Critique Infestation [2010]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 7 janvier 2010 à 18h41
Y'aurait pas comme un bug?
Sympathique fumiste porté sur les blagues potaches, le jeune Cooper est sur le point d'être viré par sa patronne quand un son insoutenable lui vrille les tympans. Une douleur qui finit par lui faire perdre connaissance.
Quand il retrouve ses sens, Cooper se rend compte qu'il est emmailloté dans une sorte de toile gluante. Nauséeux, il se libère de ses liens organiques tout en constatant que tous ses collègues de bureau sont inanimés, et pareillement entravés. Il s'apprête alors à réveiller et libérer ses compagnons quand il est attaqué par... un scarabée de la taille d'un gros chien!
Après avoir connu quelques succès dans le domaine du court-métrage, avec des œuvres mariant des thématiques diverses (horreur, science-fiction et comédie), Kyle Rankin s'aventure enfin dans la cour des grands armé d'un scénario de son cru et le soutien d'Icon Productions (la compagnie de Mel Gibson). Se satisfaisant d'un petit budget, Kyle Rankin s'attache alors à mettre en évidence les principaux éléments de son script, à savoir un antihéros sympathique, quelques seconds couteaux hauts en couleurs, des sales bêtes voraces et une jeune promise en détresse, le tout baignant dans une atmosphère potache et fun. En gros, il réutilise les recettes qui ont fait leurs preuves.
Infestation n'est donc guère un métrage surprenant. Dés les premières minutes, à la vision de ces jeunes gens luttant contre cette invasion d'insectes géants, l'on pense à des séries B comme Arac Attack, Ice Spiders ou Insecticidal. Cependant, dans la forme, par sa bonne tenue technique et sa maitrise dans la direction d'acteur, le film se rapproche plus du film de Ellory Elkayem que des deux autres, moins rigoureux. Oui, car force est de dire que Kyle Rankin a effectué ici un excellent travail, exploitant à fond (il était difficile, voire impossible de faire mieux) ce script de pur divertissement.
En bon fan de SF, Kyle Rankin appuie souvent ses effets et mets à jour sa sous-culture, attisant l'intérêt des fantasticophiles à l'affut des moindres clins d'œil. L'invasion des profanateurs de sépultures, Starship Troopers, Des monstres attaquent la ville, Hiruko the Goblin, Evolution ne sont que quelques unes des nombreuses références discrètement glissées dans le récit. Ainsi, si le réalisateur avait pour principaux matériaux narratifs les clichés et l'imagerie comic propres au b-movies SF des années 50, il n'a pas oublié d'introduire dans son œuvre ce qui a récemment été fait, notamment dans le registre du film post-apocalyptique, tout en l'épurant de tout message pouvant lui imposer une datation (on n’y trouve ainsi aucun message écologiste). Et le mélange se fait plutôt bien. Je dirai même qu'il aboutit de temps en temps à quelques surprises bienvenues (je ne vous dirai pas plus, rassurez-vous).
Kyle Rankin a également eu le nez fin dans le choix de son casting. On sait en effet qu'une grande partie du succès d'Arac Attack repose sur l'énorme capital sympathie dégagé par David Arquette. Et bien sachez que le jeune cinéaste a dégoté son alter ego en la personne de Chris Marquette! On se rend compte à l'occasion de ce film que Chris Marquette n'a pas qu'un nom assez proche - et une appartenance à une grande famille d'acteurs - comme points communs avec le petit dernier de la famille Arquette. Il possède le même talent pour incarner l'antihéros un brin froussard qui parvient, tout en accumulant les bourdes, à surmonter ses faiblesses pour accomplir de grandes tâches. Comme aller chercher celle qu'il aime dans un nid infesté d'insectes géants...
Chris Marquette est accompagné dans cette quête par une sympathique petite brochette d'acteurs plutôt doués qui parviennent à donner vie à leurs personnages, pourtant bien mal dégrossis. Élément indispensable, la jeune femme pour qui le cœur du héros bat si fort est interprétée par Brooke Nevin, un actrice canadienne absolument charmante. Puis, en milieu de métrage débarque Ray Wise, avec son regard de fou et son charisme envahissant. Caricature du père autoritaire et réac, incapable de montrer de l'affection à quiconque autre que son caniche, le comédien cabotine avec jubilation à travers un numéro stupide (comme quand il prend bien soin d'enfiler un treillis de camouflage alors que les insectes sont aveugles, sous le regard atterré de son fils) mais qui m'a bien amusé.
Restent à vous causer des effets spéciaux. Je dois admettre que j'ai été assez surpris. Je m'attendais à voir, comme souvent dans ce type de productions, des images CGI totalement ridicules et, au final, je me suis trouvé devant un spectacle tout à fait convenable. L'ensemble reste perfectible et les spécimens composant cette envahissante faune manquent un peu de variété, bien entendu, mais le résultat est très correct au regard du budget alloué pour la production de ce film. Je regrette juste que Kyle Rankin n'ait pas été un peu plus généreux en effets gore.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Infestation [2010]
Bien loin d'être le navet attendu, Infestation est une petite comédie SF baignant dans une atmosphère fun réussie et interprétée par un casting très sympathique. Les effets spéciaux sont corrects, la réalisation consciencieuse, bref, Kyle Rankin, pour son premier long métrage, nous offre là une série B grand public tout ce qu'il y a de plus divertissant. Si vous aviez aimé Arac Attack et Evolution, vous allez certainement apprécier Infestation.
On a aimé
- Atmosphère fun et decomplexée
- Des effets spéciaux corrects
- Un casting sympathique
- Une série B sans prétention
On a moins bien aimé
- Scénario lambda
- Du pur divertissement
- Peu gore
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