Critique Mum & Dad [2010]

Avis critique rédigé par Vincent L. le lundi 20 avril 2009 à 13h32

Tout simplement surprenant...

Véritable surprise du BIFFF édition 2009, Mum & Dad ressemble, de prime abord, à n'importe quel nanar fauché comme on en trouve tant sur les étalages des vidéos clubs. Direct-to-dvd au budget minimaliste - environ 110 000 € - ce long-métrage est pourtant le style même de série B que l'on aimerait bien rencontrer plus souvent, de ces productions très modestes qui fonctionnent parce qu'à la barre se trouve un réalisateur réaliste, pragmatique, qui, conscient d'avoir en main un budget ridicule, ne s'est pas lancé dans un projet infaisable mais, au contraire, a pris le parti de s'armer d'un script solide, misant avant toute autre chose sur l'intelligence de son propos pour gagner le spectateur.

Et autant dire que la réussite est ici de mise, car Steven Sheil, réalisateur et scénariste de Mum & Dad a fabriqué et a mis en boite un long-métrage prenant, où l'absence de budget, si elle se devine, ne se voit jamais à l'écran et qui, au final, se révèle être plus passionnant que certains autres films de genre dotés d'un budget cent fois supérieur. Une démonstration de talent impressionnante, un réalisateur qu'il faudra suivre et, pour la toute jeune maison de production, Microwave – dont c'est le premier long-métrage – une brillante manière de débarquer dans le monde déjà surpeuplé des direct-to-dvd.

Steven Sheil, donc, est le principal instrument de cette réussite. Son scénario, écrit en connaissance du budget qui lui serait alloué, mise avant toute autre chose sur l'ambiance. Pour faciliter son travail de réalisateur, il s'est attaqué à la thématique de la famille pour mieux pouvoir la démonter, la reconstruire, bref jouer avec tout ses stéréotypes. Les personnages de "Maman" et de "Papa" (qui n'ont pas d'autres identités que leurs fonctions) représentent ainsi le couple de quarantenaires type. Lui travaille, elle est au femme au foyer, lui commande mais elle décide, lui est dur avec ses enfants lorsqu'elle a tendance à les materner plus que de raison. Mais derrière cette façade type – à défaut d'être idéale – Maman et Papa sont des psychopathes de la pire espèce, s'amusant à capturer et à torturer les malheureux émigrés ayant croisé leur chemin, dont les enfants ne sont en fait que des malheureux pris en otages obligés de jouer le jeu pour sauver leur vie.

Toutes ces institutions que sont la familles, les enfants et les apparences en prennent pour leur grade dans ce script clairement pas idiot. Mais à côté de cela, Steven Sheil n'en a pas pour autant oublié de raconter le film d'horreur que le spectateur attendait. Probablement par manque de budget, l'hémoglobine ne coule pas à flot dans son long métrage, mais chaque effet gore est soigneusement pensé pour renforcer l'horreur morale et psychologique de son scénario. On suit donc ici les mésaventures de la "nouvelle" fille de Maman et Papa, aux prises aussi bien avec deux dangereux tortionnaires qu'avec de nouveaux frères et soeurs peureux que cette dernière puisse les remplacer.

C'est donc une ambiance très malsaine – car s'appuyant sur des poncifs familiaux que nous connaissons tous - qui se dégage de l'ensemble du film, lequel flirte avec des notions taboues tel l'inceste, mais sans jamais s'appesantir dessus ou en tirer des scènes inutiles et gratuites. La sobriété de la mise en scène de Steven Sheil – doublé de l'habilité que ce dernier a déployé pour masquer son manque de budget – rend ainsi honneur à un film qui dérange autant qu'il interroge. Il est simplement dommage que, par moment, celui-ci sombre dans un mauvais goût dommageable, notamment avec le personnage du fils dont l'aspect pervers n'apporte rien de crédible ou de judicieux à l'histoire racontée, ou lors de la dernière scène, qui est à deux doigts de sombrer dans le grotesque.

Devant la caméra, une fois n'est pas coutume, des acteurs très supérieurs à la moyenne s'affairent à rendre leurs personnages crédibles et effrayant. Perry Benson, qui a le physique de l'emploi, campe ici un Papa effrayant, prêt à exploser à n'importe quel moment, lorsque Dido Miles interprète une Maman plus stoïque, mais dont la nonchalance renforce la dangerosité latente de son personnage. Entre les deux, une véritable alchimie se produit à l'écran ; une étrange relation, entre amour et peur, marque ainsi chacun de leurs échanges verbaux. A côté d'eux, Ainsley Howard, interprète de la soeur "aînée", Birdy, campe un rôle de garce jalouse très savoureux qui, bien que pas original pour un sou, reste tout de même délicieusement détestable. Il n'en va malheureusement pas de même pour Olga Fedori et Toby Alexander, interprétant respectivement les rôles de l'héroïne et du frère, qui ne semblent pas spécialement inspirés et livrent quant à eux des prestations globalement fades.

La conclusion de à propos du Film : Mum & Dad [2010]

Auteur Vincent L.
75

Pour son premier long métrage, et considérant le budget ridicule dont il a disposé, Steven Sheil signe un véritable coup de maître ! Scénario solide, thématiques intelligentes, ambiance malsaine et glauque, interprètes solidement dirigés sont au programme de ce Mum & Dad aussi surprenant qu'inventif. Un réalisateur qui mériterait d'aller loin, une personnalité à suivre de très près.

On a aimé

  • Un scénario solide,
  • Des thématiques intelligentes,
  • Une ambiance réussie,
  • Trois très bons personnages principaux,
  • Perry Benson, Dido Miles et Ainsley Howard,
  • Un manque de budget qui ne se voit pas à l'écran.

On a moins bien aimé

  • Le personnage du fils,
  • Olga Fedori et Toby Alexander, fades,
  • Sombre parfois dans le mauvais goût ou dans le grand-guignol,
  • Déroulement du scénario tout de même classique.

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