Critique A.I. Intelligence Artificielle [2001]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 9 janvier 2006 à 09h32

« Please, make me real »

La Terre et l’humanité dans quelques décennies, ou quelques années… Le monde a changé, les océans ont recouvert les zones côtières et les populations se sont entassées dans de gigantesques constructions, où se sont réfugiés à l’intérieur des terres. Et pourtant, cet univers nous est si familier. Car mis à part ces artifices technologiques, l’humain, en son fort intérieur, a bien peu évolué.
Sa principale préoccupation est toujours sa quête de confort absolu, qu’il soit physiologique ou moral. Concentré sur son ego, il ne voit pas sombrer inexorablement sa civilisation mais en bon adepte de Mme de Maintenon, il a pris pour principe la célèbre tirade ‘’qu’importe, sire, après nous le déluge’’. Pour aider ces concitoyens à atteindre cette sérénité baignant dans l’égocentrisme, le docteur Lobby, cybernéticien renommé, a mis au point des androïdes, des organismes mécaniques capables d’assister le citoyen lambda dans son labeur et de le divertir au cours de ses loisirs. Les’’ mecas’’, comme on les désigne vulgairement, commencent alors à pulluler dans les maisonnées, les jardins, les parcs de loisir, les maisons closes, mais aussi les poubelles… car ces créations sophistiquées, même si certaines ressemblent comme deux gouttes d’eau à des êtres humains, sont considérés comme des consommables, des articles de luxe dont l’on se débarrasse sans regret lorsqu’on les trouve démodé.
C’est dans cet univers que va ‘’naître’’ David, le premier méca doué d’une conscience humaine. Créé à partir de l’essence mentale d’un enfant de 11 ans, ce doux et tendre méca a pour but de remplacer auprès de sa famille désespérée un fils plongé dans le coma. Et il remplit bien son rôle, ce cher David, ne sachant éprouver qu’amour et attachement envers sa famille. Un amour qui ne disparaît pas, bien au contraire, lorsqu’il connaît le même sort que ses congénères, au moment où son original charnel sort du coma et retourne dans son foyer. Devenu inutile et encombrant, David est alors abandonné dans les bois par une mère qu’il ne parvient pas à détester. Bien au contraire, il reporte la responsabilité de cet abandon sur lui-même, sur son état de créature artificielle et de succédané affectif.
Le petit David suit alors les pas de Pinocchio. Avec sa sensibilité et sa naïveté puérile, il part à la quête de la Fée Bleue, qui pourrait, il en est sur, lui donner un véritable corps d’enfant. Ses premiers pas le mènent à la Foire à la Chair, cette équivalence du cirque de Pinocchio, un lieu horrible dans lequel les humains dévoilent la véritable bestialité qui habite le tréfonds de leur âme en détruisant en quelque sorte, de manière abjecte et ludique, leur véritable reflet. L’humanité, paradoxalement, David la trouvera auprès du méca d’amour, un androïde programmé – destiné dirions-nous presque – à donner du plaisir et du réconfort aux éléments névrosés d’une civilisation malade et mourante.
Mais de la même manière qu’un véritable enfant quitte le monde du rêve et entre progressivement dans l’univers des adultes, David va être confronté à la réalité. De manière plus brutale et douloureuse, car David ne peut grandir et il ne le pourra jamais, David ne peut ressentir autre chose qu’un violent désir d’être aimer pour ce qu’il est : un petit garçon. Aussi, lorsqu’il apprend que la Fée Bleue – véritable allégorie sur la capacité de l’humain à rêver – n’est en fait pour lui que son créateur et qu’il est très loin d’être un spécimen unique, il refuse l’évidence. Et décide de retrouver la véritable Fée Bleue, celle des enfants en chair et en os, dans un sommeil éternel.
Adaptation d’un roman de Brian Aldiss, IA devait, dans un premier temps, être réalisé par Stanley Kubrick. Il n’en eu hélas pas le temps. Cependant, on ne peut pas dire que Steven Spielberg ne se soit pas investi dans le projet. Ayant travaillé de nombreux mois avec Kubrick, il était convaincu de la force et de la portée émotionnelle de ce conte. Il propose de nous narrer l’histoire de David comme celle d’un véritable enfant, un choix qui peut sembler facile mais qui aurait pu faire basculer le film dans la mièvrerie. Hors, il n’en est rien car David, interprété superbement par Haley Joel Osment, ne sert pas uniquement à faire verser les larmes, car par ses pensées humanistes et ses interrogations, il nous entraîne aussi vers la voie de la réflexion.
Bien évidemment, les scènes artificiellement émouvantes et un peu trop patos - comme la mère abandonnant son fils dans les bois, les regards de chien battu, ect. - ne sont pas absentes et pourraient paraître presque malhonnêtes. Mais n’oublions pas que il était difficile de traiter le cas autrement, et que le cinéaste a volontairement choisi de suivre les traces du conte de Pinocchio, prolixe en situations du même genre. Du coté de l’interprétation, aux cotés du jeune Osment, on remarque surtout la superbe prestation de Jude Law dans le rôle de Gigolo Joe, ce meca d’amour qui outrepasse sa programmation en donnant de l’humanité et des sentiments à ses clientes, encore plus que du sexe.

La conclusion de à propos du Film : A.I. Intelligence Artificielle [2001]

Auteur Nicolas L.
80

Malgré quelques longueurs et des séquences que l’on pourrait juger comme vraiment trop mièvres, IA est une véritable réussite cinématographique et un essai transformé pour le cinéaste Steven Spielberg, que l’on avait cantonné jusqu’alors à un registre beaucoup plus basique. Film à messages, empli d’émotion et d’humanité - alors que le héros se voit refusé cet état -, le célèbre réalisateur évite la plupart du temps les pièges ‘’disneyens’’ et ajoute une corde à son arc, à l’occasion de ce très beau conte mélancolique et poétique.

On a aimé

  • Excellent scénario
  • Ambiance sombre et poétique
  • L’interprétation d’un excellent niveau
  • La foire à la chair, cruellement baroque

On a moins bien aimé

  • Quelques séquences ‘’violons’’ un peu facile
  • Des longueurs qui peuvent décourager

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