Critique Bikini Party Massacre [2002]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 24 novembre 2011 à 22h51

Schizo in the wood

Sandy et ses amis décident d’aller passer le week-end en forêt. En cours de route, la  jeune femme, qui s’est assoupie, fait un terrible cauchemar: transformée en serial killer, elle croise sur son chemin un mystérieux personnage ensanglanté; le fantôme de son père. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à vivre des rêves macabres durant le trajet qui les mène au bord d’un petit lac, et cela ne manque pas d’électriser l’ambiance à l’intérieur du véhicule. Heureusement, une fois la petite équipée arrivée sur les lieux, ces désagréables instants sont vite oubliés et tout le monde s’apprête à profiter d’un séjour festif et relaxant, riche en contacts humains rapprochés. Mais ces rêves ne seraient-ils pas prémonitoires? Et que cherche vraiment cet inquiétant redneck qui rode autour du camp?

Une bande de jeunes campeurs massacrés par un serial killer, le thème n’est pas nouveau. En étant sévère, on pourrait même le qualifier de complètement dépassé. Pourtant, avec Bikini Party Massacre, Joseph D. Clark se lance dans une nouvelle tentative d’exploitation du genre et, de plus, sans vraiment en varier la forme. Cette série B  voit donc une belle brochette de crétin(e)s dévergondé(e)s, rendu(e)s dans un lieu isolé pour s’adonner à leurs vices (sexe et bière)... pour être finalement éliminé(e)s un à un par un mystérieux psychopathe usant d’outils de jardinage en guise d’armes improvisées. Pour ce qui de la réalisation, Joseph D. Clark obéit aux mêmes préceptes et cuisine les habituelles recettes, comme l’usage d’une caméra subjective pour nous dissimuler le plus longtemps possible l’identité du tueur, l’introduction de l’élément du faux coupable... Bref, tous les clichés du genre, le tout mis en forme via des moyens techniques minimalistes - certaines séquences de meurtres sont si mal foutues (la bêche volante!) qu’elles en deviennent ridicules sans que l’on arrive à déterminer si c’est volontaire.

Ainsi, au premier abord, Bikini Party Massacre apparaît comme une enième relecture très cheap de Massacre au camp d'Eté et autres slashers campagnards des années 80, ces oeuvres d’exploitation bas du font ne cherchant une quelconque efficacité que dans leurs aspects gore, pervers et/ou potaches. En apparence seulement. Car Joseph D. Clark, succombant probablement à un irrésistible élan d’ambition artistique, a tenté de personnaliser son oeuvre en la dotant d’un aspect psychédélique aux fragrances très seventies qui va prendre toute sa majesté à l’entame du dernier quart d’heure (des indices sont cependant distillés durant tout le métrage). A ce moment, via un twist très théâtral, le réalisateur nous embarque dans un univers schizophrène approchant ceux mis en forme par David Lynch dans Lost Highway et Mulholland Drive. Le problème, car problème il y a, est que Joseh D. Clark a nettement moins de talent que le réalisateur le plus barge d’Hollywood, notamment quand il s’agit de donner une certaine cohérence (narrative et artistique) à un enchaînement de rêves tordus. Ici, on est bien loin d’un tel résultat et, au final, au lieu d’appuyer la démarche, les rêves que connaissent les personnages dans le premier quart d’heure n’apparaissent que comme de vulgaires artifices horrifiques qui, de plus, ne présentent même pas un intérêt esthétique.

On peut également reprocher à Joseph D. Clark de s’essayer dans le cinéma «expérimental» sans oser pousser à fond sa démarche. Ainsi, en plus d’être peu habile avec une plume et une caméra, il se révèle comme sacrement timide dans le traitement. Passe encore l’aspect horrifique. On peut mettre l’importance du nombre de séquences gore traitées hors cadre (où le spectateur voit juste des gerbes de sang arroser témoins et meurtriers) sous le coup des contraintes budgétaires. Qu’ils soient fabriqués à partir d’inserts numériques ou de maquillages, les plans d’effets spéciaux ne sont pas gratuits. Par contre, l’absence de scènes subversives est moins excusable et donne à l’ensemble une désagréable sensation de superficialité. Bikini Party Massacre est en effet excessivement sage, que cela soit dans le domaine du sexe ou de la critique sociale. A l’amateur de cinéma subversif, il promet beaucoup mais n’offre pas grand-chose. Pour l’amateur de cinéma de genre, le constat n’est guère plus flatteur.

Au final, Bikini Party Massacre est un mauvais film. On ne peut cependant mépriser les bonnes intentions de Joseph D. Clark, qui s’est employé à construire un film original et surprenant. Le métrage bénéficie également d’une bande originale très bien choisie, composée de musiques collant parfaitement à la situation du moment. Enfin, si le twist final peut apparaître comme un sucker punch un brin vulgaire, cela n’enlève en rien au mérite des comédiens qui jouent le jeu à fond, notamment Joseph D. Clark, qui incarne Jeff, le personnage central de ce délire schizo.

La conclusion de à propos du Film : Bikini Party Massacre [2002]

Auteur Nicolas L.
35

Malgré sa réalisation perfectible, son manque de culot et son scénario bancal, Bikini Party Massacre est une curiositι qui devrait intéresser les amateurs de cinéma underground. On trouve en effet dans le film de Joseph D. Clarke quelques idées originales et surprenantes et d’autres petites bonnes choses, comme une bande originale efficace. Bref, un mauvais film, certes, mais qui ne laisse pas complètement indifférent.

On a aimé

  • Un scénario faussement conventionnel
  • Une bande originale efficace
  • Le twist final

On a moins bien aimé

  • Une réalisation très perfectible
  • Des FX cheap
  • Un manque de culot dans le traitement
  • Un scénario bancal

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