Critique Terre champ de bataille [2000]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 2 mai 2007 à 14h58
Les tocards de l’espace vs les Pierrafeux
En l’an 3000, l’humanité aura quasiment disparu et les quelques survivants ne seront plus que quelques poignées, regroupés en communautés primitives et tribales (période guerre du feu et ouga ouga). Les responsables de cette annihilation seront d’étranges extra-terrestres, sortes d’humanoïdes prétentieux, décadents et violents, au look de glam-rockers customisés rasta. Adeptes des moon-boots, des pattes d’ef et des deadlock de Bob Marley, ces créatures de l’espace auront pour principaux défauts, au-delà d’une autosuffisance notoire et d’un accoutrement étonnant, une cupidité maladive et une attirance pour l’or. Et c’est dans cet univers post-apocalytique que se lèvera un nouveau messie, porteur des espoirs de la race humaine ; Jonnie Goodboy Tyler…
Adaptation d’un roman de L. Ron Hubbard, Terre Champ de Bataille est en quelques sortes une relecture de la Planète des Singes, le roman de Pierre Boulle. Le coté philosophique de l’auto-destruction de la race humaine laisse ici la place à une invasion extra-terrestre dévastatrice. Des extra-terrestres ne voyant dans les survivants humains que des animaux à peine conscients. Et c’est dans ce point que se situe l’une des plus grosses absurdité de l’œuvre (il y en a bien d’autre, rassurez-vous !). Le fait que ces individus, d’une intelligence suffisante pour créer des machines à penser et des vaisseaux spatiaux, puissent avoir une telle méconnaissance de la civilisation qu’ils ont annihilé apparaît comme totalement stupide. Dans un premier temps, le spectateur peut aimer à penser qu’avec le temps, les Psychlos (c’est le nom de ces voyous spatiaux) ont oublié la gloire passée des humains. Mais non ! Même pas, puisque Terl , le chef des Psychlos, déclare à un moment : ‘’nous avons vaincu vos armées et vos vaisseaux en seulement sept minutes’’. Donc, les contemporains de cette histoire sont bien avisés qu’il y a eu conflit avec une civilisation faible, certes, mais suffisamment avancée pour posséder des armes et des machines.
Pourquoi, dans ce cas, les Psychlos installés sur Terre pensent que les humains sont des créatures incapables de raisonner ? Une ignorance stupide qui va entraîner le script sur le sentier glissant de l’incohérence, avec un chef Psychlo manipulateur mais foncièrement con, qui va fournir à l’ennemi les moyens de le vaincre. On en arrive alors à l’introduction de cette Machine à Apprendre, artefact directement issu de la philosophie scientologue (n’oublions pas que L. Ron Hubbard était, en plus d’être un excellent romancier et nouvelliste, le créateur de la Scientologie), qui va créer un nouveau mahdi, un messie qui va éveiller les consciences humaines et organiser la résistance.
Et c’est à ce moment que les incohérences cèdent le pas à la connerie en barre. Entre un extra-terrestre qui se laisse convaincre que des lingots d’or de Fort Knoxx puissent être des minéraux tirés fraîchement d’une mine et la rapidité d’apprentissage d’une bande d’hommes des cavernes finissant pilote de chasse, on navigue dans un océan de n’importe quoi. Du véritable foutage de gueule. Passe encore que ces extra-terrestres soient des abrutis, mais alors, dans ce cas, on a du mal à imaginer ces gros bourrins patauds mettre la rouste en sept minutes aux forces armées de notre bonne vieille planète. C’est pousser un peu loin de bouchon de notre tolérance potache, d’autant plus que l’on assiste à la transformation d’hommes de Cro-Magnon en héros capable de manier des explosifs, utiliser des armes inconnus, et piloter des Harrier en formation.
En face d’eux, les envahisseurs passent leur temps à comploter et intriguer pour améliorer leurs profits, ou se délectent de plaisirs sensuels avec des femelles à la langue d’une longueur pleine de promesses (seul moment un peu pervers du film). Ils finiront tous mal, bien entendu, - cette bande de dépravés cosmiques - et même très mal, puisque leur planète sera détruite par une réaction en chaîne d’explosions nucléaires. Boom, c’est fini. Game over, a-pu les Psychlos. Tabula rasa en cinq minutes. Bref, c’est n’importe quoi… Bien qu’ayant lu le livre il y a une vingtaine d’année (ce qui fait que j’en ai oublié maintes détails), je ne me souviens pas de la présence d’une telle stupidité. Je me rappelle juste d’une ironie et d’un second degré qui sont, eux, des aspects complètement absents du film.
C’est John Travolta lui-même, producteur de ce nanar, qui interprète le grand méchant Terl. Ridicule avec sa coupe de fumeur de oinj, son rictus haineux et son incessant cabotinage. Il n’est guère crédible dans ce rôle ‘’d’homme’’ fort. Il passe même plutôt pour un crétin. Pour le coup, il s’est ramassé un razzie award bien mérité ! Mais attention, tout cela n’est rien comparé à Forest Whitaker. Totalement ridicule dans son accoutrement, on dirait l’un des membres du groupe Kiss après une cure de cheeseburgers et de saucisses-frites. Un patatouf sidéral, une baudruche cosmique… Navrant, mais désopilant, comme dirait l’ami François Forestier. Du coté des gentils, c’est Barry Pepper qui interprète le Muad dib néanderthalien. Mis à dure épreuve dans cette débauche d’aberrations et de situations grotesques, il s’en tire finalement pas si mal. Et il est le dernier à couler avec le navire…
Si l’on s’intéresse un peu à la réalisation, l’on prend conscience que le britannique Roger Christian, très mal inspiré sur le coup (c’est assez souvent le cas, d’ailleurs), adore les ralentis. Il les vénère, même. Donc, il en fout de partout. Cela a pour conséquence de bien découper les séquences, afin que le spectateur puisse se rendre encore mieux compte de la connerie ambiante. Des fois qu’il ait été distrait par des évènements extérieurs, on n’est jamais trop prudent. Et quand il n’y a pas de ralenti, et bien… il n’y a rien… à part une caméra posée devant quelques comédiens qui débitent de stupides phrases de dialogues.
Reste les effets spéciaux, très corrects, et les décors, excellents. Guère étonnants lorsque l’on sait que Roger Christian est un ancien chef-décorateur (il a d’ailleurs obtenu un oscar pour Star Wars), que le principal créateur des FX est l’expérimenté Patrick Tatopoulos (principal collaborateur de Roland Emmerich) et que le studio chargé de la plupart des effets visuels est Rhythm & Hues, la boîte de Bryan Hirota. Cela est tout juste suffisant pour sauver un peu ce film, le rendant à peine digne d’être visionné en DVD. Juste pour se foutre de la gueule des Psychlos, les envahisseurs les plus minables de la Galaxie.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Terre champ de bataille [2000]
Quelle incroyable daube sidérale ! Un film au scénario si con que même ID4 pourrait passer pour un chef d’œuvre d’écriture cinématographique. C’est dire la grandeur du truc ! J’avoue que j’ai bien rigolé devant ces ringards de l’espace, ces extra-terrestres ‘’kitchissimes’’ aussi dangereux que des teckels édentés et aussi cons qu’une tribu de dodos en rut. Et je me suis marré comme un fou lorsque j’ai vu des hommes en peau de bêtes grimper dans des avions de chasse. Mais bon, je dois admettre que je suis un peu spécial… Les gens normaux, eux, risquent fort de s’ennuyer comme des rats à la vision de pareilles inepties. Franchement, je ne pense pas que L. Ron Hubbard méritait ça.
On a aimé
- Décors et effets spéciaux convenables
- Involontairement drôle
On a moins bien aimé
- Des costumes d’un total ridicule
- Un scénario d’un niveau de stupidité rarement atteint
- Personnages grotesques et mal construits
- Réalisation médiocre
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