Critique Strange Days [1996]

Avis critique rédigé par Manu B. le jeudi 23 février 2006 à 01h33

Si loin, si proche

Los Angeles, dans un futur pas si lointain. Lenny est un flic déchu, obligé pour survivre de vendre du rêve. A des gens bien souvent fortunés il leur promet de vivre des sensations exaltantes: participer à une séquence enregistrée, en tant que spectateur d'une scène déjà vécue. Mais ce voyeurisme est incroyablement réaliste puisque toutes les sensations de celui qui a enregistré ces séquences sont communiquées directement dans le cerveau du voyeur via les électrodes du casque fixé sur son crâne. Le réalisme est alors saisissant. Les expériences les plus extrêmes peuvent être vécues par procuration, se sentir comme une femme alors que l'on est un homme, participer à des ébats sans risque de tromper son ou sa partenaire. Mais les excès pointent rapidement leur nez puisque certaines de ces vidéos présentent des scènes de viol ou de meurtre, les Black Jacks par exemple. Lenny, largué depuis peu par sa petite amie pour un producteur, va se retrouver rapidement au coeur d'une intrigue où le rappeur Jericho se fait tuer...

Strange days: Max Peltier (Tom Sizemore), Lornette 'Mace' Mason (Angela Bassett) et Lenny Nero (Ralph Fiennes)
Strange days: Max Peltier (Tom Sizemore), Lornette 'Mace' Mason (Angela Bassett) et Lenny Nero (Ralph Fiennes)

On pourrait rapprocher ce film de Existenz, pour différentes raisons: la réalité virtuelle, l'extrapolation et l'exploitation de l'information.

Un futur bien sombre. Les émeutes sont proches depuis la mort du rappeur, dans ce Los Angeles, la ville des anges est le théâtre d'une folie meurtrière montante et grondante. Michael Wincott, encore cantonné dans ce rôle de leader charismatique de gang, comme dans the crow, résume cette société qui tombe dans l'abîme. C'est donc une ville au sombre futur que nous présente James Cameron, scénariste et producteur du film. D'une certaine façon, on est proche d'une société du genre de neuromancien de William Gibson, du moins aussi glauque, mais aussi de celle des Extrêmes de Christopher Priest. La faune urbaine est composée d'éléments de contre-culture évidents avec finalement l'un des seuls éléments science fictionnesques et d'anticipation: ce casque neural. Point d'interface à la matrice mais un cloisonnement du sujet voyeur dans la séquence vidéo dont il ressent toutes les actions et sentiments du sujet originel. Sexe drogue et rock'n roll pour l'ambiance générale, où la police, sous les traits de Vincent d'Onofrio, nous montre un côté très peu optimiste de ce qui nous attend. Est ce les émeutes de Los Angeles de 1992, ou bien la peur panique que certains ont véhiculé sur le net pour le bug de l'an 2000 qui ont inspiré les scénaristes ? Nul ne le sait, mais les faits sont étonnemment proches de cette fiction. Ce monde est le nôtre, en plein dans l'actualité de l'année de sortie de ce film.


Strange days: Faith Justin (Juliette Lewis). Une victime (Honey Labrador). Lenny Nero (Ralph Fiennes). Philo Gant (Michael Wincott) et Max Peltier (Tom Sizemore)
Strange days: Faith Justin (Juliette Lewis). Une victime (Honey Labrador). Lenny Nero (Ralph Fiennes). Philo Gant (Michael Wincott) et Max Peltier (Tom Sizemore)

Une réalisatrice au point. Au delà du contexte et de la vision de notre monde si proche, l'intrigue est menée et filmée de main de maître, où l'on n'est pas avare de séquence de ralentis aux moments clés. Les acteurs, dans ce film campent leur personnage sans fioriture et entrent dans leur peau rapidement et facilement. Ralph Fiennes est convaincant en ancien flic à l'air de chien battu, amoureux de la sensuelle et sexy diablesse Juliette Lewis. Angela Bassett est la dure au coeur tendre adéquate et Vincent D'onofrio est excellent dans la peau de ce flic véreux et raciste. La méchanceté à l'état pur. Finalement, aucun acteur ou actrice ne font tâches à l'écran, dans de somptueux décors d'un Los Angeles au bord de l'embrasement. Une réalisation impeccable. Un sujet presque sensible à l'époque. Rien à redire, vraiment.

Strange days: Dwayne Engelman (William Fichtner),  Jeriko One (Glenn Plummer) et Burton Steckler (Vincent D'Onofrio)
Strange days: Dwayne Engelman (William Fichtner), Jeriko One (Glenn Plummer) et Burton Steckler (Vincent D'Onofrio)

La conclusion de à propos du Film : Strange Days [1996]

Auteur Manu B.
80

Très bon polar d'anticipation.

Acheter le Film Strange Days en un clic

Nous vous proposons de comparer les prix et les versions de Strange Days sur Amazon, site de vente en ligne dans lequel vous pouvez avoir confiance.

Retrouvez les annonces de nos dernières critiques sur les réseaux sociaux

Sur Facebook | Sur Twitter

Critiques liées

  • Voir la critique de Strange Days
    78

    Strange Days

    par Christophe B. | Lecture : 1 mn 18

    Une réalisatrice "qui en a..." : Kathryn Bigelow est sans conteste la plus « virile » des cinéastes féminins. (Near Dark, Blue Steel, Point Break…) Son cinéma se d…