Critique Une vierge chez les morts-vivants [1971]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 23 septembre 2005 à 09h31

Un navet dans la marre

Christina est une jeune fille charmante mais un peu simplette. Elle se rend dans un château perdu dans une vallée isolée située entre Marina Baie des Anges et le Jardin d’acclimatation, une vallée très dangereuse où ‘’même les fleurs sentent la pourriture de la mort’’.
Dans cette bâtisse considérée comme abandonnée par les villageois des environs (notamment les résidents d’une auberge portugaise, ou espagnole), notre jolie cruche, dans l’innocence de sa jeunesse, ne s’étonne pas du tout de trouver des individus au comportement pour le moins original. Le maître des lieux a l’air d’être Oncle Howard, qui passe son temps à jouer au piano en remuant la tête comme l'ami Gigi Montagné, et en parlant science naturelle d’un air très sérieux ; ‘’cette vallée est remplie de prédateurs qui ne devraient pas y être, comme les faucons’’. A ses cotés, on peut trouver Tante Abigail, une philosophe en herbe ; ‘’le temps qui passe est aussi long la nuit que le jour’’ nous dit-elle. Il a aussi Carmençé, une jeune fille délurée qui adore se rouler par terre les fesses à l’air, faire des entailles dans la peau d’une médium inconnue avec des ciseaux afin de pouvoir y glisser du ketchup et le lécher, tout en gardant durant tout le tournage le même verre de whisky à la main. Enfin, il y a le serviteur, Fabrizio, un débile muet qui parle en gneu gneu, un véritable obsédé sexuel qui reluque les filles en tenant en main un rat crevé en peluche. Je vous aurais prévenu, tout cela est très métaphysique.
Bref, Christina, ravissante idiote, ne sent compte de rien, embrasse sa petite famille, et tue le temps (on a oublié qu’elle est venu pour assister à la lecture d’un testament) en dormant à poil avec un collier de boule, en se baladant partout en petite culotte rétro – suffisamment transparente pour s’apercevoir que dans les années 70, la déforestation n’avait pas encore touché la jungle amazonienne – et en se baignant dans des mares d’eau croupis remplies de nénuphars. Mares auprès desquels elle rencontre un jeune homme en blouson de cuir, un vieux comte érotomane, un jardinier, et un type assis sur le porche d’une chapelle à la porte ouverte, un énergumène suffisamment tordu pour dire qu’elle est fermée et que ‘’la mort rôde partout’’. N’empêche, on voudrait bien la voir, la mort, parce qu’on s’ennuie un peu quand même.
De plus, mazette, Christina a des visions. Elle voit son père, qui se trimballe dans le château avec un bout de corde autour du coup, qui lui dit qu’il est mort (ça on avait compris, merci) et que ce n’est pas bien. Visions qui donne l’occasion à Franco de nous offrir des supers effets spéciaux montés un fauteuil à roulette (on voit presque les machinos qui tirent le siège, c’est le délire). Un matin (ou un soir, en fait on ne sait plus, elle passe des heures à pioncer…), Christina se réveille et aperçoit au milieu de la chambre un imposant phallus en plastique posé au sol. Paniqué (elle est vierge ne l’oublions pas), elle donne un grand coup de pied dans cette virilité dressée (ouch !) en criant comme une folle. ‘’Malédiction, tu as brisé le Phallus sacré’’ déclare Carmencé avant de se rouler à nouveau par terre, un verre à la main.
Christina est alors amenée dans la cave de la maison du réalisateur – parce qu’elle a cassé le zizi en plastoc? - et attaché par terre avec de la ficelle à rôti. Devant son père qui crache du ketchup - tout en gardant l’élégance de garder sa corde au cou – Christina se fait masser l’abdomen par Carmençé devant les regards libidineux de Howard, Abigail et Fabrizio qui fait gneu gneu, le tout bercé par une musique cacophonique créée pour l’occasion par Bruno Nicolaï, le spécialiste des effets spéciaux. On est sidéré devant un spectacle d’un tel onirisme mais en même temps, on a envie que cela s’arrête. Etrange paradoxe.
Finalement, Christina se retrouve téléporté, à poil bien sur, dans l’auberge espagnole. Là, un médecin qui a des yeux qui jouent vachement bien, lui fait une piqûre de cheval en déclarant ‘’elle délire’’. Au même moment, tous les habitants du château se jettent dans la mare d’eau croupie et disparaissent dans vingt centimètres d’eau.
Réalisé en 1971 par Jesus Franco et retouché ensuite de nombreuses fois par ces filous de Eurociné, La Vierge chez les Morts-vivants est en fait la première version montée par le prolifique cinéaste espagnol. Avec ce film, l’auteur a essayé de nous offrir un conte poétique, onirique et érotique. Hélas, pour nous et pour lui, il échoue complètement. Les raisons de ce ratage sont nombreuses ; une réalisation trop flemmarde (avec un véritable festival de zooms inutiles) des dialogues mornes et inintéressants lorsqu’ils ne sont pas carrément stupides, et un scénario brouillon et remplis d’incohérences. Du coté de l’interprétation, le résultat n’est pas beaucoup plus flatteur et seul Howard Vernon se tire de ce traquenard. Le pire étant Jésus Franco lui-même, qui surjoue terriblement. Notamment dans une scène mémorable où il fait semblant de résister au sommeil.
Cette nonchalance, voir ce j’m’en foutisme, dans la réalisation amène des effets comiques involontaires qui se mêlent au véritable humour de situation qu’à volontairement instauré Franco dans certaines séquences (me demandez pas pourquoi…) et finalement le spectateur y perd son latin. S’il est bien disposé, il rigole tout le temps, sinon il pète un plomb

La conclusion de à propos du Film : Une vierge chez les morts-vivants [1971]

Auteur Nicolas L.
10

La Vierge chez les Mort-vivants est un film sans morts-vivants qui compte parmi les plus connus de Jesus Franco, et pourtant c’est l’un des plus mauvais. Réalisation poussive, ambiance poétique ratée, érotisme de pacotille, dialogues stupides, tous ces défauts entraînent ce film sur la grande route des nanars rétros. Ces films pseudo-intellectuels des années 70, qui sous le prétexte de vouloir mettre en avant un cachet artistique émancipé, pouvaient nous offrir sans complexe de véritables bouses cinématographiques.

On a aimé

  • Très marrant au dixième degré
  • Howard Vernon surnageant dans la tempête

On a moins bien aimé

  • La réalisation
  • Les dialogues
  • Les acteurs
  • Enfin, tout quoi..

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