Critique Night of the Tentacles

Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 14 juin 2013 à 17h21

Abomination faustienne

De par les qualités de ses œuvres, Dustin Mills, depuis ses débuts en 2010, s’est fait une bonne réputation dans le milieu du cinéma d’horreur indépendant made in USA. Ici, l’habile réalisateur nous propose une œuvre à l’humour grinçant qui peut être interprété comme un véritable hommage aux œuvres de Frank Henenlotter – Frères de sang et Elmer, le remue-méninges. Ainsi, même si l’intrigue laisse apparaitre de nombreuses différences, à commencer par un héros au profil bien différent, elle exploite le même thème, celui de la dépendance.

Le héros de ce métrage est un timide infographiste répondant au nom de Dave. Il est secrètement amoureux de sa voisine habitant l’appartement en dessous du sien, Esther, qui, enceinte, vit mal d’avoir été largué par son mec mais cela ne l’empêche pas se régulièrement se masturber, tous les soirs, à la même heure. Dave vit donc son amour avec Esther par procuration. L’oreille collée au plancher, il s’astique le poireau pendant que son « aimée » se donne du plaisir. Seulement, un jour, Dave va vérifier de manière concrète l’expression de petite mort. Une jouissance qui se transforme en infarctus et il apprend que, si on ne lui trouve pas un nouveau cœur, il ne lui reste que peu de temps à vivre.

Alors que, résigné, Dave plonge dans la déprime, il reçoit une nuit une étrange visite. Celle de Belial, qui lui propose un nouveau organe en l’échange de son âme. Dave, qui n’a probablement jamais entendu parler de Faust, accepte et se voit offert par le démon un coffret contenant un remède à son mal : un cœur tout neuf. Mais le seigneur de la tromperie ne lui a pas dit, bien sur, que ce cœur a besoin, pour survivre, de dévorer des être humains (voire des chiens !) et que, pour ce faire, il n’hésite pas à user de ses tentacules meurtriers !  Dave se retrouve devant un sacré dilemme. Il ne peut supporter d’être le complice de ces actes assassins, d’autant que le lien empathique entre lui et l’abomination le met très mal à l’aise, mais éliminer ce nouveau « cœur » signerait son arrêt de mort…

Pour mettre en forme ce Night of the Tentacles, Dustin Mills a usé de la même recette que pour le reste de sa filmographie. Il tente de compenser un manque de moyens techniques et artistiques en optimisant ses capacités de perfectionniste. Night of the Tentacles brille donc par une photographie très chiadée, des angles de prises de vue variés et bien pensés, un montage mêlant efficacement plans réels et créations infographistes et des effets spéciaux cartoonesques. Certes, c’est toujours très perfectible, mais techniquement, difficile de faire mieux avec une maigre poignée de dollars. Pour ce qui est du scénario, comme signalé plus haut, le fan de cinéma horrifique va rapidement comprendre que Dustin Mills a puisé ses idées dans Basket Case et, surtout, Brain Damage, avec une créature parasitaire cynique, un brin sadique, et doté d’une élocution distinguée.  Même constat pour le rythme, lent et posé, presque somnolent. On est cependant plus dans l’hommage que dans le pillage et les amateurs apprécieront surement.

A coté de cela, le ton est humoristique et le récit très bavard. Dave, au fil du récit, se livre à de nombreux monologues assez amusants mais qui finissent, force est de l’admettre, par devenir lassants. Ensuite, l’aspect graveleux est moins poussé qu’à l’habitude avec peu de plans de nu et le sexe est presque totalement traité de manière subjective. Heureusement, pour le gore, Dustin Mills se montre plus généreux. Ainsi, même si le métrage ne comporte que trois scènes de meurtre, celles-ci sont à la fois craspecs et très violente. La plus spectaculaire se déroule dans la salle de bains d’une voisine antipathique. Le cul posé sur les chiottes, elle se voit brusquement introduite par des tentacules qui lui ressortent par la bouche, avant de la faire exploser dans un feu d’artifice de chairs et de viscères. Très gore – même si réalisé en CGI. Enfin, un mot sur la créature infernale. Si on ne voit ses tentacules durant la quasi-totalité du film, elle se dévoile totalement dans la dernière séquence, quand Dave décide de la supprimer. Cette abomination est en fait un cyclope en plastoc tout moche, volontairement (j’espère !) ridicule qui se déplace au sol tiré par des fils. Personnellement, je l’ai prise pour une sorte d’hommage déplacé à Paul Blaisdell, le pape des Craignos Monsters (marque déposée JPP). Mais bon, pas sûr que cela soit le cas.

Enfin, pour finir, un mot sur l’interprétation.  Brandon Salkil, proche collaborateur de Dustin Mills puisqu’il a participé à tous ses tournages, nous offre une performance à mi-chemin entre le Bruce Campbell d’Evil Dead et le Jim Carrey Carey de… euh… Jim Carrey, quoi. C’est un peu surprenant, mais assez efficace, d’autant plus que ses grimaces sont amplifiées par la caméra biscornue de Dustin Mills. Dans tous les cas, Brandon Salkil nous offre une interprétation dense et fait preuve d’un véritable talent, qualité rare dans le cinéma d’horreur indé américain.  L’acteur est entouré d’un casting essentiellement féminin, trois comédiennes aux plastiques peu remarquables (c’est peu de le dire) et au talent discutable. A croire que Dustin Mills n’avait que ça sous la main. Il n’a apparemment pas ses entrée dans le monde des bombasses du cinéma Z. Dommage.

La conclusion de à propos du Film (Direct to Vidéo) : Night of the Tentacles

Auteur Nicolas L.
37

Si vous êtes de nature curieuse et ouvert d’esprit, je ne peux que vous conseillez de jeter un œil sur les œuvres de Dustin Mills. En effet, contrairement à ses pairs qui brillent souvent par leur attitude fumiste, ce cinéaste est un perfectionniste qui aime le cinéma. The Night of the Tentacles confirme une nouvelle fois ce profil de bosseur assez talentueux, même si on lui préférera un Balt Salth Zombies plus foutraque. Par contre, son aspect plus sage lui permet de toucher un public un peu plus sensible et ne manquera pas d’amuser tous les fans de Frank Henenlotter.

On a aimé

  • Une réalisation soignée
  • Un humour noir bienvenu
  • Un hommage au cinéma d’Henenlotter

On a moins bien aimé

  • Une réalisation et des FX cheap
  • Une interprétation inégale
  • Des longueurs

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