son kidnappeur.

L’adolescente nommée Kamilah craint la husky, ne la croit pas quand à ses intentions. De son côté, Austral si elle a vraiment voulu sauver la gamine, voit la possibilité de récupérer de l’argent pour assurer à son enfant un avenir loin des profondeurs de l’Antarctique.

Commence alors une course poursuite avec les autorités d’un côté, et les hommes de main de Bishop de l’autre dans le froid agressif des terres les plus au sud du globe. Mais les dangers même de l’Antarctique et des autochtones sont déjà bien suffisants. Peu à peu un lien particulier se nouent entre les deux jeunes femmes que tout oppose.

Avec un style poétique, des explications scientifiques fluides et accessibles et un ton émouvant et drôle, Paul McAuley nous offre ici un très beau roman d’aventures et de science-fiction, une histoire touchante, au rythme soutenu et aux rebondissements multiples. La lecture est palpitante et on dévore le roman en une à deux soirées, blotti sous une couverture épaisse en ressentant presque ce froid polaire si intense.

L'adaptation en série TV est prévue par l'équipe de The Walking Dead.