Critique Shark in Venice [2010]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 10 décembre 2010 à 17h58
Venise… sa place, ses gondoles, son palais, ses re
Un mafieux cruel mais particulièrement crétin a décidé de protéger l'accès à un trésor caché sous la ville de Venise en y libérant des requins, sans penser que ces morfales aquatiques ne sont guère physionomistes et donc incapables de faire la différence entre ses hommes de main et des indésirables. Au final, cette brute débile se retrouve bien embêtée étant donné que tous ses plongeurs finissent immanquablement dans l'estomac des squales. A cela se greffe un autre problème, qui ne va pas manquer d'attirer l'attention de la police italienne: ces animaux voraces commencent à attaquer gondoles et touristes se baladant aux bords des canaux. Pour se sortir de cette situation délicate, le malfrat achète les services (il lui force en fait la main en kidnappant sa copine) un archéologue et plongeur professionnel américain, de passage dans la ville...
En visionnant Shark in Venice, on apprend tout d’abord trois choses. La première est que, malgré sa réputation, la Sérénissime possède des eaux totalement saines puisque des requins, animaux marins très sensibles à la pollution, peuvent y évoluer sans problème. La deuxième est que les membres de la police italienne sont tous soit des ripoux soit des braves types un peu neuneus. Enfin, la dernière, et pas la plus négligeable, est que dans les séries B américaines, il est possible pour un comédien has been en surcharge pondérale et au ton de hareng pas frais de porter sans honte un tee-shirt collant à manches longues, et cela sans que les gens se foutent de sa gueule!
Mis à part ces importantes informations aptes à influer sur le restant de votre vie, l'œuvre de Danny Lerner n'est ni un reportage sur la cité des doges, ni un documentaire sur les capacités d'adaptation du requins en mer Adriatique, ni une histoire de mafia, ni un récit de chasse au trésor, et encore moins un film d'horreur. C'est un machin. Oui, un machin, ou une chose, dans laquelle un archéologue boudiné, sous les yeux attendris d'une fiancée tarte, va; affronter une bande de requins construite à partir d'un mélange - absolument pas raccord - de stock-shots issus de docs animalier et de CGI pourris; trouver le trésor des Médicis dans un endroit accessible seulement via un puits sous-marin (ce qui ouvre la voie vers une théorie intéressante, qui pourrait expliquer beaucoup de choses sur cette famille: les Médicis n'auraient-ils pas pu être des Profonds adorateurs de Dagon?) et, cerise sur le gâteau, mettre en échec un clan de redoutables mafiosi.
Le boudiné, il s'appelle Stephen Baldwin. C'est l'un des membres de la fratrie Baldwin, qui est si nombreuse que leurs parents ont dus les numéroter. D'ailleurs, si vous faites bien gaffe, vous verrez parfois apparaitre le matricule qu'on lui a attribué, tatoué sur sa nuque. A coté de cela, en plus d'être le plus aimable, Stephen est de loin celui qui est le plus gourmand. Enfant, il chipait tous les gâteaux de ses frères et sœurs. Il était tellement friand de sucre qu'il abusait même de sirops pour la toux. C'est pour cela qu'il affiche en permanence un air endormi. Bref, Stephen Baldwin est le parfait comédien pour interpréter des rôles de buddy, ou de brave type attachant, un peu maladroit. Danny Lerner, lui, grand clerc de l'obscur, l'a choisi pour incarner le docteur Frank, un baroudeur, archéologue de l'extrême, sorte de mixage entre Indiana Jones et Nicolas Hulot. Vous voyez le topo ; aussi crédible que Jacques Villeret dans le costume de Spider-man...
Sa fiancée vaut, elle aussi, le détour. C'est bien simple, durant la première demi-heure de film, elle suit son homme comme un petit chien, prononce trois lignes de dialogue, bref ne sert strictement à rien (elle n'enlève même pas ses fringues, c’est dire!). Puis, quand elle est kidnappée par les membres de la mafia - qui voient en elle un moyen de pression - l'on se rend compte qu'elle n'est finalement qu'un élément narratif passif. Les gangsters auraient pu dérober au héros sa montre en or, cela n'aurait pas pour autant changé l'intrigue. Ah oui, elle s'impose quand même une fois une deux au fil du récit, quand elle fait montre d'une nette animosité envers l'inspecteur Totti, une blonde ayant pour particularités une morphologie de crevette et un jeu de poulpe.
Le méchant est un barbu maffieux (ou un maffieux barbu, c'est comme vous voulez) que l'on croirait sorti tout droit d'un mauvais comic book. Avec son physique typé et son sourire sardonique, il pourrait tout aussi servir de terroriste irakien, de trafiquant colombien ou de mauvais vizir machiavélique, mais bon, comme le film se déroule à Venise... Faussement affable, c'est en fait un sale vicieux qui élève des bébés requins et qui compense son manque d'intelligence par une cruauté à toute épreuve. Très peu économe en seconds couteaux lobotomisés, il s'obstine à les sacrifier dans les mâchoires des requins, perdant à chaque fois, en plus d'un employé, du précieux matériel de plongée.
L'enjeu de toute cette histoire, délivrée à un rythme pachydermique par une réalisation atone, est donc le fameux trésor des Médicis, dont le passé nous est conté via un petit flashback féodal (deux figurants en armure qui se mettent sur la tronche dans une basse-cour). Comme dit plus haut, le magot finit planqué dans un lieu inaccessible par la surface (par contre, les Médicis n’étaient pas doués pour tendre des pièges car, pas besoin de les désarmer, ils se déclenchent avant que vous ne puissiez vous faire prendre). On est donc étonné de constater que les plongeurs se rendent à chaque fois sur les lieux sans transporter avec eux un moyen quelconque de récupération. Comptait-il ramener le trésor pièce par pièce? Autre fait étrange, quand les plongeurs se hissent sur la paroi du puits, ils n'ont plus sur eux ni palmes, ni équipements respiratoires, ni harpons (pour les rares ayant pensé à s'en équiper). Y aurait-il un vestiaire à l'entrée, gardé par une souriante sirène?
Restent les requins, car force est de parler d’eux puisqu’ils figurent dans le titre. La plupart du temps, quand le combat ne fait pas rage, ils sont représentés par des images récupérées dans des documentaires animaliers (ou la série de films Mégalodon). Ce qui donne d’étranges résultats, comme l’absence totale de pilotis ou d’ombres d’embarcations. Lors des séquences d’agressions, Danny Lerner mélange deux techniques (stock-shots + plans truqués) en recyclant de vieilles méthodes. Il remplace juste les baudruches utilisées à l’époque par Bruno Mattei et Enzo G. Castellari par des images CGI, guère plus convaincantes, et surtout moins rigolotes que les bricolages de ces anciennes gloires du nanar transalpin. Les seuls moments mémorables, car terriblement ratés (et donc drôles), sont les deux uniques séquences où un requin surgit de l’eau ; la première fois pour gober couple d’amoureux débiles (le clin d’œil à Paris Hilton est-il volontaire ?), la seconde pour croquer une gondole dans une imagerie de pub pour macaronis Panzani. Durant ces moment, on touche du doigt la perfection dans le domaine du Z. Dommage, ils sont bien trop rares…
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film (Direct to Vidéo) : Shark in Venice [2010]
Shark in Venice n’est pas le film le plus mauvais des productions Nu Image, mais certainement l’un des plus ennuyeux. Le film est lent, interprété par un Stephen Baldwin surpris en pleine digestion, pauvre en effets spéciaux et met en scène un méchant plus ridicule que terrifiant. Seules quelques scènes, involontairement drôles, sauvent le métrage de l’ennui le plus total.
On a aimé
- Quelques séquences involontairement drôles
- Techniquement, pas le pire film signé Nu Image
On a moins bien aimé
- Une réalisation paresseuse
- Des effets spéciaux visuels moisis
- Un aspect Z pas assez affiché
- Stephen Bald….zzzzzz
- Des nanas aussi charismatiques que les moules de la lagune
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