Critique La Sagesse des Crocodiles [2000]

Avis critique rédigé par Vincent L. le dimanche 25 septembre 2011 à 20h05

Mou, chiant, mais pas inintéressant...

Après avoir travaillé comme parfait yes-man à Hong-kong pendant plus de dix ans (passant d'un genre à l'autre plus vite que son ombre : dix films en huit ans), Po-Chih Leong s'est exporté aux Etats-Unis pour continuer sa carrière. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que son changement de continent ne l'aura pas aidé à travailler sur des projets plus ambitieux, en témoignent ces dernières mises en scènes : The Detonator (avec Wesley Snipes), Hors de portée (avec Steven Seagal), ou quelques épisodes de la très moyenne série Wolf Lake. De fait, La sagesse des crocodiles s'apparente vraiment à un long-métrage à part dans sa filmographie, tant ce dernier revet ouvertement - presque comme un argument promotionnel - un cachet "film d'auteur intello".

La sagesse des crocodiles se veut en effet être une variation inédite sur le thème archi-conventionnel du vampire. Une vraie-fausse bonne idée, pourrait-on dire, tant il existe presque autant de variation que de films portant sur le vampirisme. En l'occurence, le film de Po-Chih Leong est plus proche de Twilight, avec lequel il partage nombre de points communs, que d'un Blade-like bien bourrin. On y retrouve ainsi le vampire attent de bogossitude, qui va tomber amoureux d'une mortelle avant de se retrouver rattrapé par sa nature de prédateur. Sauf qu'à la différence des adaptations des romans de Stephenie Meyer, emballés et packagés pour séduire les teenagers, La sagesse des crocodiles cible quant à lui un public estampillé "bobos", le film étant dans sa forme qualibré pour leur plaire.

En témoigne ainsi le rythme neurasthénique sur lequel se déroule l'histoire. Une fois encore, on tombe sur un réalisateur qui confond "rythme lent" avec "film d'ambiance", une association rarement heureuse, et malheureusement plutôt ratée dans le cas de La sagesse des crocodiles. Le film s'avère en effet mou et chiant sur la longueur, Po-Chih Leong multipliant les plans fixes au gré d'un montage confinant le film à l'ennui total. Cette absence de rythme traduit ainsi la difficulté de l'exercice, ainsi que la relative imcompétence de ce réalisateur qui, d'une pierre deux coups, rate tour à tour l'ambiance de son long-métrage (qui est long et ennuyeux, au lieu d'être envoutant et hypnotisant), et échoue à créer toute forme d'émotion ou de tension (n'est Wong Kar-Wai qui veut).

Pas hypnotisé du tout par la mise en scène, le spectateur ne pourra pas non plus se raccrocher à un scénario somme toute très classique. Il faut en effet reconnaître que le déroulement de l'histoire n'a rien de profondément extraordinaire, et ce alors même que, paré de ses atours prétentieux, La sagesse des crocodiles parvient à faire croire au spectateur qu'il va réinventer le mythe, et proposer nombre d'éléments inédits et originaux. Au final, force est de constater que si le script comporte malgré tout son lot de petites surprises, il ne propose rien de franchement palpitant dans son déroulé, qui ressemble à des dizaines d'autres longs-métrages portant sur la thématiques des vampires. A la fois très creux et très prétentieux, le film finit par rapidement agacer.

Pourtant, en dépit de ces gros boulets accrochés à ses pieds, La sagesse des crocodiles réussit malgré tout à garder la tête hors de l'eau pour s'avérer être un spectacle convenable et regardable. Il faut ainsi reconnaître que Jude Law, dans le rôle principal, livre une prestation hypnotisante ; le rôle s'avère être taillé sur mesure pour lui, et il s'en donne visiblement coeur joie dans le rôle du beau ténébreux romantique. Son charisme et son aisance sont tels qu'il réussit à porter la majeure partie du film sur ses épaules ; il devient ainsi un vampire vraiment mémorable dans un film qui, malheuresement, ne lui rend pas bien honneur. A ses côtés gravitent nombre de seconds rôles impeccables (on retrouve notamment dans le rôle du flic coriace le toujours très bon Timothy Spall).

De plus, certains éléments de l'histoire s'avèrent être assez originaux. Ainsi, cette idée de vampire se nourrissant de sentiments est assez originale, et ce même si sont traitement formel est nettement plus convenu ; si l'on est forcément déçu (on aurait aimé quelque chose d'inédit pour traiter cette idée de base intéressante), on ne peut que reconnaître le potentiel intrigant de ce postulat, capable de maintenir le spectateur devant son écran en dépit des nombreuses tares de la mise en scène. De plus, il est agréable de constater que le scénario fait l'effort de travailler ses personnages, lesquels, plus profonds qu'à l'accoutumée dans les productions relevant du genre, font preuve d'une profondeur assez plaisante. L'histoire racontée, en dépit de son classicisme, s'avère donc grâce à cela un minimum intéressante.

La conclusion de à propos du Film : La Sagesse des Crocodiles [2000]

Auteur Vincent L.
50

Nouvelle variation sur le thème du vampirisme, La sagesse des crocodiles vaut plus pour l'interprétation toute en finesse de Jude Law que pour son scénario finalement très prévisible. Si quelques bonnes idées et des personnages plus travaillés qu'à l'accoutumée parviennent à rendre le tout relativement intéressant, le film est cependant plombé par une absence de rythme qui confine parfois au calvaire, et qui empêche toute véritable ambiance de se mettre en place.

On a aimé

  • Jude Law, impeccable,
  • Quelques bonnes idées dans le scénario,
  • Des personnages correctement travaillés.

On a moins bien aimé

  • Un déroulé très classique,
  • Une quasi-absence de rythme,
  • Une ambiance finalement ratée.

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