Critique Unknown Beyond [2001]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 12 janvier 2009 à 14h33

Le fils des Grands Anciens est italien

La Terre dans le Futur. Les derniers représentants de l'humanité se terrent dans des galeries souterraines, fuyant l'ire et les malveillances des Grands Anciens, ces créatures maléfiques surgies d'outres mondes, ainsi que leurs légions de morts-vivants. Parmi eux, un groupe de soldats résiste encore. Après la découverte d'anciens parchemins, ils découvrent que la survie de la race humaine ne dépend que d'un seul livre; le Necronomicon, qui recèlerait tous les secrets (et toutes les faiblesses) des Grands Anciens...


Le cinéaste italien Ivan Zucconest un fan de l'écrivain Howard Phillips Lovecraftet il le revendique sans détour. Comme l'avait fait avant lui le grand Lucio Fulci dans sa "trilogie" (l'Enfer des Zombies, Frayeurs, l'Au-delà), il récupère bon nombre d'éléments identitaires lovecraftiens afin de construire sa propre mythologie dans un triptyque dont ce Unknown Beyond est le volet central (il est d'ailleurs doté d'une fin ouverte). Et comme l'avait fait également, il y a quelques années, le regretté maître du gore transalpin, l'adaptation d'Ivan Zuccon est très libre. Un aspect qui pourrait décevoir les fans de l'auteur qui espèrent découvrir en ce métrage un peu plus d'éléments propres au mythe de Cthulhu. Vous voilà prévenu.
Sans chercher à l'excuser, je dois préciser que le choix d'Ivan Zuccon de ne pas coller parfaitement à la mythologie lovcraftienne est une conséquence des limitations budgétaires de cette petite production indépendante. J'en suis certain. On sent qu'il aurait voulu en faire plus, mais coincé par des contraintes économiques, il a décidé de jouer la carte de la sobriété et de compenser ces manques spectaculaires en soignant plus particulièrement sa mise en scène et sa réalisation. Ainsi, dans cet Unknown Beyond, ne vous attendez pas à voir d'horribles créatures tentaculaires et d'effrayantes légions de serviteurs inhumains, sous peine d'être fortement désappointés. En tout et pour tour, vous aurez droit à la vision de quelques zombies (aux maquillages convaincants), une sorcière morte vivante au look gothique (on dirait une chanteuse de black Metal tombée dans une piscine) et un "fils de l'Au-delà" incarné par un comédien équipé de lentilles cornéennes colorées. Voilà pour les monstres. Pour le décors, c'est encore plus simpliste: une plage et quelques salles dans une cave. Mais attention, cela ne veut pas dire qu'Unknown Beyond est une ignoble bouse fauchée. Loin de là...

Car techniquement et esthétiquement, le film est d'un excellent niveau - c'en est même surprenant. Un savoir faire au service d'une atmosphère étrange et fantasmagorique très efficace qui fait qu'à aucun moment Unknown Beyond ne sombre dans le ridicule. A la limite, on peut s'y ennuyer, trouver le travail de Zuccon prétentieux et son intrigue fumeuse (il y a d'ailleurs un ou deux détails qui m'ont échappé et le combat final détruit un peu l'ambiance instaurée jusqu'alors), mais on ne peut pas dire que le cinéaste n'aime pas son travail ni qu'il a bâclé son travail. Chaque séquence, chaque plan, chaque angle de caméra, chaque éclairage sont tous le fruit d’une mûre réflexion et le résultat à l'écran est parfois d'une esthétique stupéfiante au regard des moyens de tournage en DV. On se croirait un peu évoluer dans l'univers de Jean Rollin, mais avec une approche plus sombre, plus trash. Certains tableaux sont très beaux, comme ce champs de crucifiés ou cette séquence d'ouverture, reflet de l'un des cauchemars du personnage principal.
Et finalement, l'ambiance lovecraftienne est bien là! C'est sombre, nihiliste, glauque et en même temps très atmosphérique (bon, et un peu confus aussi, il faut bien le dire). Ivan Zuccon, en amateur du genre, récupère quelques icônes par ci par là; le fils de l'Au-delà qui m'a rappelé Le prince des ténèbres de John Carpenter, des voix de démon empruntées à Evil Dead, une capture de Zombies évoquant Day of the Dead, etc, mais il les intègre parfaitement à son univers, évitant ainsi ce désagréable "effet patchwork", si fréquent dans les oeuvres de réalisateurs cinéphiles débutants. Il est simplement dommage que cet effort soit parfois annihilé par un jeu d'acteur à la limite de l'amateurisme (à part Michael Segal, convaincant dans un rôle difficile). C'est évidemment les séquences les plus dialoguées qui subissent les dégâts causés par la médiocrité du jeu de la plupart des interprètes. Dommage, mais cela ne remet nullement en cause l'énorme potentiel artistique d'Ivan Zuccon, que j'attend de voir sur des projets plus ambitieux (NyMpha et surtout le tout nouveau Colour from the Dark, adaptation moderne de La Couleur tombée du Ciel).

Au niveau horrifique, si sa première partie est assez faible en séquence choc, Unknown Beyond se rattrape bien dans sa deuxième, avec quelques passages très gores (des maquillages spéciaux de Massimo Storari) et assez démonstratifs. On retient un arrachage de coeur, de langue et au final, un petit bébé monstrueux plutôt réussi. Le film est cependant nettement moins gore que la promotion du produit ne le laisse entendre.

La conclusion de à propos du Film (Direct to Vidéo) : Unknown Beyond [2001]

Auteur Nicolas L.
55

Ivan Zuccon a un énorme potentiel, il le démontre avec ce Unknown Beyond qui ne doit ses faiblesses qu'à un budget vraiment trop limité et une interprétation assez mauvaise. Techniquement abouti, fruit d'un travail consciencieux et d'une recherche esthétique poussée, ce film ne plaira pas à tout le monde (nombreux sont d'ailleurs ceux à le trouver nul) mais il ne peut en aucun cas laisser indifférent.

On a aimé

  • Un réalisation et mise en scène consciencieuse
  • Photographie très soignée
  • Bonne atmosphère lovecraftienne

On a moins bien aimé

  • Un scénario un peu confus
  • Une interprétation à la limite de l'amateurisme
  • Un budget très serré, et cela se voit.

Acheter le Film (Direct to Vidéo) Unknown Beyond en un clic

Nous vous proposons de comparer les prix et les versions de Unknown Beyond sur Amazon, site de vente en ligne dans lequel vous pouvez avoir confiance.

Retrouvez les annonces de nos dernières critiques sur les réseaux sociaux

Sur Facebook | Sur Twitter

Critiques liées

  • Voir la critique de The Darkness Beyond
    60

    The Darkness Beyond

    par Nicolas L. | Lecture : 4 mn 52

    Le rodeur devant le Seuil : L’Altrove est le premier long métrage d’Ivan Zuccon. Malgré des erreurs de jeunesse et un manque évident de budget, l’on devine en…