Critique Mutants [2009]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 30 décembre 2009 à 17h53

De l'horreur made in France qui assure

Reprenant sous forme de clin d'œil les personnages de Marco et Sonia présents dans Organik, un court métrage très réussi qui l'a fait connaitre dans le cercle des fantasticophiles, le jeune cinéaste David Morley nous propose avec Mutants, pour son premier pas dans la cour des grands, un survival horror s'inscrivant dans la tendance du moment, à savoir le film de zombie survitaminé.

Ainsi, au programme, nous avons donc droit aux séquences d'action filmées à la caméra épileptique, à une (superbe) photographie très travaillée qui n'est pas sans rappeler parfois celle des films de Danny Boyle et une réalisation alternant rythme effréné et séquences dramatiques posées, voire romantiques. Le tout s'appuyant sur un script guère surprenant, mélangeant des éléments de La Mouche de David Cronenberg, du Retour des morts-vivants 3 de Brian Yuzna et du Zombie de George A. Romero, le sanatorium remplaçant ici le supermarché - un choix pertinent apportant une bienvenue atmosphère froide et... clinique.

L'histoire tourne donc autour de la dramatique histoire d'un couple fuyant la sauvagerie et l'horreur causées par un terrible virus. En compagnie d'une femme militaire, circulant sur une route de montagne à bord d'une ambulance pratiquement à cours d'essence, Marco et Sonia sont à la recherche de la base NOE, dernier refuge de ce monde désormais envahi par des hordes de mutants cannibales. Mais la situation dégénère rapidement. Au cours d'une échauffourée, le militaire va perdre la vie et Marco est grièvement blessé. Par chance, juste avant que leur véhicule ne les lâche, ils atteignent un sanatorium pouvant servir de refuge provisoire. C'est alors que Marco se rend compte qu'il a été infecté...

Après une longue partie d'introduction se déroulant en extérieur, dans un superbe décor naturel couvert de neige, David Morley nous invite à suivre un huis clos très glauque et désespéré où une femme assiste, impuissante, à la transformation de celui qu'elle aime en monstre. Et je dois avouer que c'est à partir de cet instant que j'ai commencé à m'intéresser au film. En effet, sans la détester (certain plans sont même très chouettes, comme celui où la caméra filme, de dessous le véhicule, le flot de sang s'écoulant de l'ambulance pendant que Marco en nettoie l'intérieur), j'ai trouvé toute la partie précédente un peu poussive. Cette sensation repose principalement, il est vrai, sur la présentation et l'exploitation du personnage de la femme militaire, à la fois très caricatural (Michelle Rodriguez aurait été parfaite dans le rôle, c'est dire la subtilité) et guère utile dans l'évolution de l'intrigue. D'autant plus que le rôle est interprété par une comédienne empruntée, aussi à l'aise avec une arme d'assaut que moi avec une truelle, qui ne parvient pas à rendre son personnage crédible.

Débarrassé de ce "poids" (grâce au head shot d'une urgentiste nous surprenant par son habileté au tir), le film décolle enfin quand, dans l'intimité poisseuse de cet établissement déserté, Marco et Sonia se font face et éprouvent leur amour mutuel. A ce moment, comme il l'avait fait avec brio dans Organik, David Morley exprime encore une fois tout son talent pour traduire regards et petites gestes en émotions, souvent empathiques. C'est d'autant plus efficace qu'il est aidé dans sa tâche par des excellents effets spéciaux jouant sur le réalisme (l'agonie de Marco est particulièrement efficace dans le registre abominable) et deux acteurs pleinement concernés par l'importance de leur mission: Hélène de Fougerolles et Francis Renaud.

Ainsi, grâce à cette  bonne alchimie filmique, le cœur du récit, qui dégage une véritable atmosphère de poésie macabre, est très convaincante. Malheureusement, cela se gâte un peu par la suite, toujours sans sombrer dans le honteux. On se rend compte, à ce moment, avec l'arrivée de ce groupe de survivants déshumanisés, que seuls les deux personnages principaux ont bénéficié d'une réelle construction psychologique. Tout ce qui concerne ces bad guys sortis tout droit d'une série B américaine ne compose qu'une longue et prévisible série de clichés pas même amusants tant les acteurs chargés de les incarner n'ont pas les épaules (et le charisme) pour ce faire.

Au niveau technique, au regard de l'étroitesse du budget, force est d'admettre que David Morley a produit un excellent travail, qui me laisse à penser que ce jeune homme possède un fort potentiel et qu'on doit lui donner à nouveau du blé à moudre… et du plus consistant. Quelques flous artistiques un brin facile pour masquer une séquence un peu trop misérable sont bien la seule chose que je reprocherai au cinéaste qui nous livre ici un film à la réalisation solide, aussi bien dans les moments de tension que de relâchement. De plus, David Morley n'hésite pas à aller très loin dans le gore (du moins, aussi loin que ses moyens techniques le lui permettent), démontrant lui aussi que le cinéma de genre français a autant de tripes, sinon plus, que les autres. Il suffit de le laisser s'exprimer.

La conclusion de à propos du Film : Mutants [2009]

Auteur Nicolas L.
60

Très agréable petite surprise que ce Mutants. Bien entendu, ce film subit les conséquences de son étroitesse de budget, tant par les moyens techniques que par la prestation très moyenne de ses rôles de soutien, mais David Morley parvient à bien compenser ces faiblesses par une réalisation appliquée et une mise en scène souvent bien pensée. Un jeune cinéaste à suivre de près.

On a aimé

  • Une réalisation appliquée et une mise en scène réfléchie
  • Les deux comédiens principaux
  • Des effets spéciaux efficaces

On a moins bien aimé

  • Un scénario sans grande originalité
  • Les seconds rôles
  • Une première partie guère intéressante

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