Critique Cradle of Fear [2001]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 19 juin 2008 à 17h57
Quand Dani fait sa star
Tout les amateurs de Black Metal connaissent (mais n'apprécient pas forcément son aspect "commercial") le groupe Cradle of Filth. En effet, avec Dimmu Borgir, c'est probablement le combo le plus connu de la scène internationale de musique extrême. De la même manière, tous les "métalleux" ont connaissance de l'égo démesuré de son leader, Dani Filth. Si à cela on ajoute que ce domaine bien particulier de l'univers Heavy Metal a toujours eu des affinités avec les icônes cinématographiques horrifiques, qu'ils soient classiques ou modernes, il était inévitable que l'on assiste un jour à la naissance d'un long métrage impliquant les auteurs de Sodomizing the Virgin Vamp et autres The Principle of Evil Made Flesh.
Pour ce travail, le groupe britannique s'est tourné vers l'un de leurs amis, le vidéaste Alex Chandon (réalisateur de plusieurs de leurs clips), qui ambitionnait depuis quelques temps la création d'un long métrage horrifique prenant comme modèle les grands classiques de la Hammer ou de la Amicus mais en les remettant au gout du jour, c'est à dire celui du gore érotique (cliché gothique par excellence). Ainsi, Cradle of Fear se présente comme une anthologie de quatre histoires reliées par un fil conducteur assez ténu: la vengeance d'un sataniste aliéné. Cet homme, reclus dans un asile (clin d'œil au film à sketchs Asylum, produit par la Amicus) parvient, par la force de sa pensée et l'assistance d'un tueur sanguinaire, à envouter les responsables de son emprisonnement pour qu'ils commettent des actes horribles. En même temps, on assiste à l'enquête menée par un officier de police obsédé par le personnage, un policier aux agissements d'ailleurs bien étranges.
Le premier sketch montre une jeune femme enceinte d'un monstre après avoir couché avec un inconnu, le deuxième raconte l'histoire de deux lesbiennes à fortes poitrines qui tuent un vieil homme suite à un cambriolage qui tourne mal et dans le troisième, un homme, qui a perdu sa jambe suite à un accident de voiture, tue un ami pour lui voler la sienne. Quand au quatrième, c'est l'histoire d'un informaticien (le fils du policier) qui devient accroc à un site internet présentant des spectacles interactifs de snuff.
Les sketchs ont des divers niveaux d'intérêt mais ils partagent un point commun: ils ne sont guère originaux par leur récit et donc prévisibles. Si fallait en citer un plus particulièrement, je dirais le dernier, avec son coté snuff movie dérangeant et son degré horrifique efficace. Ces récits utilisent souvent les mêmes éléments narratifs, à savoir un niveau de gore très élevé et la présence "d'actrices" qui n'hésitent pas à se débarrasser de leurs vêtements en toute occasion. En effet, Alex Chandon va très loin dans les effets gores avec énormément de gros plans assez craspecs qui - en raison des contraintes budgétaires qui rendent certains maquillages trop peu crédibles - tirent plus sur le grand guignol qu'autre chose (et ne parlons même pas des quelques effets numériques). Mais bon, le but recherché est atteint, à savoir offrir un spectacle potache et sexy pour spectateurs rigolards. Par contre, le glauque n’est pas au rendez-vous, même dans le troisième segment, où la femme de l’amputé joue la fétichiste avec le moignon de son mari (on est très loin du climat malsain de Crash, par exemple).
Dans ce film, Dani Filth incarne le tueur diabolique. Présent dans tous les sketchs - il est même une sorte de démon fornicateur dans le premier -, il balade sa silhouette efféminée sous une photographie de film porno low budget tourné en video. C'est limite ridicule, surtout quand le chanteur se met à faire des grimaces se voulant obscènes. Déjà que le niveau d'interprétation n'était pas bien terrible avec ces filles à la plastique intéressante mais au jeu calamiteux, Dani Filth enfonce encore plus le clou de la nullité dramatique. Heureusement, ces carences sont un peu compensés par le reste de la distribution, qui effectue correctement (mais sans génie) son travail. C’est d’ailleurs ce qui contribue à rendre le quatrième segment plus correct que les autres.
Comme je le disais plus haut, la réalisation pèche par son amateurisme et son manque de budget. Le plus gênant est le dosage dans la longueur des séquences et un montage morne et sans imagination. Ces aspects font que le temps parait parfois un peu long, surtout que le film dure deux heures, ce qui est beaucoup trop pour ce type de métrage sans réelle tenue dramatique. De plus, on l'était en droit d'espérer entendre un peu plus d'extraits des compositions du groupe. Hors, l'on est finalement surpris de constater qu'ils apparaissent seulement dans le premier sketch (on y voit même le groupe sur scène). Le reste du temps l'on doit subir une bande originale absolument pas accrocheuse et limite soporifique (de Dark Poetry parait-il).
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film (Direct to Vidéo) : Cradle of Fear [2001]
Cradle of Fear est un splatter satanique assez rigolo mais plutôt médiocre qualitativement parlant. Mal joué, mal filmé, avec ses sketchs aux récits prévisibles, il se rattrape sur les très nombreux effets gore potaches, des jolies filles pas frileuses et un quatrième segment intéressant. Bref, un spectacle éventuellement envisageable pour les soirées pizza-bière entre potes.
On a aimé
- Beaucoup de gore et des jolies filles
- Le dernier sketch
On a moins bien aimé
- Interprétation souvent mauvaise
- Réalisation maladroite
- Effets spéciaux cheap
- Récits peu originaux
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