Critique Double D Avenger - Les Appâts de la Justicière [2003]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 7 décembre 2010 à 18h11
La terreur des soutifs
Chastity Knott est une aimable quinquagénaire appréciée autant pour l'ambiance sympathique de son pub que pour la plongée vertigineuse de son corsage. Quand elle apprend, lors d'un contrôle médical de routine, qu'elle est atteinte d'un cancer, elle ne peut se résoudre à l'idée et, sur les indications de son médecin, part en Amérique du Sud (pays des kangourous) à la recherche du crockozilla, une variété de bananes aux propriétés curatives. Hors, ce fruit ne va pas seulement la guérir de son affection, mais également lui donner des capacités physiques surhumaines. Décidant d'utiliser ses nombreux pouvoirs au service de la justice et de la bienséance, Chastity, revêtue de sa combinaison de super-héroïne devient alors The Double-D Avenger!
Double-D Avenger, voilà un film qu'aurait aimé voir Russ Meyer, lui qui était tant passionné par les femmes callipyges aux poitrines généreuses (voire démesurées). D'ailleurs, au-delà de son amusant générique vintage, de par la composition de son casting, le film de William Winckler se veut être un hommage à ce grand monsieur du cinéma d'exploitation des années 60-70. Le cinéaste a en effet choisi, pour interpréter le rôle de Chastity Knott Kitten Natividad, une pornstar des années 70 ayant également travaillé avec Russ Meyer (Ultravixens, 1979). De plus, elle n'est pas la seule girl de Russ Meyer à avoir remis le bustier trop serré pour servir le délire de William Wickler. En effet, les amateurs de cinéma polisson reconnaitront sous les traits de la gynécologue une certaine Raven De La Croix, qui connut son heure de gloire en 1976 dans Megavixens (1976) et, dans le rôle de l'une des méchantes, Haji, l'une des furies féministes de Faster Pussycat! Kill! Kill! (1965).
Parodiant les films de super-héros, le film, filmé en vidéo, est un enchainement de situations gaguesques complètement débiles ayant presque toujours comme focus les énormes paires de nibards de ses protagonistes. Les dialogues, s'ils ne brillent pas par leur finesse, se révèlent toutefois assez drôles ("je peux peut-être vous proposer une solution, mais elle n'est pas très orthodoxe", dit la gynécologue à Chastity. "Je m'en fous, je ne suis pas juive, dites-moi"). Par contre, si le film se montre souvent bien vulgaire ("j'aime les grosses" dit-elle) et se hasarde même sur la voie scabreuse du subjectif (avec un duel aux godemichets et une fellation sur une banane), aucun plan de nu n'est à signaler et l'on ne voit pas même apparaitre l'ombre d'un téton. L'âge des actrices y est surement pour beaucoup, bien que même les plus jeunes femmes faisant partie du casting (Mimma Mariucci, Sheri Dawn Thomas, Andrea Ana Persun, Elizabeth Starr, Sandra Dease, Logan La Brent) ne vont pas plus loin que les poses subjectives en lingerie, y compris lors des séances de strip-tease. Les amateurs de cinéma érotique en seront donc pour leurs frais.
Double-D avenger, privé d'éléments salaces et explicites, se pose donc comme une pure comédie burlesque, son seul atout étant l'efficacité de ses gags et son ambiance foutraque. Et c'est bien à ce niveau que se situe le problème. Faute de pouvoir se rincer l'œil, le spectateur aspire à voir dans le film une succession de situations cocasses mais, malheureusement, il va vite se rendre compte qu'une mécanique de rire basée presque à 100% sur des blagues à base de nichons finit par montrer ses limites. Ainsi, si dans un premier temps, l'on rit des "exploits mammaires" de Chastity, l'on finit par trouver un peu redondant ses uppercuts du sein droit et ses amortis du gauche. Tout comme l'on va finir par juger agaçant ces séquences exubérantes se déroulant dans le strip-club, quartier général des adversaires de Double-D Avenger, surjouées par des comédiens en free style. En fait, c'est un peu comme si l'on visionnait un film Seduction Cinema privé de ses scènes de cul.
Au niveau de la réalisation, le "travail" de William Winckler est truffé de défauts (on a même droit à un champ contre champ inversé), de faux raccords et de séquences incluses aux forceps dans la narration. Ainsi, les scènes du rêve "érotique" du petit ami de Chastity et des trois filles en lingerie rallongent certes la durée du métrage mais ne servent strictement pas l'intrigue et, pire, massacrent le rythme narratif (déjà bien faiblard) presque autant qu'une coupure pub. Enfin, cerise moisie sur le gâteau du nawak ; pour pallier au manque de tonus de ses comédiennes d'âge avancée et à l'absence d'un budget effets spéciaux, le réalisateur a souvent opté pour accélérer au montage ses séquences d'actions, à la manière d'un cartoon ou d'un épisode de Benny Hill. Mais comme la mise en scène est inexistante (tout comme la direction d'acteurs), le résultat est pitoyable.
Et pourtant, pourtant, force est de reconnaitre que l'on ne parvient finalement pas à détester ce Double-D Avenger. Le constat est étrange; le film de William Wickler (qui y interprète un petit rôle) est une série Z maladroite, qui traine terriblement en longueur, qui est vide de sujet, mais que l'on ne regrette pas d'avoir vu. Encore plus dingue, on peut même s'en trouver satisfait. On peut essayer de trouver une raison à cet attachement dans les quelques répliques vraiment drôles qui balisent le métrage, dans cette incontestable atmosphère festive qui s'en dégage ou dans une sorte de fascination hypnotique devant un spectacle présentant un tel néant artistique. En fait, je ne sais pas... C'est d'ailleurs peut-être pour cette question restant sans réponse que le film a acquis aux USA le statut d'œuvre culte.
A noter, pour la petite histoire, la présence en caméo de monsieur Sci Fi en personne, dans la peau d'un donateur de musée, le regretté Forrest J. Ackerman.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film (Direct to Vidéo) : Double D Avenger - Les Appâts de la Justicière [2003]
Hommage au Russ Meyer, friandise déjantée offerts aux amateurs de femmes mures callipyges et dotées de tours de poitrine démesurés, Double-D Avenger est aussi une série Z mal foutue et à l’interprétation approximative. Cependant, malgré l’évidence de ses défauts, on ne peut s’empêcher de trouver ce film sympathique, à la fois par la décontraction avec laquelle William Wickler a (mal)mené son entreprise et l’ambiance festive qui s’en dégage.
On a aimé
- Une ambiance vintage fun et déjantée
- Un hommage sincère à Russ Meyer
- Quelques gags et dialogues bien drôles
On a moins bien aimé
- Un film qui s’essouffle vite Une réalisation approximative
- Des séquences inutiles
- Un aspect burlesque qui ne fonctionne pas toujours
- Très cheap
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