Critique Hellbeast [2013]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 17 juin 2013 à 20h05
Daube démoniaque
Vous, chers amis, qui vous plaignez souvent de faire un travail sans intérêt, rassurez-vous! Parfois, même les démons se voient confier les missions les plus ineptes. La preuve, ici, c’est une sorte de dieu maya à l’allure d’oiseau décrépi qui se voit chargé de préparer la venue de Satan (Dark Lord, en vo) sur Terre. On pourrait croire la charge glorieuse, mais il n’en est rien. C’est un travail de merde. En fait, pour que son maitre puisse venir foutre le bordel sur notre bonne vieille Terre, le démon (qui aurait bien besoin d’une nouvelle garde-robe!) doit simplement faire chier quatre péquenots d’une petite ville des USA jusqu’à ce qu’il y perdent leurs âmes. Enfin, dit comme ça, cela a l’air simple, surtout que la créature est armée d’un bâton magique. Mais quand on évolue dans l’univers débilo-foutraque de Robert Stock, même enfiler des chaussettes à l’endroit tient de l’exploit!
Comprendre l’intrigue de Hell Beast relève de la torture mentale. Le scénario est un joyeux bordel (oui, joyeux, car on finit par piger qu’il s’agit d’une comédie) qui peut, si l’on n’y prend pas garde, vous filer une sacrée migraine. Non pas qu’il soit compliqué, loin de là. Il est surtout très con, bourré d’incohérences et de séquences inutiles. Dés le début, Robert Stock annonce la couleur avec un explorateur de la période victorienne qui, après avoir usé de sa machette sur une tige de fougère qui lui barrait le passage (premier fou rire du spectateur médusé – il y en aura d’autres) pille un sanctuaire maya dans lequel il récupère trois idoles et une vasque sacrificielle. Rentré chez lui, il exécute un rituel qui fout sa baraque et sa femme en l’air et crée une sorte de vortex… d’ou émerge le démon. Deux siècles plus tard, le démon se décide enfin à agir et à préparer la venue de Satan. On se demande alors qu’est-ce que les mayas traficotaient avec Satan, mais surtout qu’est-ce que ce démon a bien pu foutre sur Terre pendant tout ce temps, à part rafistoler le toit de la baraque et arroser les plantes. Bref, en usant de son bâton (il crée une onde de choc en le frappant sur le toit d’une maison modélisée en CGI), le démon force quatre personnes à se suicider. Evidemment, Robert Stock n’explique pas du tout les critères qui ont fait que le démon a choisi ces gens plutôt que d’autres mais, bon, on se console en matant la nudité d’une des victimes, qui s’ouvre les veines dans son bain. Le démon, en tout cas, a l’air content. Le spectateur, lui, se sent envahi par un fort sentiment de perplexité. Et c’est loin d’être terminé!
Car c’est en fait à partir de ce moment que le métrage part vraiment dans le n’importe quoi. Cela commence par l’entrée en scène d’un journaliste interprété par un Corbin Bernsen en démonstration de total free style. Probablement impressionné par le statut de l’acteur, Robert Stock a du lui dire: «faite ce que vous voulez, monsieur Bernsen. Moi, je vous filme». Du coup, ce sympathique comédien surjoue comme un fou, adopte des attitudes ridicules, cabotine sans discontinuer, se tape la discute avec un animal domestique qui ne le quitte pas (un squelette de chien!). Bref, il fait le con, probablement bien conscient que le film dans lequel il joue va être une sacrée bouse. Et il a raison car les séquences qui s’enchainent n’ont, en effet, ni queue, ni tête. Le temps d’une scène, l’on croit comprendre, mais dés la suivante, l’on se rend compte qu’il n’y a en fait rien à piger. Le summum de la connerie se situe à l’occasion d’une séance où quatre amis des suicidés (oui, chaque suicidé n’avait qu’un seul proche, c’est triste, hein?) se retrouvent pour une séance de spiritisme dans la fameuse maison (le vortex est à l’étage mais tous s’en foutent), en compagnie d’une medium qui sort de nulle part. D’un coup, les quatre participants et la medium tombent raides sur la table (qui est carrée, force est de le préciser) et se voient embarqués dans une autre dimension où ils vont faire l’amour à leurs aimées avant de se retrouver entrainer dans une terrible séance de torture. L’habitué de ce genre de métrage se met donc essayer d’en déduire quelques messages ou y trouver une logique. Que nenni! Après que les amis aient subi une mort horrible dans cet Enfer de pacotille (l’une est empalée, l’un est électrocuté, une autre dévorée par des araignées, etc.), ils se réveillent! Point barre! Il y a juste la medium qui conclue cette scène ubuesque par un implacable «le démon veut vos âmes!» Du véritable foutage de gueule, d’autant que les séquences de baise sont absolument inutiles puisqu’elles se comblent pas les penchants voyeuristes de tout amateur de film de genre. Oui, mesdames et messieurs, sachez que dans la quatrième dimension, on baise habillé!
Et puis, il y a Jésus. Oui, Jésus, le mec aux petits pains, le barbu qui marche sur l’eau et qui vire à coup de pied au cul les marchands indélicats. Lui-même. Il porte même un tee-shirt à sa gloire. Donc, Jésus se pointe sur Terre par le même vortex que le démon (ce dernier, occupé à jouer avec son bâton, ne le voit pas). Il commence par faire parler de lui en aidant les pauvres et les malades puis d’un coup, en même temps que le journaliste farfelu, armé d’un fusil d’assaut, il se téléporte dans la fameuse maison au moment même où les participants à la séance de spiritisme se remettent de leurs émotions. Bien qu’ils ne connaissent ni d’Eve, ni d’Adam les deux nouveaux venus, les quatre « élus » ne leur posent aucune question. Pire, ils se joignent à eux pour effectuer une opération commando visant à buter le démon, jésus mettant à leur disposition un véritable arsenal militaire. On découvre un lance-roquettes et même des pains de C4 ! « Je crois que je peux en faire une bombe, déclare l’un des protagonistes. On peut admirer sa lucidité, des fois que certains aient voulu en faire un cake aux olives. Vient ensuite le moment d’une nouvelle crise de fou rire quand Jésus, après avoir échoué dans sa tentative « éclair » de détruire le démon (on prend alors conscience que, pour Robert Stock, Dieu est une montagne d’incompétence), se voit crucifier (Encore !!!) à un arbre par une ridicule attaque de brindilles vivantes.
Est-il nécessaire de préciser que, techniquement, le film est également très mauvais ? C’est plus pardonnable au regard du budget alloué mais force est d’avouer que les créatures et les effets numériques sont très perfectibles. On croirait voir des incrustations de personnages de dessins animés ou de vieux jeux vidéo. Le gore (numérique, lui aussi, et guère convaincant) est bien présent durant la première moitié du film mais a tendance à devenir plus rare au fil du récit. Les effets numériques représentant les tirs d’armes à feu sont risibles et évoquent les tirs de pistolet des Brigades du tigre… en plus moche. Là encore, le bilan est donc calamiteux. Cela aurait pu passer si le récit avait été plus intéressant mais ce n’est hélas pas le cas. En fait, la seule chose qui nous retient devant cette pale copie couleur d’un métrage d’Ed Wood est l’humour, avec quelques gags volontaires (le démon qui prend une roquette à bout portant dans la tronche, Corbin Bernsen qui nous fait sa relecture de l’inspecteur Drebin) et involontaires (la séance de spiritisme, l’attaque des campeurs).
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Hellbeast [2013]
Je suis un ardent partisan du cinéma d’horreur indépendant mais là, force est de dire que ce film est indéfendable. Avec Hell Beast, Robert Stock se fout même de la gueule du monde avec un film idiot, incohérent et mal foutu. Le scénario est un enchainement sans queue ni tête de séquences stupides et techniquement, ne vaut pas grand-chose non plus. On se demande vraiment ce que Corbin Bernsen est aller faire dans cette piteuse aventure, même si son jeu déjanté contribue a rentre le spectacle moins indigeste.
On a aimé
- Parfois drôle
- Corbin Bernsen en free style
On a moins bien aimé
- Un scénario sans queue ni tête
- Un travail de fumiste
- Une narration presque incompréhensible
- Des séquences gratuites Des FX pourris
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