Critique Yéti [2009]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 6 octobre 2010 à 23h57
L’étron des neiges
Dans une Himalaya aux allures d'Alpes de Haute-Provence, confortablement installés dans une grotte douillette, allongés sur leurs tapis d'os, vivent monsieur et madame Yeti. Une vie simple et saine, composée de sorties au grand air et de bonnes siestes. Mais le couple Yeti aime aussi festoyer! Ainsi, quand vient la nuit, pendant que madame vaque à ses occupations ménagères, monsieur Yeti va faire les courses et ne manque pas de ramener, quand l'occasion se présente, des produits d'importation. Leur met favori est l'humain. Frais ou surgelé, peu importe, ils adorent ça! Aujourd'hui, la famille Yeti est donc tout heureuse d'apprendre la livraison par transport aérien d'un nouvel arrivage d'humains, dont certains sont déjà cuits...
Chers lecteurs, si vous n'avez jamais imaginé voir les fruits d'un croissement improbable entre le cousin albinos de Sebastien Chabal et un kangourou, je vous encourage chaudement à combler ce manque en visionnant Yéti, téléfilm de Paul Ziller dans lequel apparaissent des abominables hommes des neiges vraiment bizarres. Et quand je dis bizarre, je pèse mes mots. Car que penser de ces créatures pataudes qui ont un mal fou à se déplacer dans leur élément naturel, la neige (imaginez-vous en train de marcher avec des palmes aux pieds dans du sable mou et vous aurez une idée assez précise de l'aisance et de la démarche de ces pauvres ères hirsutes), et qui, d'un coup, comme par magie, en se métamorphosant en des créatures CGI absolument pas ressemblantes, arrivent à effectuer des bonds gigantesques? Etrange, non? On peut se demander aussi, à raison, qu'est-ce qui peut pousser ces yétis à enfiler des bottes en plastique blanches quand ils se retrouvent suspendus au-dessus d'un précipice? Et couvrir leur visage d'un masque en latex mal ajusté? Et que mange un yéti quand il a épuisé sa réserve de chair humaine parce que le coin a l'air particulièrement chiche en gibier? Des racines, des pommes de pin? Cela serait étonnant, vu la nature de leur dentition. Bref, beaucoup de questions et peu de réponses. Le yéti est vraiment un être plein de mystères.
Ce ne sont d'ailleurs pas les seules choses d'étranges que l'on peut découvrir dans ces montagnes. Par exemple, on y voit des conifères pousser à une altitude inaccessible aux hélicoptères, un gros lapin se transformer en une minuscule peluche informe quand il est atteint par un javelot artisanal et une tempête de neige qui ne parvient pas à recouvrir les débris d'un avion, aussi petits soit-ils. Quand aux humains, par l'étrangeté de leur comportement, ils ne sont pas en reste. Entre des naufragés des neiges qui cherchent désespérément des allumettes alors que le site fourmille de débris incandescents, qui envisagent d'incendier leur abri pour signaler leur présence alors qu'un bois se situe à un vingtaine de mettre, et des sauveteurs qui se rendent sur le site d'un crash à deux, sans communiquer une seule fois par radio avec leur QG et carrément les mains dans les poches (sans couverture de survie ni rations à remettre aux survivants, mais avec des armes de poing!), on évolue en pleine quatrième dimension! Il est d'ailleurs bon de noter que ces secouristes sont de braves américains occupant le seul poste de secours du coin. C'est vrai, j'avais oublié, les gens originaires de cette région asiatique sont tous des éleveurs arriérés ou des amateurs de mandalas.
Bref, pour revenir à notre histoire, monsieur Yeti, par le bruit du crash alerté, se rend au marché pour y chercher de la viande fraiche. Il faut dire que les deux spécimens paumés qu'il a chassés la veille lui ont plus ouvert l'appétit qu'autre chose, d'autant plus que l'un d'entre eux a réussi à lui échapper (il erre désormais dans une crevasse glacée, avec sur ses jambes cassées, en guise d'attelles, un radio déglinguée et l'avant-bras d'un ami). Arrivé sur les lieux, monsieur Yeti est heureux de constater la bonne présentation des produits; disposés dans la neige en une belle ligne, ces humains ressemblent à ces merlans présentés dans la glace que l'on peut trouver sur l'étal de votre poissonnier habituel. Ainsi, monsieur Yeti, après avoir hésité un peu, choisit une belle pièce et s'en retourne vers son logis.
Non loin de là, réfugiée dans l'épave d'un avion, à travers le hublot, une jeune femme observe la scène. Elle est horrifiée (l(actrice écarquille les yeux et pousse un petit « hiii ! ». Il faut dire que le macchabée surgelé récupéré par cet autochtone à forte pilosité, elle le connaissait bien, tous les passagers de cet avion échoué faisant partie de la même équipe de football américain. Du crash, il n'y a eu qu'une poignée de survivants (pas de bol, parmi eux se trouve l'habituel égoïste casse-couilles), dont elle fait partie. De tous les autres, il ne reste que cette rangée de cadavres... en conditionnement Findus ou Vivagel, bien sûr...
Evidemment, au bout de quelques jours, la chasse se révélant peu fructueuse, vient se poser pour les survivants le problème de la faim (et de la fin pour les scénaristes). Certains commencent alors à saliver en lorgnant sur leurs anciens amis, rangés un peu plus loin. Deux partis vont se créer, ce qui va amplifier les désaccords déjà existants concernant l'attitude à adopter. Finalement, tous, sauf l'eurasienne, écoutent l'appel de leurs estomacs. Le quaterback, armé d'un bout de verre, s'en va prélever quelques tranches de lard. D'autres s'occupent de la cuisson. Il y en a même qui bricole une poêle à frire. Probablement parce que les brochettes sans lardon ni marinade, c'est pas bon. Puis le diner est prêt.
- On dirait du poulet," commente l'enfoiré en se léchant les doigts. L'eurasienne fuit. Encore une végétarienne, ou une galinacéphobe.
En fait, c'est la famille Yeti qui va débloquer la situation, notamment monsieur Yeti qui se sent soudainement une âme de King Kong et porte son dévolu sur une jolie brune (Carly Pope, version éco de Megan Fox). Emporté par des pulsions canailles, il kidnappe la jeune fille (en même temps qu'arrivent les "secours" sur le site) et l'emporte dans sa grotte pour lui faire des papouilles. A sa décharge, force est d'admettre que la pompom girl est bien plus sexy que madame Yeti, et surtout bien plus glabre.
Pauvre yéti, il ne sait pas, apparemment, qu'il ne faut pas faire chier un WASP! Et surtout pas lui piquer sa petite amie! Remonté comme une pendule, le jeune homme - au jeu aussi naturel qu'une savate sur le pied d'un canard - décide alors d'aller récupérer coûte que coûte sa copine, et il convainc même ses compagnons et les deux sauveteurs de la justesse de sa cause. Save the cheerleader!, comme disait l'autre. Se déroule alors un affrontement sauvage et sanglant entre ces monstres bondissants et les courageux (sauf le fouteur de merde qui, comme de bien entendu, est de plus un lâche) humains! Aucun des partis ne montre la moindre pitié et le spectacle se révèle alors bien gore, même si les effets spéciaux sont plus que perfectibles (mention spéciale à une fausse-tête de latex remplie de faux sang). On y voit un monstre empalé dans une fosse remplie de crayon géants; une tête, écrasée par le pied d'une des créatures, exploser comme une pastèque trop mûre; un des yetis (qui, comme les trolls, ont une capacité de régénération) arracher un bras d'un de ses adversaires pour l'utiliser contre lui comme s'il s'agissait d'une massue! Au final, bien sûr, les gentils réussiront à débarrasser la surface de la terre de ces horribles créatures. Ou pas.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Téléfilm : Yéti [2009]
Syfy est une chaine bien connue pour la médiocrité de ses programmes en ce qui concerne la diffusion de téléfilms (ils se rattrapent bien avec leurs séries télévisées) mais, là, force est d'admettre qu'ils poussent le bouchon de la fumisterie sacrément loin. Yéti n'a en fait d'abominable que sa qualité, les créatures (aux maquillages lamentables et aux effets CGI pourris) y étant aussi terrifiantes qu'Elie Semoun grimé en Dracula. Finalement, la bêtise affichée par la brochette de crétins qui compose le groupe de survivants est nettement plus effrayante. A coté de cela, le scénario est tellement invraisemblable et la réalisation si cheap que le spectacle est devient presque surréaliste, et donc parfois désopilant pour peu que le spectateur soit un amateur de nanars. Mais bon, cela n'en est pas moins un sacré étron des neiges.
On a aimé
- Parfois désopilant de par sa nullité
On a moins bien aimé
- Une véritable bouse
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