Critique Hiruko the Goblin [2002]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 18 février 2008 à 15h50
Démons à huit pattes…
En explorant les combles de son école, le professeur Yabe, accompagnée d’une lycéenne, ouvre involontairement les portes des Enfers, libérant des démons arachnéens. Avant cela, il avait bien pris soin de prévenir son ami Reijiro Heida, un archéologue passionné par l’occulte. Celui-ci se rend alors à l’école avec un attirail hétéroclite.
Arrivé sur place, il va apprendre que Yabe et la jeune fille sont portés disparus…
Réalisateur du génial Tetsuo, Shynia Tsukamoto s’attaque ici à la démonologie. Comme l’on pouvait s’en douter, il était hors de question pour lui qu’il aborde sans sourciller le domaine de manière classique. Ainsi, malgré un scénario très moyen qui emprunte à la fois à Démons, Evil Dead et Ghostbusters (si, si!), le cinéaste s’essaye tant bien que mal à donner à son œuvre une personnalité propre. Coincé par la structure rigide de ce script qui narre assez grossièrement la tentative de survie d’un groupe de personnes plongé dans un environnement hostile, il trouve un échappatoire par un mode de traitement ironique et la mise en valeur des monstres ; ces araignées-démones à tête humaine.
Bien entendu, dans ce film, Shynia Tsukamoto n’a pas la possibilité de délirer autant que d’habitude sur les sujets qui lui sont chers (le cyberpunk, la métamorphoses des corps, la résurgence métaphorique de la mauvaise conscience, la mécanisation de l’individu, etc…), Hiruko reste avant toute chose un produit de commande et les débuts du cinéaste dans la cour des grands studios (il renouvellera l’expérience avec Gemini), avec toutes les concessions et les contraintes que cette situation de dépendance entraîne. Très difficile dans ces conditions de laisser transpirer le coté underground qui donne aux films de Tsukamoto une couleur inimitable.
Donc, Hiruko est un film d’horreur à tendance humoristique mais de construction basique – l’énigme est même particulièrement crétine. Le cinéaste, privé de matière à réflexion, se concentre alors tout simplement sur les agissements de ce professeur farfelu et les apparitions démoniaques, tout en négligeant un peu le milieu dans lequel ils évoluent. En effet, et c’est le principal défaut du film, le décor et l’environnement n’ont strictement aucune fonction dans la mécanique narrative du métrage. Seuls quelques plans intéressants, comme la vie d’ensemble du complexe scolaire quand les héros récupèrent de leurs émotions en haut d’une colline, dégage une quelconque puissance. Et c’est bien peu…
Par contre, mis à part l’aspect environnemental, on ne peut reprocher grand-chose à Synia Tsukamoto en ce qui concerne la mise en forme de ce script. La réalisation est correcte, le montage est bien rythmé et prend bien soin d’éviter les ruptures de rythme, les soudaines attaques de démons sont efficaces, bref, tous les éléments propices à la construction d’une sympathique série B sans prétention sont réunis. C’est juste que de la part d’un réalisateur aussi original, l’on était légitimement en mesure de s’attendre à mieux.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Hiruko the Goblin [2002]
Hiruko, film de commande, n’est pas du tout représentatif du cinéma de Shynia Tsukamoto. Il n’en est pas pour autant un mauvais film. En effet, malgré son scénario trop simpliste et un manque d’ambition dans la réalisation, Hiruko est une divertissante série B, non dépourvue de cet humour noir cher au cinéaste, et qui met en scène une armée de démons arachnéens au look efficace. A voir.
On a aimé
- Les démons araignées
- Un humour noir qui fait souvent mouche
- Une réalisation consciencieuse, à défaut de géniale
On a moins bien aimé
- C’est du Shynia Tsukamoto ?
- Scénario basique
- Un décor sous exploité
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