Critique Star Cruiser [2012]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 23 février 2012 à 17h19

Star Daube

Dans le bar miteux de l’astroport d’Adcalmahr, une altercation entre un pilote chevelu, un verre à la main, et un type qu’il semble connaitre. On tend l’oreille: «je suis libre, je peux voler, l’air frais frappant mon visage!», dit le headbanger. Euh... Ok, mon gars, mais alors il va falloir que tu m’expliques, parce qu'à ouvrir le cockpit d’un spatiojet évoluant dans l’espace, ce n’est pas le frais que tu vas prendre dans la face. Au mieux, un météorite. Ce pilote, sorte de mix improbable entre John Belushi (modèle 1942), Françis Lalanne, le flic déjanté de Police Academy et un chanteur de metal allemand, on le connait (enfin, si l’on a vu les vingt premières de film précédant cette séquence). Il se nomme Rick Walker et, non, ce n’est pas un Ranger ex-karateka fan de country music. Jadis - enfin, il y a cinq ans - il était le commandant de la plus performante des escadrilles de chasse de l’Empire. C’était un type très respecté. Il avait les cheveux coupés courts. Oui mais voilà, il y a eu le désastre de New Anchorage, dernière opération d’envergure des forces impériales, visant à mettre à genou l’armée confédérée et un terme à un conflit qui dure depuis plus d’un demi-siècle. Mal dirigée par un général incompétent, l’offensive échoua, les troupes au sol se firent massacrer et Walker perdit la plupart de ses hommes dans des explosions de pixels. Suite au jugement de cour martiale qui suivit ce carnage, le général Gallagher fut démis de son commandement et envoyé en garnison sur Adcalmahr (à la romaine), une planète minière, avec le grade de colonel. Walker, lui, complètement dégouté, décida alors de se la jouer (Ian) solo en retournant à la vie civile pour exercer le métier de pilote chevelu indépendant.

Cinq années se sont passées depuis ces dramatiques événements, et voilà que, dans un bar paumé au fin fond de la galaxie, Walker et Gallagher se retrouvent face à face. Comment en sont-ils arrivés là? Et bien, comme je l’ai dit plus haut, le colonel s’est retrouvé sur cette planète poussiéreuse suite à une mutation disciplinaire. Une punition sacrément sévère qui l’oblige à se balader toute la journée devant le même fond vert. Pour Walker, cela représente une simple escale sur la route de sa mission, qui est d’accompagner une ambassadrice au caractère bien trempé à un rendez-vous très important. Un pilote tête-brûlée et j’m’en-foutiste; une ambassadrice un peu coincée? Toute coïncidence avec un célèbre couple «star warsien» ne serait absolument pas fortuite. D’autant plus que comme dans la première trilogie (ou deuxième, cela dépend du point du vue), Walker et sa protégé doivent échapper à des sombres conspirateurs impériaux qui ont lancé leurs forces à leur poursuite.

Evidemment, Gallagher est mouillé dans le complot jusqu’à l’os. Revanchard, le colonel s’est entouré d’androïdes femelles (si, si, et la prise pour recharger leur batterie n’est pas où l’on pourrait le penser) fans des méthodes d’intimidation de Darth Vader, et complote avec Palpat..., euh, un sénateur qui prend bien soin de tourner le dos à la caméra, même si on le connait absolument pas. Leur but est de faire échouer les négociations de paix qui vont débuter dans peu de temps entre l’Empire et la Confédération en y faisant exploser une bombe. Gallagher le mégalo, le fourbe, le vil qui butte ses hommes quand ils font preuve de faiblesse, poursuit donc un double objectif: se venger de Walker qui l’a enfoncé lors du procès et... devenir le maîîîîître de l’univers! Pour cela, il va semer un tas d’embuche sur le trajet de Walker et sa protégée. En vain, car ce vétéran des forces spatiales de l’Empire est un pilote aguerri, il parvient à amener l’ambassadrice à destination et même à désamorcer la bombe au cours d’une scène piquée à L’arme fatale (sauf que lui coupe le bon fil). Malgré cette déconvenue, les conspirateurs se dévoilent, deviennent putschistes, et lancent une attaque d’envergure contre le vaisseau amiral où se déroulent les négociations de paix.

Mon dieu que c’est laid! C’est la première chose qui nous vient à l’esprit à la vision de Star Cruiser. Le style recherché, celui d’un sorte d’un comic book pulp animé, et qui se traduit par des décors numérisés et des comédiens évoluant en digital backlot, amène un résultat crade à gerber, un peu comme si l’on avait baptisé le master de Capitaine Sky et le monde de demain avec de l’eau récupérée dans la cuvette des chiottes d’un relais routier. Alors, certes, pour un film réalisé avec moins de cinq millions d’euros, l’entreprise est louable et l’entame du film, avec ce débarquement de troupes à la Starship Troopers, surprend même agréablement (là, du coup, l’image salie colle parfaitement à cette impression de «merdier», comme le disent ceux qui ont fait l’Indochine). Par contre, ensuite, cela tourne presque au ridicule, notamment avec les séquences d’intérieur, qui pêchent par le manque de profondeur de champ, un cadrage champ-contre-champ d’une inélégance absolue, une image floue et cette impression de regarder des poissons s’ébattre dans une eau croupie.

A cela s’ajoute un scénario aussi linéaire que stupide, qui aurait pu être écrit par un enfant de huit ans régurgitant ses influences sans les avoir digérées. Répliques à deux balles, succession de clichés, enchainements de séquences et de plans honteusement piqués à Star Wars (surtout), Starship Troopers et Battlestar Galactica sont donc au menu de ce script pondu sans qu’il y soit adjoint la moindre once d’originalité. Un manque d’imagination dans l’écriture qui colle d’ailleurs tout à fait avec le design concept des vaisseaux. Qu’ils soient petits ou gros, on a l’impression de les avoir tous déjà vus quelque part... il y a longtemps, dans une lointaine galaxie. De plus, comme si cela ne suffisait pas, le métrage est extrêmement bavard, avec un héros qui se lance régulièrement dans des monologues aux propos aussi captivants que la réflexion d’une ménagère sur les bénéfices d’une eau non calcaire dans le rendement de son repassage.

Puis, il y a le héros.
Jack Moik (réalisateur, scénariste, responsable des FX et acteur sur ce film) affiche la plastique d’un Hollande période Ségolène, à laquelle se greffent le charisme d’une huitre et l’énergie d’un gastéropode. Grimé en pilote de chasse du style Tigre volant, il est aussi crédible que le serait Gérard Jugnot en Conan. Son jeu est absolument exécrable, notamment lors des scènes dialoguées, durant lesquelles il nous impose son visage inexpressif - ou son sourire crétin qui se veut séducteur - et son regard torve derrière lequel l’on devine un encéphalogramme définitivement plat. Même constat lors des bastons, ou il dévoile toute sa souplesse et sa maitrise des arts de combat, filmées au ralenti, de manière à ce que l’on distingue au mieux ses prouesses. Ah, ben non, finalement, ce n’était pas des ralentis. D’ailleurs, puisqu’on en vient à la mollesse de certains passages, il est bon de signaler que tous les acteurs suivent la même tendance. A croire qu’au 24ème siècle, toute l'humanité carbure aux infiltrations musculaires à base de marshmallows. Par contre, vu le teint humide et brillant de l’ambassadrice, pour les androïdes, cela serait plutôt des bolées d’huile de moteur. Oups, zut, j’ai spoilé !..

La conclusion de à propos du Film : Star Cruiser [2012]

Auteur Nicolas L.
35

La vision de Star Cruiser pose un léger problème de conscience. Quand l’on voit toute cette débauche d’effets spéciaux numériques, l’on se dit que pour cinq millions d’euros, les bidouilles de Jack Moik ne sont pas si mal foutues, avec notamment quelques sympathiques combats spatiaux. Mais si l’on fait abstraction de ce louable effort, force est de dire que ce film est sacrément pourri. Image hideuse, jeu et direction d’acteur calamiteux, scénario d’une effroyable banalité, même le design des vaisseaux pèchent par manque d’originalité. Une grosse daube, donc, que l’on ne parvient à ingérer que grâce à sa sauce, à base d’effets visuels potables.

On a aimé

  • La séquence d’ouverture
  • Les combats spatiaux

On a moins bien aimé

  • Tout le reste

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