Critique Your true colors [2013]
Avis critique rédigé par Richard B. le mardi 21 mai 2013 à 13h57
La couleur des sentiments.
« Les regrets, c'est pour moi l'essence de la conscience humaine. Il y a parfois des actes qu'on regrette, ou des inactions qui nous rongent. On y pense souvent quand il est trop tard pour rectifier le tir. Les paroles qui auraient dû être prononcées et qui ne l'ont pas été. Les moments où il aurait mieux valu se taire. Et à chaque fois, on essaie de réécrire le présent... »
Tout comme le Christ, Adam Claridge, sera mort à trente-trois ans. Il ne fait aucun doute que ce célibataire n’ayant aucune famille connue aurait préféré ne jamais ouvrir la porte de son appartement. Le résultat est pourtant là. En cette matinée, Adam est étendu au sol depuis quatre ou cinq jours, sa citrouille est explosée et décore le parquet. La police, désormais sur les lieux, parle déjà d'un suicide. Pour la jeune Pia Ilovna, étudiante en physique, qui a rêvait d'une conversation avec Adam durant un cours, il en est tout autrement. Pour elle, la mort d'Adam est loin d'être accidentelle, elle pourrait même cacher quelques secrets qui voudraient bien le rester.
Après l'arrivée des premiers tomes de «Bad ass » et de « Nightfall », les éditions Delcourt continuent avec ce troisième titre le lancement de leur nouveau label « Comic Fabric ». Le Cercle vient donc clôturer ce trio de tête (chacun devant se décliner en plusieurs volumes) bien que déjà d'autres titres devraient suivre assez rapidement (dont un écrit par Serge Lehman). Dans tous les cas, si Nightfall nous avait laissés un peu sur notre faim, Bad ass, et maintenant le Cercle, confirme la justesse de la démarche initiée par l’éditeur, celle de récupérer l’essence des comics américains pour la refaçonner avec une légère touche européenne.
La scénariste, Andoryss (Les Enfants d'Evernight, 7 Naufragés), parvient à nous captiver dès la première page. Les textes sont souvent très agréables à suivre et l'enquête tournant autour du meurtre d'Adam Claridge est menée de manière habile, avec une gestion du temps assez incroyable puisque, sur toute la longueur de l’œuvre, on ne sent aucune baisse de régime. Le découpage en chapitres, en plus de rappeler une certaine approche des comics, matérialise chacune des pensées des personnages, une idée de ce qu'ils sont. Alors, oui, l'héroïne (Pia Ilovna) peut sembler de construction assez traditionnelle par le fait qu'on y retrouve la jeune étudiante plutôt futée, gentille et déterminée, et possédant un pouvoir bien particulier – celui de voir des vérités dans ses rêves . Il est vrai aussi que l'on retrouve l’idée souvent rencontrée de factions mystérieuses semblant en traquer une autre. Tout cela donnant une impression de déjà vu sans que l'on sache où et quand exactement. Reste qu'on accroche sérieusement au récit et que certains des protagonistes nous apparaissent soit très attachants, soit originaux ou intrigants. Nous avons donc une médecin légiste (sans pouvoir) dont on saisit pas encore trop les motivations ; un type au caractère bien trempé prénommé Nicolas Lenoir qui à la capacité de voir le monde dans des couleurs que personne d'autres ne peut saisir et qui reflètent les sentiments - ou les âmes - de lieux ou de personnes ; un jeune homme qui semble avoir la capacité de débattre avec d'autres parcelles de lui-même, et, surtout, il y a cette femme possédant un don de persuasion et qui semble en savoir bien plus qu'elle ne veut bien le dire. Andoryss donne l'impression d'avoir su saisir tout ce que l'on pouvait attendre d'elle pour lancer ce type de collection. En tout cas, on attend avec grande impatience la suite.
Au premier abord, le trait et les couleurs de Nesskain sont loin être accrocheurs. L'ensemble, à travers une lecture rapide, pourrait apparaître comme terne, et le dessin assez simplet. Il serait vraiment d'hommage de s'arrêter sur cette première impression. Tout d'abord, le choix des cadrages est toujours pertinent, ce qui amène une fluidité de lecture quasi exemplaire, ensuite les ambiances sont en parfaites adéquations avec ce qui nous est raconté, et les phases avec le personnage de Nicolas Lenoir, et sa capacité de discerner autrement les couleurs, offrent des effets loin d’être conventionnels. Bref, une fois plongé dans la lecture, le visuel de Nesskain et le texte d'Andoryss ne font plus qu'un et arrivent à nous transporter ailleurs durant 88 pages.
La conclusion de Richard B. à propos de la Bande Dessinée : Your true colors [2013]
Ce premier album du Cercle est une véritable réussite et captive sur toute sa longueur. L'histoire n'est pas foncièrement originale, le dessin n’accroche pas immédiatement l’œil, et, pourtant, l'un comme l'autre, une fois lecteur plongé dans la découverte du récit, nous charment. On ressort de la lecture de cet ouvrage avec la sensation d'avoir passé un moment aussi rapide que particulièrement agréable. Du coup, on est impatient de découvrir la suite… en espérant qu'elle soit digne de son introduction.
On a aimé
- Une histoire prenante.
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