Critique Le petit garçon qui ne croyait plus au père noël #3 [2010]
Avis critique rédigé par Vincent L. le lundi 7 février 2011 à 08h56
Sympa, mais ça sent le réchauffé...
Il y a deux ans, la collection Métamorphose des éditions Soleil débutait sur les chapeaux de roues avec le génial Billy Brouillard et le don de trouble vue ; depuis, celle-ci a pris une belle petite envergure, développant des oeuvres diverses (Eco, Coeur de papier), rattachées les unes aux autres par une certaine tendance pour le morbide et les univers sombres (mais sans jamais sombrer dans un glauque de mauvais goût). En deux ans, il semble, de plus, que les éditions Soleil aient décidé de faire de Billy Brouillard la figure de proue de Métamorphose, transformant un album qui devait être one-shot en une série suivie. Et bien que Guillaume Bianco ait, à l'époque du premier volume, assuré qu'aucune suite n'était prévue, il semble qu'il soit revenu sur sa décision pour offrir une continuité à l'histoire développée dans Le don de trouble vue. Mais si Billy Brouillard premier du nom était un album suffisamment riche pour que des suites puissent en être tirées, il s'avère, dans cette séquelle, que les choses ne fonctionnent pourtant plus aussi bien.
Le petit garçon qui ne croyait plus au père Noël est ainsi un album globalement décevant, bien que pas fondamentalement mauvais. Le principal repproche que l'on pourrait lui faire est son côté ouvertement "papy", Guillaume Bianco n'ayant rien fait d'autre que de dupliquer consciencieusement les ingrédients qu'il avait mis en place dans Le don de trouble vue ; ainsi, là où le premier tome était un ouvrage riche et original, qui proposait au lecteur une expérience très particulière et se démarquait par cette manière de casser les codes de la bande-dessinée, cette suite s'impose, au contraire, comme une oeuvre très sage qui ne s'écarte certes jamais de la recette mise en place (thématiques, mise en forme, diversité des supports, etc.), mais sans y ajouter quoique ce soit, et sans se permettre la moindre fantasie qui puisse paraître hors sujet. L'histoire développée, notamment, ne fait que poursuivre sagement celle du volume précédent, donnant simplement une concrétisation à ce que sous-entendait déjà tacitement la conclusion du premier tome.
Ceci étant dit, Le petit garçon qui ne croyait plus au père Noël n'est clairement pas un ratage complet, ni même un mauvais album. On suit ici avec un certain plaisir la suite des aventures du jeune Billy Brouillard, et, bien que l'humour s'avère moins percutant que dans Le don de trouble vue - peut-être à cause d'une certaine redite - Guillaume Bianco développe encore une fois un nombre impressionnant de trouvailles visuelles et scénaristiques qui rendent cet album sympathique. Toutefois, là où, dans le premier, tous les passages s'avéraient être d'un intérêt égal, ici, force est de constater que les parties non rattachés à de la BD classique (encyclopédie de cryptozoologie, contes et poésies) sont tout de même plus intéressants que les passages mettant directement en scène Billy Brouillard. A noter également que la conclusion du tome, même si elle souffre d'un certain classicisme, est suffisamment bien amenée pour tout de même justifier l'existence de ce second tome vis à vis du premier.
De plus, visuellement, le plaisir est toujours au rendez-vous. En reprenant une forme similaire à celle du premier tome, Le petit garçon qui ne croyait plus au père Noël permet d'offrir à Guillaume Bianco l'espace nécessaire pour qu'il puisse laisser s'exprimer son talent et son imagination. On retrouve ainsi cela dans la structure du scénario, faisant alterner divers styles de récit - même si le tome perd une partie de l'aspect bordelique qui faisait le charme du premier - ainsi que dans le graphisme général, qui, une nouvelle fois, va de la bande-dessinée classique aux ombres chinoises, en passant par les coupures de journaux et les contes (ou poèmes) illustrés. Sur la forme, l'objet est une nouvelle fois superbe, plaisant à lire et à découvrir. A noter enfin, de façon bien plus plus pragmatique, que cet album est vendu à un prix de vente similaire à celui du Don de trouble vue, alors même que ce dernier disposait de quarante pages supplémentaires.
La conclusion de Vincent L. à propos de la Bande Dessinée : Le petit garçon qui ne croyait plus au père noël #3 [2010]
A la géniale maestria de Billy Brouillard et le don de trouble vue, Guillaume Bianco fait succéder un album reprenant une à une, consciencieusement, tous les ingrédients qui avaient fait le succès de l'original. Conséquence, si cette suite s'avère être un album très agréable à lire, elle souffre d'un manque d'originalité qui lui fait vraiment sentir le réchauffé. Le parcours initiatique de Billy Brouillard, qui trouvait une conclusion déjà aboutie dans le premier volume, semble ici s'étirer plus que de raison, qui plus est en s'appuyant sur des péripéties nettement moins pertinentes. L'histoire trouve cependant une justification dans sa conclusion sympathique (mais très classique) qui redonne un peu d'intérêt à cet album. Billy Brouillard avait-il vraiment besoin d'une suite ? Rien n'est moins sur...
On a aimé
- Esthétiquement magnifique,
- Dessins simples et classieux,
- Encore une fois bourré de trouvailles,
- Une conclusion intéressante.
On a moins bien aimé
- Reprend une formule sans rien y ajouter,
- Thématiques dans la redite,
- Humour moins percutant.
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