Critique La bataille de Liberty #1 [2003]

Mike se jeta à terre, le plus loin possible de l’éruption, rampant à reculons. Il était piégé par le regard de la créature, des yeux jaunes lumineux profondément enfoncés sous la carapace. Il y avait de l’intelligence dans ces yeux… et de la faim. Mais rien qui ressemblât à une âme.
La Bataille de Liberty est le premier volet d’une série de romans s’inspirant de l’univers de Starcraft, un jeu vidéo de stratégie en temps réel qui eut un énorme succès au début de ce siècle. Profondément ancré dans un style de jeu nerveux et orienté combat, le monde défini par Blizzard - l’éditeur - se voulait donc résolument belliqueux.
C’est cet univers que l’auteur Jeff Grubb a retranscrit dans son livre, en essayant de donner au background de ce monde un peu plus de matière, de structure et de substance. Il nous offre donc une vision sur un empirium politique assez stricte, la Confédération, pourrie en son cœur et dirigée par des familles de parvenus qui règnent sur des milliards d’individus indifférents répartis sur un grand nombre de planètes.
Le personnage principal, Mike Liberty, est l’un des instruments involontaires de cette institution ; un journaliste. Son tempérament peu malléable l’oblige cependant à trouver refuge dans une lointaine mission, en compagnie des militaires du Norad II, un croiseur intergalactique. Avec un style direct et de lecture facile, l’auteur nous décrit alors son long processus d’affranchissement au cours de ses diverses rencontres, lorsque l’humanité en péril se retrouve coincé dans un affrontement d’ampleur galactique entre deux races extraterrestres, les Zergs et les Protoss. Entre le marteau et l’enclume…
Mélange d’éléments inspirés des univers de Starship Troopers et de Warhammer 40000, ce premier tome de la série Starcraft est de lecture très divertissante. Les personnages sont loin de subir les stéréotypes du genre et Jeff Grubb s’attarde vraiment à leur donner de la personnalité, même s’il cède parfois à des effets cinématographiques un peu faciles. Les combats sont très détaillés, moins riches - de la part la nature primaire de l’univers – que ceux de l’univers de Warhammer 40000 mais tous aussi violents et destructeurs. Il s’attache également à fournir une masse de détails afin de fournir à cet univers aux pauvres fondements de l’originalité et surtout, de la personnalité. Il n’y parvient pas toujours – la noirceur du propos nous ramène souvent à l’univers de Games Workshop -, mais la tentative est à signaler. On a presque l’impression que l’univers de Starcraft se développe au fur et à mesure de la lecture. Ce qui n’est finalement pas dérangeant au sujet d’un monde plongé en pleine mutation. La fin, relativement pessimiste, est également une bonne surprise.