Critique Zombie Christ
Avis critique rédigé par Nicolas L. le dimanche 26 juin 2011 à 20h07
J.C., le pilon et la nonne
Un druide métalleux et quelques prêtresses wicca dénudées psalmodient et dansent dans le bois. Leurs incantations vivent à rappeler sur Terre le messie. Malheureusement, la seule chose qu’ils arrivent à ranimer est un squelette décrépi… et obsédé sexuel qui plus est.
Rappelez-vous (mais vous n’êtes pas obligé, hein ?), il y a quelques mois, nous vous avions déjà parlé de Bill Zebub, à l’occasion d’un bizarre mais pas totalement inintéressant Frankenstein the Rapist (voir la critique ici). A l’époque, nous avions mis en avant ses penchants pour le fétichisme et la provocation, ainsi que pour la musique expérimentale et les jolies filles en maillot intégral. Par ses errances purement pornographiques, il en résultait un spectacle à la démarche artistique aussi difficile à qualifier que l’intégrité de son auteur. Bill Zebub méritait donc que l’on se continue à se pencher sur lui et sur ses œuvres filmiques. Avec Zombie Christ, l’on n’est pas surpris par la thématique, ce qui nous amène à penser que l’homme a de la suite dans les idées (à défaut de talent ?). On retrouve dans le script de ce film les mêmes obsessions et dans sa réalisation la même volonté artistique d’accoucher d’une œuvre pouvant être qualifiée d’expérimentale, voire underground. En fait, en mettant en scène un Jésus Christ aux allures de mort-vivant lubrique, Bill Zebub va même encore plus loin dans le licencieux. Par contre, je reste une nouvelle fois perplexe devant la démarche et les choix narratifs du vidéaste. Je m’explique.
Dés l’entame, Bill Zebub se plante, avec une séquence de plus de dix minutes dans laquelle trois gonzesses à poil se tortillent sur une musique expérimentale. Au lieu de tenter d’instaurer une ambiance mystique et érotique, de s’appuyer sur l’environnement « sauvage » et sur la beauté naturelle de ses models (on peut filmer des filles nues posant dans des positions équivoques tout en restant élégant, si, si !), Bill Zebub fait au plus court, au plus vulgaire. Bien sûr, les filles dansent un cérémonial d’incantation (la musique et les prières du druide sont là pour nous le rappeler), mais le résultat final ne dégage absolument rien de mystique, ni d’envoutant (du moins, pas plus qu’un strip-tease de club privé). Bill Zebub, la langue pendante, fait dans le salace et préfère amener l’œil de sa caméra sur les parties intimes, soigneusement épilées et ornées de piercings, de ses charmantes demoiselles qui, du coup, évoquent plus des actrices de films hard (ce qu’elles sont surement) que des prêtresses wicca.
Cette insistance à cadrer, pour le moindre prétexte, l’entre-jambe des comédiennes (qui jouent toutes comme des pieds, soit dit en passant) perdure durant tout le métrage. « Chouette ! », pourraient se dire les plus amateurs de friponneries d’entre vous, mais force est de dire qu’une succession de plans serrés sur un minou, aussi joliment apprêté soit-il, finit par lasser le plus assidu des érotomanes. Car Bill Zebub est extrêmement insistant, répétant au montage les mêmes plans, pour mettre en place des scènes d’une longueur soporifique. Heureusement, le métrage ne se résume pas qu’à ces seules séquences et d’autres se montrent un peu plus en phase avec les tendances graveleuses de l’artiste, qui fait parfois preuve d’un sens de l’humour si gras qu’il ferait passer celui de Max Pecas pour de la grande classe.
« You’re not the messie, you’re a beast » gémit la nonne alors que le J.C. squelette s’apprête à la besogner avec… un pilon de cuise de poulet fixé sur l’emplacement de son sexe absent (j’avoue un peu honteusement que j’ai ri comme un fou à cette séquence, la plus réussie du film). Oui, Jesus Christ est un pervers. S’il s’empare de la force vitale des femmes, pour assurer sa subsistance, il en profite aussi pour les baiser. Evidemment, comme il est privé de son membre viril (probablement resté dans l’au-delà auprès de Marie-Madeleine), il doit user de substituts et il improvise avec les moyens du bord. En fait, à l’occasion de ce métrage, Bill Zebub tente de mettre en forme une sorte de panorama sur le cinéma underground licencieux en récupérant ses éléments christiques ; la nunsploitation, le fétichisme christique, le sado-masochisme... On retrouve tous ces éléments dans Zombie Christ, et ils sont parfois traités de manière très crue. Mais cela n’est à aucun moment saisissant. Les filles sont bien trop propres sur elles, l’humour est trop débile, bref, l’ensemble est trop potache et grivois pour être efficace. Même la musique death metal (de qualité !) n’arrive pas à durcir suffisamment l’ambiance.
Un petit mot, maintenant, sur l’aspect technique. Tourné au caméscope DV, Zombie Christ, on s’en doute, ne propose rien de stupéfiant. En fait, les amateurs de films hard devrait reconnaitre facilement les quelques techniques de prise de vue utilisées par Bill Zebub. C’est cadré de manière basique et monté principalement en champ contre champ. Rien de honteux là dedans, le vidéaste fait avec les moyens du bord. Par contre, pour ce qui est des effets spéciaux, on frôle le foutage de gueule. Passons sur les plans au ralenti (en fait, c’est les comédiens qui bougent lentement pour faire croire à un effet de ralenti) qui matérialisent une « baston » dans un parc. On peut à la limite trouver la blague amusante. Mais que dire des moyens utilisés pour matérialiser Jésus Christ à partir d’un squelette en plastique (du style de ceux qui ornent les classes de science au collège) ? En fait, ce Zombie Christ est une marionnette super mal animée, barbouillée de rouge et portant une couronne d’épines. Transportée par des techniciens de plateau, ses actions sont principalement tournées en vue subjective, hormis quelques gros plans sur sa tête. L’on se rend compte à ce moment que lorsque J.C. parle, de la buée sort de sa bouche (la mâchoire est d’ailleurs l’unique élément mobile de ce pantin ridicule). Pourquoi ? Allez savoir…
Le seul moment ou l’on voit Zombie Christ en entier est lorsque, poursuivant une fille (à poil, la fille, bien sûr !), il se met à marcher sur l’eau au cours de l’une des séquences les plus mal foutues de ces vingt dernières années. J’en ai vu des trucs pourris depuis que je fais partie de la rédaction de Scifi Universe, et bien, croyez-moi, Bill Zebub les bat ici tous à plate couture. C’est bien simple, n’importe quel gamin, équipé d’un PC et d’un logiciel de traitement d’image bon marché, pourrait faire mieux que cette scène où J.C. est si mal incrusté dans le décor qu’on dirait qu’il vole au-dessus de l’eau. Cela témoigne certes d’une certaine philosophie « fuck you ! » mais force est d’admettre qu’elle ne colle pas vraiment aux arguments évidemment critiques, plus sérieux, que Bill Zebub ambitionne de mettre en avant. En fait, il suffirait peut-être que cet homme grandisse, satisfasse un peu sa libido, pour – peut-être – arriver à nous offrir un véritable bon film underground.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Zombie Christ
Frankenstein the Rapist m’avait laissé dans l’incertitude. Zombie Christ m’a permis de me faire une opinion sur Zombie Christ : pour le moment, Bill Zebud tient plus de l’érotomane potache que de l’artiste underground pour lequel il veut passer. Ici, le vidéaste oublie complètement le contexte critique de son film pour se délecter de plans sur les intimités de ses actrices. Les FX, calamiteux, ne sont pas là pour arranger les choses.
On a aimé
- Une idée de base intéressante
- Les jolies filles
- Quelques gags réussis
- Une bonne B.O. death metal
On a moins bien aimé
- Une bonne idée qui part en sucette
- Des FX calamiteux
- L’aspect expérimental oublié en route
- Le casting amateur
- Un traitement trop propre pour un tel sujet
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