Critique Funny Games US [2008]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le dimanche 13 avril 2008 à 16h47

On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs

George, Ann et leur fils Georgie se rendent en vacances dans leur propriété du bord du lac. Pour atteindre leur maison, ils passent devant celle de leurs voisins et amis. Ces derniers, malgré les saluts qu'ils leur sont adressés, se montrent à peine polis. Ils sont en compagnie d'un jeune homme qu'ils présentent comme étant l'un de leurs neveux. Quelques temps plus tard, Ann, dans sa cuisine, reçoit la visite du jeune homme. Excessivement poli, il sollicite quelques œufs...
Funny Games est le remake d'un film autrichien sorti il y a une dizaine d'années. C'est son réalisateur, Michael Haneke, qui s'est lui_même attelé à la tache, histoire que le traitement ne soit pas trop policé. Au final, le scénario de ce Funny Games US est identique à l'ancienne version, seuls les acteurs d'origine ayant été remplacés par des comédiens nettement plus connus.


Autant le dire de suite, pour ceux qui ne le connaîtrait pas, le cinéma de Michel Haneke est très particulier. Certains le trouvent avant-gardistes, d'autres y voient une prétention artistique ringarde, copiée sur la Nouvelle Vague du cinéma français. Est-ce à dire que Michael Haneke est une sorte de Jean-Luc Godard germanique? Nombre de cinéphiles sont à même de le penser. Personnellement, je serai un peu plus modéré dans ce comparatif
Car contrairement à ces auteurs qui s'attardent surtout à traiter de sujets sociaux et dramatiques au moyen d'un cinéma extrêmement épuré et parfois surréaliste, Michael Haneke se complaît dans le thriller, un genre très populaire. Le seul problème est la manière atypique dont il traite son sujet. Dans la forme, Funny Games est un film bâti sur la violence gratuite, celle dont les actes ne trouvent aucune justification, un conte cruel et cynique qui met des individus totalement innocents dans une situation désespérée. Au niveau de la structure dramatique, le cinéaste s'amuse donc à entraîner les victimes dans un monde de cauchemar qui ne laisse aucune place à l'espoir.
Par ce choix, il va nettement plus loin que Stanley Kubrick dans Orange Mécanique, même s'il utilise les mêmes archétypes pour représenter les bourreaux. Ce qui rend en fait si effrayants ces jeunes gens aux visages angéliques et aux tenus si correctes est leur absence de mobile. Coincés dans leur maison avec deux psychopathes, George et Ann n'entrevoient à aucun moment une solution pour s'en sortir. Du moins aucune solution rationnelle.

Le sujet est donc très intéressant, loin des clichés Hollywoodiens qui même dans les situations les plus dramatiques, laissent apparaître une voie de secours. Dans Funny Games, dés le début (l'introduction de l'incongrue musique métal est annonciatrice d'une horrible destinée), on peut deviner que cette famille est perdue d'avance. Pourtant, mécaniquement, habitué au cinéma US, le spectateur tombe dans les pièges tendus par Michael Haneke. On espère une issue heureuse quand Ann ou Georgie parviennent à s'enfuir, ou quand Ann parvient à saisir le couteau dans le bateau. Cruelle ironie! Le cinéaste s'amuse comme un fou et détruit avec cruauté tous ces moments d'espérance.
Le problème majeur est que pris dans son jeu, Michael Haneke prend le risque de laisser de nombreux spectateurs sur le bord du chemin. Son irrespect pour le thriller classique risque fort, de plus, de mécontenter tous ceux qui sont insupportés par l'introduction d'humour (même noir) dans ce genre de film. Il suffit de se remémorer le bide colossal du Hannibal de Ridley Scott pour s'en convaincre. Des grincements de dents des « puristes » qui se transformeront probablement même en cris scandalisés lors de la séquence dite du magnétoscope, au cours de laquelle Michael Haneke laisse apparaître que tout ce drame n'est finalement qu'une sinistre farce.
Pour le marché américain, Funny Game US s'est permis le luxe d'employer deux stars des studios. La très séduisante Naomi Watts et le très estimé Tim Roth. Plongés dans ce scénario un peu déjanté, et entraînés au cœur d'une réalisation cynique et nihiliste, les deux comédiens ont parfois du mal à se situer. Le peu de crédibilité de certaines situations ne leur favorise pas la tache non plus. Il en ressort au final que leur charisme n'est nullement remis en cause (ce sont deux excellents acteurs) mais l'efficacité de leur jeu en souffre un peu.

Puis, il y a Peter et Paul, les deux dandy psychopathes, deux individus apparemment bons sous tout rapport mais qui présentent un profil psychologique totalement voué au Mal. Le clin d'oeil cynique du Michael Haneke envers la Bonne Société pleine de tares est évidente, mais au-delà de la pointe sociale un peu convenue, il convient de voir aussi en ces deux tueurs un outil narratif de terreur très efficace. Assurément l'un des points forts de ce Funny Games.

La conclusion de à propos du Film : Funny Games US [2008]

Auteur Nicolas L.
55

Au-delà du fait que je me demanderai toujours pourquoi faire un remake à l'identique si peu de temps après la sortie de l'original (à part dans un but purement mercantile), j'ai trouvé en Funny Games un exercice de style intéressant mais peu excitant. Le film de Michael Haneke est original, c'est certains, et il présente une vision assez personnelle du thriller, mais encore faut-il, pour adhérer à la démarche, apprécier le cynisme et le manque de respect du réalisateur envers le genre. Ce qui n'est pas mon cas...

On a aimé

  • Un scénario original
  • Un couple de tueurs assez dingue
  • Vraiment méchant
  • Un exercice de style assez osé

On a moins bien aimé

  • Un aspect "too much" qui peut incommodé
  • Un regard assez personnel sur le genre

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