Critique Night of the Pumpkin

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 10 janvier 2012 à 17h07

Grosse courge et feuilles baladeuses

Est-il encore bien nécessaire, si vous êtes un habitué de Scifi Universe, de vous présenter Bill Zebub, énergumène métalleux adepte des tournages bricolés mettant en scène des filles dénudées aussi soigneusement épilées que mollement crucifiées ? Non, bien sûr, tant je vous en ai déjà parlé dans nos colonnes. Pour les autres, moins avisés, il vous suffit de savoir que l’homme s’est construit une petite réputation de l’autre coté de l’Atlantique, notamment dans le milieu underground, aidé par le coté subversif d’œuvres aux tendances psychédéliques. Tout ça pour vous dire que, Bill Zebub ayant décidé d’enchainer les tournages comme une star du X enchaine les coļts, il nous revient ici, quelques semaines seulement après Zombie Christ, avec Night of the Pumpkin, un slasher s’appuyant sur un scénario aussi épais qu’une feuille de pécul, réalisé avec deux dollars et exploitant un casting recruté une nouvelle fois dans l’entourage direct de l’artiste.

Nous l’avons déjà dit; difficile de dessiner le profil de Bill Zebub tant il aime ą brouiller les cartes.  Autoproclamé « roi du la série B », il épouse ainsi, par son cabotinage, son assurance et sa rock n’roll attitude, la démarche de Manowar, les fameux « kings of metal ». Du moins, en ce qui concerne la manière de défier l’establishment, parce ce que pour ce qui est du talent… Dans Night of the Pumpkin, toujours armé de sa caméra grand public, le vidéaste décide enfin de s’éloigner (un peu) de son thème favori – la crucifixion – pour lorgner du coté des légendes urbaines. Cela ne l’empêche toutefois pas de récupérer quelques plans de ses anciens métrages pour s’économiser des efforts qu’il juge inutiles, donnant ą l’œuvre un petit air de déjà-vu.  Certains pourraient qualifier cela de griffe artistique. D’autres de fumisterie.

Construit sur le témoignage (ou les délires) d’une victime, Night of the Pumpkin met en vedette un croquemitaine obsédé qui use de ses pouvoirs pour abuser de jeunes femmes peu farouches. Il faut savoir que ce violeur feuillu venu d’on ne sait d’on pour assouvir, semble-t-il, une vengeance (la séquence d’introduction voit des jolies naïades écrabouiller une citrouille - une proche parente de ce tueur?) n’est pas qu’un simple psychopathe cachant son visage dans une citrouille, c’est un véritable Jack o’bear. Ainsi, sa tête est une véritable cucurbitacée dotée d’attributs végétaux qu’il utilise comme des tentacules pour capturer - et besogner ! – ses proies. Sa première victime est une jeune femme, courant nue dans les champs, que Bill Zebub, fidèle ą ses habitudes, nous dévoile sous toutes les coutures.

Dés cette première séquence, on retrouve ainsi le style du réalisateur, qui sacrifie le réalisme ą une certaine forme d’érotisme peu élégant qui, au lieu de mettre en beauté les charmes féminins, préfère insister lourdement sur l’intimité de ces jolies comédiennes, ą grand renfort de gros plans pornographiques. Suivie par l’objectif d’une caméra baladeuse, la jeune femme fuit, trébuche, se roule au sol durant de longues minutes, son intégrité physique n’étant dégradée que via quelques barbouillages sanglants. Le tout est évidemment appuyé par une musique doom metal, registre favori de Bill Zebub. Même pour l’érotomane le plus endurci,  cette répétition de plans serrés finit par devenir lassant. Quand ą l’amateur de cinéma extrême, il en sera pour ses frais, le réalisateur n’ayant aucune attirance pour le torture porn.

Et Bill Zebub d’insister dans cette méthode peu enthousiasmante qui fait de ses œuvres des sortes de projections animées, et un brin déjantées, des pages d’un magazine Penthouse. Alors, certes, force est d’admettre que certaines séquences peuvent éveiller l’attention car agrémentées d’une certaine dose d’humour. On peut ainsi retenir la scène où le pumpkinhead réussit ą piéger des jeunes femmes et que l’une d’entre elle, pour échapper ą sa vigilance, fait semblant d’être soumise au contrôle de ses excroissances végétales. Difficile également de ne pas sourire devant un duel au katana entre deux babes et un comédien grassouillet, revêtu d’une vieille chemise ą carreaux,  la tête dissimulée sous une grosse citrouille en plastique toute moche. Mais ces moments amusants sont finalement assez rares… tout simplement parce que Bill Zebub prend son «art» très au sérieux. Ou, du moins, il tente de nous le faire croire en privilégiant une approche expérimentale, prenant ą contre-pied les tendances du moment (aucun effet gore, un final totalement dépourvu de climax), avec une intrigue présentant (maladroitement) quelques aspects psychédéliques et psychologiques.

Techniquement, Night of the Pumpkin n’est pas un film honteux. D’ailleurs, Bill Zebub, caméra au poing, ne peut pas être vraiment catalogué comme un réalisateur incompétent. Il fait juste avec les moyens du bord. Malheureusement, l’ensemble, mollement dirigé, manque sérieusement de dynamique ce qui fait que, cet aspect ajouté ą la lourdeur du scénario et ą la maladresse des dialogues, le résultat est aussi trépidant qu’un documentaire sur les spécificités de l‘’implatation de la betterave fourragère en zone azotée. A ce triste constat, il ne faut pas manquer d’ajouter la piètre qualité des maquillages et des effets spéciaux, avec un Pumpkin Head au look absolument ridicule. Au final, s’il faut bien reconnaitre que le cinéma de Bill Zebub cultive un certain esprit arty qui se positionne presque aux antipodes des modes actuelles, on ne peut pas plus négliger le fait que ses films composent en général des spectacles qui peuvent être aussi chiants qu’hypnotiques.

La conclusion de à propos du Film (Direct to Vidéo) : Night of the Pumpkin

Auteur Nicolas L.
30

Pas grand chose de neuf dans le cinéma de Bill Zebub. En effet, s’il exploite un thème non encore visité par le réalisateur (celui du croquemitaine), Night of the Pumpkin ne marque pas un véritable changement dans la démarche artistique du réalisateur. Un traitement qui confond l’art contemplatif et l’érotisme soporifique, des très jolies filles, des effets spéciaux tout pourris, une crucifixion, de la musique métal, une intrigue inutilement alambiquée... Bref, on se retrouve une nouvelle fois devant une œuvre ą la valeur intrinsèque absolument nulle mais qui parvient, on ne sait trop comment, ą rester sympathique.

On a aimé

  • Des jolies filles
  • Un cinéma atypique
  • La musique méta

On a moins bien aimé

  • Une réalisation morne
  • Des effets spéciaux pourris
  • Une intrigue inutilement alambiquée
  • Cinéma arty ou fumisterie?

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