Critique Hideous! [1997]
Avis critique rédigé par Jonathan C. le samedi 21 mai 2011 à 01h07
Monstres & Cie
Réalisé par le mythique Charles Band et produit par sa mythique société Full Foon (ex Empire), Hideous! surfe avec 10 ans de retard sur les films de mini-monstres (jouets, farfadets, trolls, marionnettes et autres créatures miniatures) comme Gremlins, Troll, Critters, Leprechaun, Puppet Master, Child's play, Demonic Toys, Munchies ou Ghoulies, que la même société a déjà recyclé maintes et maintes fois (qu’il s’agisse de ses propres productions ou de celles des autres).
Evidemment fauché, Hideous! part tout de même sur un bon point de départ : le trafic d’aberrations biologiques. Les égoutiers pêchent toutes sortes de choses dans les eaux de la ville. Parfois, quand ce n’est pas des embryons ou des mains humaines, ils ramassent des mutations, détritus bactériologiques et autres spécimens biologiques aux origines toxiques obscures. Ils les envoient alors à la International Medical Specimen qui revend ensuite l’hideuse marchandise à des hommes d’affaires, des collectionneurs, des scientifiques, des sadiques (« Désolé monsieur, je n’ai plus de bébés à deux têtes en stock »), certains clients ayant des privilèges…Les premières minutes de Hideous! suivent ainsi ces transactions étrangement légales, ce pourquoi on ne voit aucune bestiole pendant le premier quart d’heure. Mais une créature en particulier attise les convoitises. Alors qu’il vient de l’acquérir pour une fortune, un riche collectionneur, Napoleon Lazar (Mel Johnson Jr, le mutant Benny dans Total Recall !), se fait voler son précieux spécimen par le Dr. Lorca (le kitsch Michael Citriniti, qui aura eu ses secondes de gloire en jouant un flic dans Les Affranchis), lui aussi un fervent passionné de curiosités biologiques. Le collectionneur Lazar fait alors appel à un détective privé (Jerry O’Donnell, vu dans des séries comme NCIS, Alias, Cold Case, New York Police Blues ou Numbers, donc rien à voir avec Jerry O’Connell), qui convoque également la patronne de l’International Medical Specimen et sa secrétaire. Tous les quatre se rendent dans l’immense propriété isolée du Dr. Lorca afin d’y voir plus clair. Mais ils s’aperçoivent que les quatre plus beaux spécimens de Lorca se sont échappés de leurs bocaux et, surtout, qu’ils sont vivants. Les humains se retrouvent ainsi enfermés dans le château avec quatre mutants aux intentions inconnues se cachant dans les murs et échafaudant un plan machiavélique…
Comme ses modèles, Hideous! tente de mélanger l’humour à l’horreur, mais c’est plus l’humour qu’on retiendra, puisqu’il s’agit plutôt d’une comédie fantastique loufoque, comme souvent chez Full Moon, qui se spécialise dans le second degré. On retrouve ici des personnages caricaturaux déjantés et des dialogues piquants (la boss de l’agence au détective qui l’interroge sur ses activités :
-Souvenez-vous du squelette d’Elephant man, Michael Jackson voulait l’acheter.
-Mais il ne l’a pas eu.
-Il ne me l’a pas demandé.).
Charles Band veut rester grand public (dans la mesure du possible) et met donc la pédale douce sur le gore, le scabreux et le sexe qui lui sont habituellement si précieux. Bien sûr, ce coquin de Charly ne peut s’empêcher d’afficher trois affolantes bimbos parmi les rôles principaux : la pulpeuse et sensuelle patronne de l’agence (la brune ténébreuse Tracie May, l’héroïne des Passion and Romance), la secrétaire ingénue blonde (Rhonda Griffin, qui était la même année l’héroïne du The Creeps du même Charles Band) et l’assistante fantasmatique du Dr. Lorca (« C'est sûr qu'avec une tenue pareille, pour ne pouvez pas être l'assistante d'un dentiste »). Cette dernière (la playmate Jacqueline Lovell, également connue sous le nom de Sara St. James et souvent vue dans les productions Full Moon et dans des thrillers érotiques, voire même des films pornographiques) se trimballe tout au long du film à moitié à poils, les seins (superbes et authentiques) quasiment à l’air même dehors sous la neige (pourquoi ? parce que, dit-elle, « Je suis libre, je suis fière, je suis une femme ! »), dans une tenue en cuir forcément moulante. La patronne, elle, montrera ses fesses (puisqu’il est précisé que son personnage de nymphomane ne porte jamais de culotte) lorsqu’elle s’y prendra une série d’épines, que le collectionneur Lazar se fera un plaisir de retirer ensuite avec la dame sur ses genoux. Quand à la secrétaire blonde, elle aura l’honneur, alors qu’elle est dans un lit, de se faire sucer le mamelon droit par une créature polissonne et très visqueuse qui s’est faufilé secrètement sous les draps. Mais tout cela reste très soft, plus rigolo que vraiment excitant, encore que l’assistante, qui se fait draguer à raison par le détective privé, finit inévitablement par produire son effet à force d’exhiber ses généreux attributs, surtout quand elle est armée d’une batte de baseball. Si le spectateur s’ennuie, il aura tout le loisir de porter son regard lubrique sur la topless Jacqueline Lovell, la principale attraction de ce Hideous.
Au niveau de l’hémoglobine, pas grand-chose non plus, quelques gouttes de sang et quelques cadavres au mieux. Il y a peu de mises à mort car peu de personnages, et les rares victimes périssent toutes en moins de 10 minutes lors d’un climax absurde et expédié, et d’une façon toute aussi absurde, comme si Charles Band manquait d’imagination dans les attaques de ses hideuses créatures (c’est le cas aussi dans son joli Blood Dolls réalisé deux ans plus tard). Faut dire qu’elles sont plus mignonnes qu’effrayantes, ces petites bestioles. Leurs intentions ne sont d’ailleurs même pas malfaisantes (elles veulent simplement partir, fuir et faire leur vie), elles n’attaquent que lorsqu’elles sont attaquées par ces abrutis d’humains. Et elles ne sont que quatre (alors que la jaquette nous promet « une armée »), ce qui est déjà plus que les trois marionnettes de Blood Dolls. Leur leader, le spécimen tant convoité, a beau être présenté comme une intelligence supérieure (il apprend vite et peut presque parler), il ne tuera personne. Elles communiquent, se cachent, s’agrippent, lancent des épines et (là encore comme dans Blood Dolls) tirent même lorsqu’elles se retrouvent avec un flingue dans les pates (ce qui est assez comique) : rien de traumatisant. Et logiquement, les mises à mort sont stupides au possible (la secrétaire qui tombe par la fenêtre, la patronne de l'agence qui se prend une massue dans le torse...).
Hideous se repose surtout sur ces petits monstres et sur les effets spéciaux. Ces derniers, SFX à l’ancienne comme dans les années 80, sont rudimentaires mais réussis (notamment dans l'aspect organique de ces bestioles visqueuses), donnant vie aux quatre créatures ayant chacune une forme différente (l’une est une version miniature de la Reine des Arachnides dans Starship Troopers) et des spécificités propres, ce qui en fait des personnages à part entière, encore plus quand elles communiquent avec les humains (avec des signes, des coups dans le mur ou en écrivant après avoir apprit en quelques minutes à le faire). Les gueules des bestiaux sont d'ailleurs des plus amusantes et en font des craignos monsters tout droit sortis d'une BD. Si ces créatures ne font pas grand-chose, on les voit assez souvent, animées comme des marionnettes à la Feebles, lançant des petits cris comme les gremlins. Dommage que Charles Band n'exploite pas plus leur manie de se cacher dans les murs ou dans les recoins, et son film manque de vrais conflits entre les humains et les mutants, même dans le final, qui préfère s'attarder sur le duel absurde entre les deux collectionneurs (à croire que ce sont eux les personnages principaux de Hideous) que sur le combat inexistant entre les héros et les créatures (qui se contentent d'agir en restant planquées dans l'ombre). Les créatures étant relativement attachantes, on aurait aimé les voir plus longuement, d’autant plus que Charles Band témoigne d’une véritable fascination pour ses monstres et aberrations au centre de ses œuvres, voire même d’une sincère tendresse (Blood Dolls en deviendra même une déclaration d’amour).
D’un point de vue technique, rien de honteux. Outre quelques travellings fluides et un certain travail sur la photo et la mise en point sur de rares plans (par exemple des balances de point, rares dans les nanars), ça reste très plan-plan, mollement monté, la caméra fixant des acteurs qui livrent parfois des numéros ringards mais qui ont au moins le mérite d’être dans le ton du film. Le décor gothique du château, limité mais charmant, apporte au film un petit cachet, encore heureux puisque c’est là que se déroule la majeure partie du récit. Sans grandes ambitions mais toujours avec une volonté de faire dans le fantasme soft et cliché (quoique parfois très original, cf. la scène du braquage à l’air frais avec Jacqueline Lovell), Charles Band tente maladroitement de faire dans l’atmosphère gothique, tout comme son frère et compositeur Richard Band, ce qui confère au film un certain capital sympathie…
Il y a donc beaucoup d’humour, par exemple la secrétaire blonde complètement débile, Jacqueline Lovell qui braque le collectionneur Lazar les seins à l’air avec un masque de gorille sur la tête (une scène surréaliste voire onirique), ou les chamailleries puériles entre les deux collectionneurs barges qui se disputent l’affection des spécimens vivants qui sont pour eux plus importants que les vies humaines et qu’ils veulent adopter tels des gamins, l’occasion pour Charles Band de se moquer des délires et dérives pathétiques des scientifiques et des collectionneurs (« Vous voulez pas plutôt collectionner des timbres ?! »), et faire comprendre que la science ne se collectionne pas…Certaines séquences sont poilantes, par exemple la communication entre humains et mutants à travers le mur, ou encore le premier face-à-face entre les humains et les mutants (« C'est pas normal »). Bien entendu, la vraisemblance ne fait pas partie du vocabulaire de Charles Band, qui ne se foulera même pas à expliquer la résurrection de ces anomalies biologiques. Comme le fait justement remarquer l’un des personnages : « Rien n’a de sens, ici ». Il y a bien quelques bonnes idées, mais elles ne sont pas du tout exploitées, ce qui aurait pourtant été possible en rallongeant la très courte durée de Hideous!. Même les rapports entre les personnages auraient pu devenir intéressants (Lazar / la boss de l'agence, Lazar / Lorca...). Il n’y a franchement presque pas d’action pendant plus d’une heure, mais on ne s’ennuie pas trop puisque ça ne dure que 70 minutes ! Les personnages passent leur temps à causer, à s’engueuler, à attendre on ne sait quoi ou à courser les bestioles. Les passages à vide sont comblés par ce grain de folie fantasmatique typique de chez Full Moon, par ce ton clownesque si atypique. Il faut attendre le « climax » (un bien grand mot) pour que ça bouge, mais celui-ci est un grand n’importe quoi dans lequel les deux collectionneurs rivaux se provoquent en duel à l’épée (un combat navrant et pathétique à l’image de leur querelle) pour conquérir leurs bébés mutants. Ils finiront on ne sait trop comment dans un bac d’acide, tandis que les deux survivants, le détective et l’assistante sexy, parviennent à fuir le château et à se tirer fissa en bagnole dans l'intention probable d'aller forniquer, sans savoir que les hideuses créatures, toujours vivantes, se sont faufilées dans le coffre, en route pour un Hideous 2 (qui ne sera jamais produit, dommage puisque les créatures lâchées en pleine ville, ça aurait pu donner quelque chose de bien fun). C’est juste quand on pensait que ça allait enfin bouger que le film, qui a du être torché en quelques jours, se termine, hélas trop vite.
Cette comédie horrifique ne manque pas d'idées mais plutôt d'imagination pour les exploiter. Version fauchée de Gremlins et des déjà fauchés Troll et Ghoulies, Hideous! semble sortir des années 80 alors qu’il date de 1997. C’est peut-être ce qui rend sympathique ce nanar rigolo et léger proche de la bande-dessinée humoristique, en plus de pouvoir mater sans scrupules la playmate Jacqueline Lovell, seins à l’air pendant toute la durée du film. On a cependant connu Full Moon plus inspiré et ambitieux à ses débuts (c’est-à-dire plutôt Empire que Full Moon) ou même pour Blood Dolls…
La conclusion de Jonathan C. à propos du Film : Hideous! [1997]
Charles Band s’amuse de nouveau avec ses monstruosités comiques dans ce Hideous rigolard et coquin qui pourrait tout aussi bien sortir d’un magasin de farces et attrapes ou d’une BD humoristique, comme tant d’autres productions Full Moon. Il ne s’y passe pas grand-chose, les idées sont plus délirantes que leur application à l’écran et on est souvent plus proche du théâtre burlesque, mais l’humour fait mouche (un esprit potache mi-bon enfant mi-sale gosse) et les 70 minutes de cette comédie horrifique plus comédie que horrifique passent aussi vite qu’une blague Carambar ou qu’une récréation.
On a aimé
- Des créatures amusantes
- Jacqueline Lovell généreuse
- Le Benny de Total Recall
- Bon esprit, très BD
- C’est très court
On a moins bien aimé
- Une réalisation plan-plan
- De bonnes idées pas exploitées
- Seulement quelques gouttes de sang
- C’est très court
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