Critique D-War [2008]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 23 novembre 2007 à 11h49

Du rififi chez les dragons de Corée

Après le très réussi The Host, voici débouler sur les écrans anglo-saxons - et je l’espère bientôt dans les salles francophones – un nouveau blockbuster coréen, le pétaradant D-War. Fort d’un budget de 30 millions de dollars, ce film fantastique a rencontré un phénoménal succès dans son pays d’origine, la Corée du Sud, et il se voit précédé d’une solide réputation. Mais qu’en est-il exactement ?
D-War est la mise en actualité d’une célèbre légende coréenne, celle du serpent dragon Imoogi. Dans ce film, le réalisateur-scénariste Hyung-rae Shim (à vos souhaits!) récupère le mythe et nous offre une histoire - alternant passé et présent - au cours de laquelle Imoogi se voit cycliquement proposer une réincarnation en dragon par l’intermédiaire de Narin (sans e), une jeune fille élue. Pour cette « ascension », il se voit aidé par l’incarnation d’un guerrier éternel, dont la tâche est de retrouver la jeune femme, cachée sous une nouvelle identité. Mais dans l’ombre guette le méchant dragon Buraki, némésis de Imoogi, une créature vile et puissante qui possède à son service une horde de guerriers et de monstres venus d’une autre dimension.


Annoncé tel quel, le scénario de D-War peut vous sembler extrêmement riche. Hors, il n’en est rien. Il est même carrément basique et puéril, et n’est qu’un prétexte à noyer l’écran sous un tsunami de destructions et de combats violents. Un aspect qui ne serait pas vraiment une catastrophe en soi si le script n’était pas si pauvre dans le domaine narratif. En effet, en plus d’être d’une simplicité affligeante, le scénario est également une compilation de séquences piquées aux différents blockbusters de ces dernières années. On y trouve donc, entre autres, des éléments et une imagerie empruntés (si j’étais méchant, je dirais même plagiés) à Star Wars, le Seigneur des Anneaux, Godzilla, Jurassic Park et King Kong. Dans ces conditions, l’histoire, vous vous en doutez, n’a rien de follichonne. On se balade en plein dans un univers de clichés et de déjà-vu, d’autant que l’aspect exotique est quelque peu estompé par la présence d’un casting presque essentiellement américain.
Faute de mieux, venons-en donc à ce qui nous intéresse vraiment : la réalisation. Et là, même si une nouvelle fois de nombreux visuels laissent apparaître de manière flagrante leur source d’inspiration, je dois admettre que j’en ai pris plein les mirettes. Découpé en trois grandes batailles – l’attaque du village au 16ème siècle, le combat dans Los Angeles et le duel, un véritable règlement de compte, des deux dragons –, le métrage convainc dans le domaine technique par son excellent montage, ses bons effets numériques et des cadrages saisissants. Pour établir un comparatif, j’ai trouvé le très intense affrontement dans les rues de Los Angeles entre les troupes de Buraki et l’armée US nettement plus impressionnant que la confuse baston de Transformers (avec une mention spéciale au combat entre les hélicos et les rejetons dragons). On assiste, scotché à son fauteuil, à un véritable déluge de feu, d’explosions et de violence contrôlée (pas de sang !), le tout toujours parfaitement lisible.

Mais est-ce que cette qualité technique suffit pour faire de D-War un bon film ? Personnellement, je ne le pense pas. Même si je ne me suis guère ennuyé à sa vision, le film de Hyung-rae Shim pêche trop par sa médiocrité scénaristique, son absence totale d’originalité et l’utilisation systématique de références tenant plus de la fumisterie que de l’hommage réfléchi. Cela peut à la rigueur abuser le gamin fan de japanime, mais le reste de l’audience risque fort de rire un peu jaune. Remarquez, pour un film coréen, c’est presque normal… non ?

La conclusion de à propos du Film : D-War [2008]

Auteur Nicolas L.
50

D-War est un film à double visage, illustrant involontairement en quelque sorte la dualité des deux dragons. Il est très réussi dans sa réalisation et dans sa conception technique - et parfois même saisissant - mais, par contre, il impressionne tout autant par la faiblesse de son scénario et son manque de personnalité. Au final, on obtient un produit mi-figue, mi-raisin, c'est-à-dire moyen.

On a aimé

  • Réalisation soignée et efficace
  • Effets spéciaux nombreux et très réussis
  • Bon rythme

On a moins bien aimé

  • Scénario simpliste et sans originalité
  • Bourré de clichés, imagerie souvent déjà vue

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