Critique Kull le conquérant [1998]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 27 avril 2007 à 01h25
Succédané de Conan à la sauce nanar
Kull, avec son immense hache en latex, son sourire Ultra Brite et son corps huilé, amuse la galerie. Celle-ci est composée d’une horde de soudards hilares qui gesticulent au son d’une musique métal, sous les rayons lunaires. Débordant d’énergie, Kull attire tout particulièrement l’attention du prince Taligaro, héritier du royaume de machin-chose (j’ai oublié le nom). Ce dernier, qui aime probablement les corps musclés et suants, le défie à l’épée enflammée, pour un combat du style colin-maillard. Très con, Taligaro annonce toutes ses attaques d’un rhaaa volontaire, ce qui permet à Kull de résister à ce guerrier émérite (des claques). Mais même si Kull se bat bien, il n’est pas retenu par Taligaro (j’ai pas pigé si c’était une vraie bataille ou un exercice en fait), qui ne le trouve pas assez noble pour figurer dans sa garde rapprochée (uhuh !), ou trop bien rasé pour faire un honnête barbare.
Peu importe, Kull est têtu, et il suit en courant (enfin, je pense car on voit pas), hache sur l’épaule, la cavalerie de Calogéro, euh Taligaro, qui est rappelée d’urgence au château suite à un pétage de plombs du roi. En effet, arrivé au château, le prince se rend compte que le roi a tué toute la famille, hormis une lopette habillée en galo-romain et un eunuque casse-couille (on critique toujours ce que l’on ne peut avoir, c’est bien connu). Pas même essoufflé, Kull, qui a suivi la conversation d’une oreille distraite, se mêle alors des affaires qui ne le regardent pas et abrége les transactions d’un bon cou de lame de 20cm dans des royales côtes. Agonisant, le roi, qui est vachement clairvoyant – car, étonnamment, il connaît le nom du barbare - et surtout pas rancunier, le désigne comme son successeur. Et hop ! En moins de dix minutes de métrage, Kull passe du statut de bouseux à celui de souverain. C’est beau, non ?
Evidemment, comme c’est un bon roi, il commence par faire des réformes (et des mécontents dans la noblesse, à commencer par la lopette et le prince). Il supprime le harem (le fou !), abolit les esclaves (l’inconscient, on voit qu’il a jamais fait la vaisselle) et se ballade dans la seule rue de ce décor en carton pâte tout en saluant les figurants de ses gestes augustes et bienveillants. C’est alors qu’une cartomancienne (qui le connaît également, j’ai raté un épisode ou quoi ?) le prévient d’un grand malheur, un malheur qui ferait suite à un baiser. Mystère et boule de gomme… Ainsi, en compagnie d’un moine tibétain, la cartomancienne au décolleté pigeonnant n’arrête pas de lui coller aux basques en jouant les rabats joie. Il faut dire que non loin, une intrigue maléfique se noue…
En effet, dans une citadelle de 10m², un sorcier étrange arborant un malabar mâchouillé en guise d’œil gauche, accompagné d’un cochon géant grimé en troll, réveille d’une incantation, « goula boula ouaktar lumpur », une vieille momie qui se transforme en la bonnasse Tia Carrere. Cette momie canon est en fait la Reine Sanglante, ou Akivasha (à tes souhaits !), souveraine d’un royaume maléfique aujourd’hui disparu, et qui compte bien remettre les choses en ordre, comme au bon vieux temps des démons. Elle pactise donc avec l’opposition et les centristes et parvient à séduire un Kull cœur d’artichaut, qui en moins de deux minutes, en oublie sa cartomancienne (il faut dire qu’elle est un peu chiante avec ses prédictions). Puis, la nuit des noces, Akivasha (à tes souhaits!) lance un sortilège qui plonge le bon (con) roi dans un simulacre de mort, et elle s’empare du pouvoir. Le spectateur, lui, frustré, n’a même pas droit à une paire de fesses. En héroïc fantasy, cela pourrait être considéré comme le comble de l’inélégance. Pfff…
Kull reprend conscience dans la citadelle, attaché mollement à un poteau. Il commence par envoyer paître la reine Sanglante, puis après avoir arraché (je ne sais trop comment) ses liens, il suspend son geôlier troll comme une cochonnaille. Celui-ci se met d’ailleurs à crier comme un goret. Il se alors rend en ville, mais anonymement ! En effet, l’auguste débile ne pense même pas à signaler à ses ouailles (qui l’adorent) qu’il est toujours en vie, il préfère se la jouer ninja, le visage planqué sous un heaume en zinc. Ainsi, alors que tous les spectateurs encore éveillés s’attendent à ce qu’il déclame son identité devant son peuple médusé… ben non !...Il surprend encore son monde en libérant la cartomancienne et en prenant ensuite les jambes à son coup ! Les voix du Barbare sont impénétrables, il n’y a pas à dire… Au fait, dans sa fuite, il rencontre également, au hasard d’un couloir, le moine mandchou qui lui annonce que la seule manière de contrer Akivasha (à tes souhaits) est de se rendre dans l’île de Glace pour s’emparer du Souffle de Viktor (ou Hector, ou Proctor), un dieu du surgelé. Mais l’affaire ne va pas être simple, car personne ne l'a jamais trouvée, cette île…
Mais bon, Kull, lui, il trouve l’île et le Souffle en dix minutes chrono, le temps de jeter un ancien pote pas cool à la baille (Jack Bauer, à coté de Kull, c’est un comique). La Cartomancienne s’empare alors du Souffle (y’a que les filles qui peuvent, bravo les filles !) qui était planqué dans une statue moaïs planquée dans une grotte en polystyrène, et tout le monde s’apprête à repartir pour mettre la rouste à la sorcière quand, catastrophe ! Taligaro débarque avec ses sbires, tue le moine sri lankais, capture la cartomancienne surgelée et abandonne Kull dans la grotte. On croit alors notre héros en slip perdu à jamais, coincé dans ce cube de simili glacier, mais Kull a plus d’un tour dans son sac, ou plutôt plus d’une hache dans le script. Grâce à elle, il pète le pif de la statue de Viktor et sort par les trous de nez du dieu, regagnant la haute mer. Là, s’en suit une histoire de bateau que je n’ai guère compris.
L’essentiel, c’est que Kull arrive pile poil au moment de l’éclipse et… comment ça quelle éclipse ? Je ne vous ai pas parlé de l’éclipse ? Ah ben oui, c’est vrai, faut dire que j’en savais rien moi non plus cinq minutes avant. Quoiqu’il en soit, le barbare débarque en plein milieu d’une cérémonie. Pour résumé l’affaire, Akivasha (à tes souhaits !) plonge dans un geyser de feu numérique pour se transformer en démone toute moche, rachitique et à la mauvaise haleine (je préférais ses précédentes rondeurs), Taligaro veut balancer la cartomancienne réfrigérée dans le feu pour détruire la Reine Sanglante et devenir calife à la place de la califette, le sorcier au chewing-gum sert à rien à part à bouffer un serpent, et Kull fout naturellement le bordel. Pour finir, c’est Kull qui s’empare du souffle en léchant la pomme de la cartomancienne et… Quoi ? J’ai dit que seules les filles pouvaient le faire ? Vi, c’est vrai, mais ce n’est pas moi qui ai écrit ce script, alors, hein… Je disais donc, Kull s’empare du souffle puis roule un magistral patin à la démone qui se retrouve toute chose. Puis elle finit par disparaître dans de zolis effets bleutés.
Pour la fin, c’est comme d’hab, ils se marièrent et eurent plein de petits kulls.
L’auteur de ce nanar de luxe s’appelle John Nicolella. Kull le Conquérant sera son premier et dernier film de cinéma, le pauvre homme s’éteindra en effet un an plus tard, victime d’un cancer a seulement 52 ans. Auparavant, ses compétences avaient servi à l’occasion de téléfilms et de séries télé. Et c’est à cela que son film, finalement, ressemble le plus ; à une sorte de Hercule ou de Xéna de luxe. Cette impression est d’ailleurs renforcée par la présence, dans le rôle titre, du tâcheron de ces dames ; Kevin Sorbo. Un acteur toujours aussi insipide, nettement moins charismatique que Arnold Schwarzenegger, plus chippendale que barbare sanguinaire. Une quiche body buildée…
Si la réalisation est vraiment terne (seuls quelques combats sont corrects), le pire de Kull est issu de son scénario. Un script rempli jusqu’à la gueule d’incohérences, de quiproquos et de situations ridicules. On a du mal à croire que le responsable de cette ineptie, Charles Edward Pogue , est aussi l’auteur du sympathique Cœur de Dragon. Remarquez, les costumes, dans le registre du n’importe quoi, ça assure aussi pas mal. On y voit de tout : des berbères, des barbares, des mongols, des chinois, des japonais, des vikings, un vrai marché de fripes ; les surplus d’Hollywood, en quelque sorte. Puis, finissons par les effets spéciaux. Passons sur les effets gore, il n’y en a pas, penchons-nous sur les effets visuels et les effets numériques. Et là, à ce sujet, je dois dire que j’aime bien ce maelström de feu dans lequel dansent les formes de Tia Carrere. Par contre, le démon final est franchement ridicule, mélange d’effets numériques et mécaniques pourtant orchestrés par l’expérimenté Kit West.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Kull le conquérant [1998]
Kull le Conquérant est un énième sous Conan. Un nanar de luxe, moins marrant que les séries Z du registre médiéval fantastique spaghetti, mais qui réserve quand même pas mal de moments suffisamment ridicules pour déclencher le rire. Un titre annonciateur des Donjons & Dragons et autres navets de Uwe Böll, un film référence, en quelques sortes. Donc, respect…
On a aimé
- Quelques séquences de combat
- Tia Carrere, très jolie
- Involontairement drôle
On a moins bien aimé
- Scénario inepte, rempli d’incohérences
- Kevin Sorbo, insipide
- Réalisation morne
- Costumes et décors souvent ridikulls
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