Critique Vampire Hookers [1978]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 8 août 2011 à 17h47
Les gars de la canine
Profitant d’une escale de quelques jours, deux marins partent en goguette dans les quartiers chauds de San Francisco. Assez maladroits de nature et, de plus, sacrément ivres, ils ne parviennent qu’à accumuler bévues et mésaventures, et échouent lamentablement dans toutes leurs tentatives de séduction. Individus pathétiques, ils n’arrivent même pas à s’offrir les services de professionnelles, sauf lorsque, par erreur, ils s’aventurent dans un club... de transsexuels! Bref, ils commencent à désespérer de ces vaines virées nocturnes quand, au détour d’une rue, ils sont abordés par de superbes jeunes femmes au tempérament torride. La chance serait-elle en train de tourner?
Réalisé en 1978 par le philippin Cirio H. Santiago (cinéaste prolixe adulé par les amateurs de nanars tant sa filmographie est riche en perles diverses et variées), Vampire Hookers est une comédie fantastique au parfum retro qui peut être présentée comme une relecture en version «pattes d’ef» des parodies des années 40-50, qui mettaient en scène des duos burlesques comme Laurel et Hardy ou Abbott et Costello. Par conséquent, dans Vampire Hookers, les principaux protagonistes sont deux nigauds gaffeurs mais sympathiques, deux losers qui, comble de malchance, vont tomber sur le rabatteur d’un clan vampire installé dans une crypte du cimetière local.
Le film cultive une ambiance hétérogène, qui mêle, de manière totalement anarchique, plusieurs ambiances. Pour ce qui est de l’aspect humoristique, Cirio H. Santiago joue d’un affligeant comique pipi-caca, de par les agissements puérils et les bourdes des deux héros (comme dans la séquence du club transsexuel ou l’un d’entre d’eux, mettant la main dans l’entrejambe de son hôtesse hurle «Mon dieu, elle a des couilles!»), mais surtout via le profil du personnage de Pavo, le serviteur des vampires. Pleurnichard, dégoutant et servile, Pavo est un attardé qui, cerise puante sur le gâteau du mauvais gout, aspire à devenir un jour le premier vampire pétomane. En effet, il faut savoir que ce crétin, qui va finir le film déguisé en Dracula (une toile de jute en guise de cape, il court après les gens en essayant de leur faire peur), connait en effet de gros problèmes intestinaux et il pollue souvent l’air de la crypte par ses nombreuse flatulences pestilentielles et très bruyantes.
Vu le titre, on se doute bien que Vampire Hookers joue aussi la carte de l’érotisme. A cette occasion, le réalisateur est encore moins efficace que lorsqu’il fait dans la gaudriole. Passent encore les tenues vaporeuses des femelles vampires qui nous rappellent qu’à une certaine époque l’on ne parlait pas encore de déforestation, pas plus pour la forêt amazonienne que pour les monts de Vénus. En fait, les trois actrices, bien que peu remarquables de par leur plastique, dégagent un petit charme vintage qui n’est pas déplaisant. Par contre, force est de dire que la seule, mais très longue (et très sage, les filles étant en topless), séquence érotique est d’un ennui mortel. En effet, faisant référence au passage ou Jonathan Harker succombe au charme des fiancées de Dracula (Dracula, de Bram Stoker), Cirio H. Santiago nous impose une scène interminable (plus d’un quart d’heure) où il use des artifices suggestifs les plus éculés. Dans le registre de l’érotisme ringard (celui qui fait l’ordinaire des fin de soirée sur M6), il nous propose la totale: flous artistiques, caresses lascives filmées au ralenti, gros plans «sensuels»; le tout bercé par une musique à la Clayderman. Horrible.
Il est également bon de signaler aux amateurs de fantastique qu’ils ne verront aucun vampire durant la première demi-heure. Cette partie est en effet consacrée à nous conter les tribulations nocturnes des deux marins les plus idiots de l’US Navy. Pour faire bref, si je vous dis «Max Pecas meet Eddie Deezen», vous aurez une idée assez précise du niveau de cette accumulation de gags pas drôles qui, de plus, n’apportent strictement rien à une intrigue déjà bien vide. Totalement à coté de la plaque, Cirio H. Santiago, non content d’afficher une totale vulgarité de traitement, démontre toute son incompétence à entretenir une ambiance fun, voire potache. Signalons aussi que les deux comédiens, particulièrement nuls dans le registre comique, n’arrangent pas vraiment les choses.
Venons-en maintenant au coté le plus déplaisant du film. Si John Carradinen’a pas vraiment eu, durant sa longue carrière, la réputation de toujours choisir ses rôles avec la plus grande pertinence, on peut tout de même s’étonner de le voir ici si mauvais. En effet, sous les traits du maitre vampire Richmond Reed, il nous offre un numéro qui évoque le jeu, aussi hésitant que mécanique, de Bela Lugosi (qui compensait, lui, ce défaut par un exotisme guindé). La séquence où il se retrouve face à l’un des héros dans l’une des allées du cimetière, alors que le soleil commence à pointer à l’horizon, atteint les sommets du ridicule. Il recule maladroitement, tendant de dissimuler son visage derrière sa cape, tout en bafouillant des menaces sur un ton atone. Voir ce vieux et grand monsieur se compromettre ainsi dans une telle bouse est finalement assez attristant.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Vampire Hookers [1978]
Dans Vampire Hookers, Cirio H. Santiago tente de faire cohabiter au sein du même métrage l’érotisme classieux et l’humour scato. Comme le réalisateur se montre incapable de marier ébats vaporeux et flatulences pestilentielles - l’exercice était, c’est vrai, périlleux -, la sauce (si j’ose dire) ne prend pas. Au final, ce film mettant en vedette un duo de crétin inspiré d’Abbot et Costello n’est ni drôle, ni sexy. Il est juste nul. Et le fait de voir John Carradine ridiculisé n’arrange pas les choses...
On a aimé
- Si nul que parfois drôle
- Les déshabillés transparents
On a moins bien aimé
- Scénario débile
- Réalisation baclée
- Gags foireux
- John Carradine ridiculisé
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