Critique Giallo [2011]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 6 janvier 2010 à 20h02

Jaune pâle

Un tueur en série sévit dans la bonne ville de Turin, utilisant son taxi pour piéger les jolies touristes. Au même moment, dans son bureau situé dans les sous-sols insalubres d'un commissariat, un inspecteur solitaire bougonne et mène l'enquête. Ses journées rythmées par une intense consommation de cigarettes - et les passages réguliers du livreur de pizzas, son unique visiteur - il prend bien soin de coller au cliché de l'investigateur lambda, en fixant d'horribles photos de corps mutilés sur les murs et en ponctuant chaque froncement de sourcils d'un "damned" sévère (il manque toutefois au décorum la bouteille de scotch, ou plutôt de grappa, boisson plus conforme à la nature des lieux).

C'est alors que se hasarde dans cette cave poussiéreuse, poussé par un planton un brin cossard, Linda, une jeune femme affolée. Aussi charismatique qu'une huitre exposée aux méfaits d’un soleil de plomb, elle signale au policier italo-américain (on apprend en effet, au cours d'une conversation aussi intéressante qu'un exposé sur la culture de l'endive, que ce Enzo Avolfi est new-yorkais d'origine) la disparition de sa sœur. Nous, l'on sait (car on l’a vu) que celle-ci est ligotée dans une cave, kidnappée par un chauffeur de taxi mongolo fan de Rambo (il porte le même bandeau et cause tout pareil). La pauvre fille, jetée au sol comme un vieux sac, attend son heure en gémissant - ce qui ne devrait pas tarder, le tueur sadique ayant presque achevé de transformer une touriste japonaise en sushi. L'inspecteur, lui, n'a pas vu le début du film mais il est très intelligent (c'est probablement pour cela qu'il supporte la charge totale de ce boulot pendant que les collègues attendent peinard son appel pour intervenir) et il pige donc de suite que la pauvre fille a eu affaire au tueur.

Sans que l'on comprenne pourquoi (enfin, si, on comprend que le scénario est débile), ce policier doté de la tonicité d’une moule (Adrien Brody devrait arrêter le Prozac), en principe insociable et acariâtre, va accepter la compagnie de Linda, une nana pourtant hyper chiante et aussi sympathique qu'une porte de prison. Réunis, ces deux remèdes contre la grâce vont alors former l'un des couples l'un plus laids (« cinégéniquement » parlant) de l'histoire du thriller... Et mener une enquête aussi trépidante qu'un épisode de Derrick.

"Cet homme est très prudent, il ne fait jamais d'erreur", dit Enzo. Pourtant, ledit tueur néglige de s'assurer que sa victime nippone a bien rejoint ses ancêtres quand il abandonne le corps, saucissonné dans un plastique, près de la fontaine d'un couvent. "Jaune", a-t-elle de temps de souffler en japonais à Enzo (heureusement que celui-ci a un poissonnier japonais dans son cercle de connaissances pour assurer la traduction) avant d'expirer dans ses bras. Bon, c'est vrai, elle dit aussi autre chose, une sorte de poème bouddhiste, mais on s'en fout un peu vu que c'est purement folklorique. Ce qui compte, c'est "jaune". Jaune? Ce mot recélerait-il la clé du mystère? Probablement. "Ce lieu, la place du couvent, est aussi surement un choix hautement symbolique", en déduit également Enzo. Le puzzle se met en place. On pourrait frémir. On baille.

L'illumination va arriver d'un coup, à la morgue, mais pas par celui que l'on croyait. C'est Linda qui, en voyant un cadavre dans le couloir, fait de suite le rapprochement. "Jaune, c'est la couleur de sa peau", dit-elle. Eureka. "Il doit avoir un problème de foie", poursuit le légiste. Et les voilà partis pour le seul établissement du Piémont (à en croire le scénario) qui traite les patients atteints de maladies du foie. Mais, sans mandat, impossible d'outrepasser le secret médical et le service administratif du centre de soins se montre intraitable.

Pendant tout ce temps, le tueur s'amuse avec sa victime. Assez sobrement, je dois dire. Le mec préfère se masturber (de dos, hein, de croyez pas voir un zizi, ni autre chose d’ailleurs, en visionnant ce film) devant des photos gore visionnées sur son ordinateur portable. Heureusement, quelques flashbacks un brin craspecs viennent égayer ces très moyennes séquences horrifiques, avec une victime russe qui se fait exploser le crâne à coups de marteau, par exemple.

On en revient à nos amis, que l'on avait laissés devant une secrétaire médicale incorruptible. Ils semblent bien dans l'impasse. La chance va alors leur sourire. Ils vont en effet tomber nez à nez avec le sadique, venu dans la clinique récupérer ses remèdes. Très réactif, le tueur prend les jambes à son coup (ce qui le rend très suspect, il faut bien l’avouer), avec l'inspecteur sur ses talons. Mais hélas, Enzo fume trop (il n'arrête pas, tout comme sa nouvelle copine, de vrais locomotives), et il ne regarde pas où il met les pieds quand il se lance dans une poursuite. Enfin, malgré qu'ils l'aient laissé s'échapper, ce "coup de chance" permet d'identifier le tueur.

On s'attend alors à une grosse descente de police à l'adresse du suspect. Que nenni, au lieu d'appeler ses collègues, Enzo (qui nous dévoile lentement son sombre passé) préfère se rendre seul à son domicile. Je regarde alors ma montre: 1h10 de métrage + un script aussi linéaire que la grande ligne droite de Longchamp = le tueur ne sera forcément pas chez lui, mais dans sa planque. Ce qui, bien entendu, est le cas, occupé comme il est avec sa prisonnière. A ce moment là, l’on se rend d'ailleurs compte que ce soi-disant serial killer ultra méthodique est une quiche, aussi maladroit avec la sœur de Linda qu'avec la japonaise. Il est surtout très peu habile quand il s'agit d’assurer des nœuds. Tant et si bien que, s'il parvient à lui couper un doigt, il n'arrive pas à l'empêcher de s'échapper ... Ce qui nous permet de découvrir que sa planque est une vieille usine à gaz abandonnée (détail très important, voir plus loin le coup du briquet). Heureusement pour lui, le tueur connait les principes de téléportation et il va rattraper une victime qui a eu l'idiotie de s'arrêter pour admirer un arbuste feuillu.

Le maniaque se sent toutefois coincé, et il est prêt à négocier. Il se rend alors au domicile de Linda pour lui proposer le challenge suivant: en sa qualité d'hôtesse de l'air, elle a la possibilité de lui faire quitter le pays. En contrepartie, le tueur promet de libérer sa sœur qui, pour le moment, on le sait, n'a perdu qu'un doigt. Le deal parait honnête. Cependant, alors qu’ils s’apprêtent à quitter l'appartement, ils en sont empêchés par Enzo qui tambourine à la porte de l’appartement. En voyant la lame bleue de son briquet, ce policier inspiré a pigé où était située la cache du psychopathe au foie jaune (si, si) et vient en informer Linda. C'est alors que va débuter une séquence digne d'un épisode de Scoubidou Enzo fait semblant de s'en aller, descendant les escaliers, pour revenir sur la pointes de pieds une fois hors de vue du tueur qui l’observe par le judas de la porte… Quel malin cet Enzo !

Mais les deux autres ont décidé de passer par les toits. Lieu propice au déclenchement d’un puissant climax. Enzo essaie de maitriser le psychopathe, mais celui-ci se débat et bascule dans le vide, traverse un toit vitré et se retient in extremis à une charpente en fer… armée de débris de verre qui lui cisaillent les doigts ! Ainsi, dans la seule scène de ce film qui évoque un tant soit peu le cinéma de Dario Argento, le tueur, ses doigts ensanglantés glissant sur la charpente, va finir par lâcher prise pour s’écraser une dizaine de mètres plus bas.  S’en suit alors un final sans aucun intérêt qui n’a pour aucune autre utilité que de faire durer un peu plus le métrage…

La conclusion de à propos du Film : Giallo [2011]

Auteur Nicolas L.
40

Avec Giallo, sous l’alibi de se ressourcer, Dario Argento nous refait le coup de Card Player, c'est-à-dire qu’il nous propose un fade téléfilm indigne de son talent. En plus de cela, il nous impose la vision d’un calamiteux couple de comédiens (Emmanuelle Seigner et Adrien Brody) et d’un serial killer dont la « ressemblance » avec le personnage de Rambo (un brin tuméfié) a failli me faire mourir de rire. Enfin, cerise pourrie sur le gâteau de la médiocrité, il maestro joue les fumistes en ne prenant même pas la peine de donner un peu de style à sa réalisation pour agrémenter ce récit construit sur un scénario si peu surprenant qu’on le croirait emprunté à un épisode de Derrick. Consternant.

On a aimé

  • Quelques séquences, de petits détails...
  • Elsa Pataki, qui surnage dans la distribution

On a moins bien aimé

  • Scénario linéaire
  • Réalisation de retraité
  • Le calamiteux couple vedette
  • Le tueur, plus drôle qu'effrayant

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