Critique La Main qui tue [1999]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 23 octobre 2006 à 08h30

Main baladeuse et hargneuse

Dans une banlieue américaine standard, vaste champignonnière dans laquelle pousse sereinement des fungi de bois et de tuiles, vit un schtroumpf dénommé Anton. Anton, spécimen parfait de post adolescent lymphatique, est un gros branleur qui meuble ses journées – d’une richesse aussi affligeante que les paroles d’une chanson de Kyo - en fumant des pétards, affalé sur le canapé de la maison parentale, la télécommande de la télévision à la main - le zapping compte en effet comme une partie non négligeable de sa vie parasitaire. De plus, comme un attardé a toujours plus de chance de trouver des potes que pourrait ne le faire un prix Nobel, ce fumiste d’Anton, pillard de réfrigérateur, compte deux disciples, en les personnes de Mick et Pnub, qui parviennent même à rivaliser avec lui dans le domaine de la fainéantise et de l’avachissement.
Soudain, un soir d’Halloween, la main droite d'Anton pète un plomb et décide de vivre sa vie (remarquez, vu le trip, on la comprend un peu !). Le problème c’est qu’elle se retrouve doté d’un instinct meurtrier et d’une insatiable soif de sang humain. Excès de consommation d’une herbe de mauvaise qualité ? Non, pas du tout, car, en fait, la main d’Anton est possédée ! Oui, possédée par un esprit démoniaque qui ne désire qu’une chose…. Euh, quoi déjà ? Ben, on s’en fout ! Je ne sais même pas si on nous l’apprend. On sait juste que la main veut amener Jessica Alba en Enfer après l’avoir mise en sous vêtements à dentelles très sexy. Il vaut dire que torride comme elle est, la Jessica, elle est fin prête pour se faire une virée du coté de Lucifer’s Garden.
Bref, Anton, ou plutôt la main avec lui accroché au bout, assassine ses parents et massacre ses potes par l’intermédiaire de sympathiques effets gore réalisés par le vétéran Greg Cannom. Si les vieux du possédé sont étendus pour le compte, il en est tout autrement des deux débiles qui ne sont même pas acceptés dans les chiottes de l’Enfer et reviennent sur Terre sous la forme de zombies pas frais à l’humour toujours aussi lourd. Mick, interprété par Seth Green, se balade de partout avec une bouteille plantée dans sa caboche vide et sa face de tête à claques. Quand au ventripotent Pnub, décapité, il se balade la tête sous le bras (on lorgne sec du coté de re-animator !) avant de se la scotcher sur le cou avec du gaffer de cinéma trouvé sur un coin du plateau.
Vous l’avez compris, La Main qui tue se veut donc une comédie dans l’esprit du Retour des Morts-Vivants, de BrainDead, Re-animator ou même plus récemment, de Shaun of the Dead. La situation déborde même dans le burlesque lorsque, accompagnée d’un Bon Jovi du pauvre, une chasseuse d’esprit noire (la chasseuse, pas l’esprit, il n’y a donc pas de faute d’orthographe, non mais !..), armée d’un kriss en plastoc et d’un air idiot, déboule au milieu de ce cirque potache pour tenter de faire rebondir un intérêt retombé depuis longtemps dans les chaussettes du spectateur. Dois-je vous préciser qu’elle n’y arrive guère ? On se croirait dans un mauvais mix de Parker Lewis ne Perd Jamais et Buffy contre les Vampires, vous voyez le topo ?
Les plus tolérant me répondront en argumentant que cette œuvre est destinée aux plus jeunes, aux ados boutonneux, de préférence de sexe masculin (et plutôt dressé). C’est vrai. Même si l’age des acteurs principaux laisse entendre qu’il s’agit de gars dans les 18 ans, on a droit à la sempiternelle séquence de bal du lycée et aux inévitables amourettes à deux balles. Mais bon sang que c’est mal rythmé ! A vouloir manger à trop de râteliers, Rodman Flender s’égare dans les références et entraîne le spectateur dans son errance. Et c’est vraiment dommageable car certains gags, pris séparément, sont plutôt réussis (la séquence du ‘’scotchage’’ de Pnub, la fouille de la maison avec le chien en éclaireur…). Mais, mal négociée, la scène suivante fait inévitablement retomber la sauce, par excès de vulgarité, de crétinisme profond ou absence totale d’intérêt.
Reste quelques satisfactions, comme des effets spéciaux de qualité et une forte présence du gore à travers des séquences qui fleurent bon les années 80. Bâti sur une idée finalement assez originale, je n’ose pas imaginé ce qu’aurait pu donné ce film si la réalisation avait été confiée à un Sam Raimi ou un Peter Jackson par exemple, ou même un Gary Jones tiens… pourquoi pas !

La conclusion de à propos du Film : La Main qui tue [1999]

Auteur Nicolas L.
40

Main d’Orlac potache, The Hand façon ketchup-movie, La Main qui Tue aurait pu être, si elle avait eu l’honneur d’un traitement mieux maîtrisé, une désopilante comédie horrifique ou, au pire, un nanar hilarant. Hélas, mille fois hélas, l’objectif a été raté, et ce film poussif ne laisse de positif dans son sillage que quelques idées rigolotes, quelques gags réussis et de bons maquillages. A voir une fois, à la rigueur, et a oublier…

On a aimé

  • Quelques gags réussis
  • Quelques idées intéressantes
  • Bons maquillages
  • Un Jessica Alba très jeune, mais déjà caliente !

On a moins bien aimé

  • Scénario trop stupide
  • Manque d’arguments comiques…
  • …remplacés par du vulgaire n’importe quoi

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