Critique Guardians of Graxia [2010]
Avis critique rédigé par Amaury L. le dimanche 5 décembre 2010 à 08h14
Ne demandez aucune grâce ou alors mourez !
Vous êtes le Gardien de votre peuple et en tant que leader assoiffé de conquêtes, rien ne vous attire davantage qu'agrandir votre puissance et votre royaume. A l'aide de vos troupes, combattez victorieusement les seigneurs de guerre rivaux et construisez votre légende dans le sang et la fureur de batailles dantesques. Rien ne s'y oppose sauf si vous n'êtes pas le Gardien ultime.
Ouh la grosse boîte ! Quoi, c'est tout ce qu'il ya dedans !
La boîte de Guardians of Graxia semble démesurément spacieuse pour le matériel contenu. Toutefois, cette impression diminue quand on installe celui-ci sur une table de jeu. On commence par trente sept tuiles terrain, recto / verso, qui forment une multitude de champs de batailles potentiels. Les illustrations baignent les joueurs dans un univers médiéval fantastique apparemment brutal. La suite surprend moindrement les possesseurs de Heroes of Graxia avec deux cent quarante cartes Unités ou Sort qui reprennent majoritairement les personnages, héros, sorts tirés du précédent opus. Toutes les cartes comportent un texte abondant en anglais, parfois jusqu'à quatre effets distincts. Un plateau de jeu indique tous les paramètres évolutifs (valeur de combat, mana restant, point de victoire, nombre de tours effectué) en cours de partie. On termine par une centaine de marqueurs divers (Contrôle, Action entreprise, Blessure...), une aide de jeu résumant les différentes phases d'un combat, six figurines Gardien en plastique (les mêmes que dans Heroes of Graxia) et un gros livret en anglais d'une vingtaine de pages. En dehors de cette boîte inutilement imposante, l'éditeur Petroglyph soigne ses produits et on aspire rapidement à tester la bête.
Matériel de la boîte (photo éditeur)
Ouch, ça va faire mal à la tête !
Lorsqu'on s'attaque à la règle de Guardians of Graxia, on se demande si on va parvenir au bout de celle-ci. En plus d'être longue, des erreurs d'agencement ne facilitent pas la compréhension et la retenue de tous les détails constituant ce wargame sans figurines.
Avant d'entamer une confrontation, les joueurs choisissent un scénario et s'informent des conditions de victoire (détenir deux lieux stratégiques un tour entier, buter un monstre adverse...). Le livret contient six scenarii à deux belligérants et autant en solitaire.
Ensuite, chaque joueur reçoit un deck de départ avec des unités et des sorts accompagnés du « Guardian » privilégié. Un tour de jeu s'articule en quatre phases. Un joueur exécute son tour entièrement avant que l'adversaire n'entame le sien.
On pioche quatre cartes parmi ses deux decks de départ (unités ou magie) qui n'évoluent jamais (au contraire de Dominion, Thunderstone), avec éventuellement l'achat contre mana de cartes supplémentaires. Ensuite, on active ses troupes présentes sur le plateau. Une Unité activée peut se déplacer sur une tuile Terrain adjacente et / ou attaquer une unité adverse à portée, se protéger, activer une capacité spéciale (tir à distance, se déplacer plus rapidement, voler, se régénérer...). Une phase de Commandement permet l'emploi de sorts magiques, en payant le coût de Mana qui outrepassent les règles standards (une unité se déplace ou attaque à nouveau, gain de Mana...). Avec le Mana restant, on invoque des unités supplémentaires placées sur ses tuiles Royaume obligatoirement. Le tour du joueur se termine par la génération de mana octroyée par les Tuiles terrain sous son contrôle. C'est ensuite le tour de l'autre joueur.
Un combat se déroule en étapes, croisement attaque / défense (physique ou magique), protection liée au terrain, soutien d'unités alliées, utilisation d'une capacité de combat, lancement des sorts, le sacrifice d'une carte (on augmente sa force de combat OU on baisse celle de l'adversaire), le calcul des blessures subies par les deux camps. Si l'attaquant inflige plus de blessures que le défenseur, il l'oblige à retraiter et occupe, s'il le souhaite, la tuile libérée. Si une unité n'a plus de points de vie, elle est retirée du plateau. On marque des points en éliminant des unités, ou en contrôlant des villes, des villages, des châteaux.
Le vainqueur sera celui qui, après un nombre de tour fixé par le scénario, remplit les conditions de victoire exigées ou totalise le plus de points de gloire.
Gardez les tous sous votre contrôle, éliminez les !
Guardians of Graxia se déroule dans un univers médiéval fantastique où les continents flottent dans l'immensité d'un ciel rougeoyant de colère belliqueuse. Reprenant le même cadre que Heroes of Graxia (lire la critique), Guardians of Graxia s'en démarque complètement par ses mécanismes. Il ne s'agit pas d'un jeu axé sur la construction personnalisé de son deck, mais d'une déclinaison « rethématisée » de Panzer general (un wargame se déroulant pendant la seconde guerre mondiale) du même éditeur.
Les six "Gardiens" de la boîte...
Après une mise en route délicate, pendant les parties de découverte, le nez des joueurs furète constamment dans le copieux corpus de règles à la recherche du paragraphe qui lève le doute sur un cas de figure litigieux, Guardians of Graxia propose une alternative intéressante aux amateurs de jeux d'affrontement. Les figurines cèdent leur place à des cartes où toutes les informations spécifiques de l'unité sont annotées. Si on dispose de la totalité des paramètres pour exécuter ses manœuvres, il demeure délicat de maîtriser toutes les subtilités (les capacités des unités) qui se déclenchent dans des conditions particulières. L'erreur survient fréquemment avec des décisions bancales ou maladroites qui handicapent la marche en avant de ces troupes. Comme souvent dans cette famille, l'apprentissage dure quelques parties avant de réellement remporter une victoire sur son seul talent de stratège.
Toutefois, le matériel immersif et l'énorme potentiel de Guardians of graxia s'imposent comme une évidence et malgré les errements initiaux, l'envie de mieux connaître le bébé apparaît dès les premiers instants.
Guardians of Graxia se tourne vers la confrontation directe avec ingéniosité. Cette action majeure du jeu s'approprie presque toutes les bonnes idées de l'ensemble. Les auteurs ont réussi à intégrer habilement des astuces qui assurent une cohésion avec la thématique guerrière affichée. Chaque unité possède des capacités qui obligent l'attaquant à bien mesurer la portée se son attaque et les éventuelles conséquences en cas de défaite. On essaie de regrouper des unités complémentaires afin de maximiser ses chances de remporter un assaut. Chaque activation d'une troupe s'accompagne d'un temps de réflexion intense, avec toujours la crainte d'être pris à revers ou d'avoir commis une maladresse grossière. Une précision millimétrée des déplacements semble nécessaire pour s'assurer un comportement satisfaisant de ces unités pendant la bataille. Une impossibilité de retraiter fait perdre un point de vie supplémentaire mais permet de garder sous contrôle un terrain stratégique, une ville procure sept Manas par exemple. Ce foisonnement tactique dope considérablement l'intérêt des « Guardians » en herbe qui s'émerveillent devant une palette décisionnelle conséquente. De plus, la gestion n'est pas abandonnée et le Mana, ressource précieuse générée uniquement par les terrains sous son contrôle, demande un emploi judicieux. Il participe à enrichir les choix des joueurs en imposant des restrictions presque « budgétaires » (« si je lance ce sort, je ne pourrais pas invoquer mon « Gros bill » en soutien de mon « Guardian »). Cela accentue le plaisir en imposant une tension qui ne faiblit jamais tout du long des deux heures que dure la partie. Oubliez l'indication fantaisiste de l'éditeur qui indique entre 45 et 60 minutes pour terminer un scénario, jamais au cours des tests, cela fut le cas.
Un bon Grog et ça repart...
Avec ses six scénarii, Guardians of Graxia ne s'épuise pas au bout d'une dizaine de parties. On découvre progressivement des unités non encore utilisées, des sorts inconnus, des champs de batailles inédits. Le jeu conserve une pérennité temporelle étonnante, en regard de la masse de jeux « jetables » qui sortent chaque mois sur les rayonnages. Suivant le « Guardian » et le scénario choisis, des approches différentes parviennent à surprendre les joueurs au bout d'une vingtaine de parties. Et comme l'éditeur vous donne quelques astuces pour créer ses propres scénarii, la durée de vie s'allonge presque infiniment.
Un avantage considérable ressort de ce wargame « allégé » (selon l'éditeur), il parvient à conserver une fluidité dans l'enchaînement des tours. Guardians of Graxia tourne comme une horloge ce qui paraît paradoxal en raison de l'abondance d'informations à traiter. Même lors de la première partie, les joueurs visualisent correctement l'évolution de la bataille et les actions à entreprendre. De plus, une version solitaire assez réussie offre la possibilité de « défourailler » de la créature, les soirs d'hiver quand sa copine préfère regarder les dernières séries TV à la mode. Car si on devait trouver une faille dans cette œuvre solide, on pointerait la thématique abordée laissant la gente féminine de marbre qui l'adresse principalement à des joueurs avertis, masculins de surcroît. Baston bien grasse à prévoir !
A noter l'existence dune version PC de Guardians of Graxia qui reprend les mécanismes du jeu de plateau avec plein de scénarii nouveaux.
Capture d'écran du jeu PC Guardians of Graxia
La conclusion de Amaury L. à propos du Jeu de société : Guardians of Graxia [2010]
Guardians of Graxia s’inspire de Panzer general, un wargame du même éditeur prenant cadre la seconde guerre mondiale qui connaît un succès honorable outre atlantique. Axé sur la confrontation, Guardians of Graxia s’impose mécaniquement par de nombreuses astuces qui le différencient positivement de ses concurrents (plateau de jeu amovible, troupes de départ diversifiées…). Malgré une thématique conventionnelle, on accroche de suite à l’univers proposé grâce à un éventail tactique d’une richesse presque infinie. La fluidité parachève de convaincre les joueurs sensibles à cette famille. Avec moins de texte en anglais ou une version française (pas à l’ordre du jour), la note de Guardians of Graxia aurait certainement gagné un demi point. Devenez le plus grand Gardien de Graxia !
On a aimé
- Excellent système de combat.
- Renouvellement important.
- Version solitaire.
- Dynamique malgré la durée.
- Illustrations attirantes.
On a moins bien aimé
- Pour un public averti, masculin de préférence.
- Beaucoup de texte (en anglais) sur les cartes.
- Règles parfois imprécises.
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