Critique Gravity Rush #1 [2012]
Avis critique rédigé par Bastien L. le mercredi 16 avril 2014 à 17h00
Gravity
La PlayStation Vita est actuellement une console bien frustrante, un petit bijou technologique mais dont la ludothèque reste terriblement pauvre en jeux. Alors quand un titre de la trempe et de la fraîcheur de Gravity Rush point le bout de sa cartouche, on se jette dessus comme des affamés...
Comme pour l'excellent Uncharted : Golden Abyss, les projets les plus intéressants de cette console portable sont des productions interne de son constructeur Sony. Cette fois-ci, il s'agit d'une section de son studio local appelé Japan Studio, qui se fait elle-même appeler Project (ou Team) Siren (et ce dans la mesure où on leur doit les trois épisodes de Forbidden Siren, des survival-horror très respectés créés par Keiichiro Toyama). Cette dream team du jeu d'épouvante se trouve pourtant ici loin de ses bases, et ce même si Gravity Rush (intitulé Gravity Daze au Japon) trotte dans la tête de Toyama depuis un certain temps.
Le jeu prend place dans la grande ville de Heksville, un monde totalement imaginaire situé sur plusieurs énormes rochers flottants. Certaines parties de cette ville manquent et semblent disparaître depuis que d'étranges créatures ténébreuses, les Névis, attaquent du dessous de cette cité. Vous incarnez la jeune et ravissante - mais amnésique - Kat qui se réveille au bout milieu de cette drôle d'ambiance accompagnée d'un étrange chat au pelage rappelant un ciel de nuit rempli d'étoiles. En plus de donner son nom à l'héroïne, ce dernier va permettre à Kat d'agir sur sa propre gravité, qu'elle peut désormais inverser à souhait et la diriger dans n'importe quelle direction. Son pouvoir fait d'elle une Gravitéenne pour la population, donc une source de méfiance comme d'espoir. En effet, ses capacités lui permettent d'être efficace dans la lutte contre les Névis, mais sa différence inspire la méfiance car elle partage ses pouvoirs avec une certaine Raven, ravissante femme accompagnée d'un corbeau ayant un esprit moins serviable. Mais avec son amnésie, la naïve et enjouée Kat va tenter de se donner un sens et tout faire pour rendre service à la ville et à sa population si particulière.
On va donc être amené à rencontrer toute une galerie de personnages qui permettront à Kat de mûrir et de prendre conscience de ces capacités. On aide ainsi Syd, un jeune policier un peu maladroit, on se bat contre l'étrange Raven pour tenter de sauver la ville, on rencontre l'effrayant voleur Alias. Ces missions se font grâce à un vieil homme qui nous fait voyager entre des dimensions qu'il faut nettoyer pour faire revenir des parties d'Heksville. Cela permet d'agrandir notre champ de jeu, mais aussi de rendre Kat plus populaire. La première moitié du jeu semble offrir un chemin assez tracé sur des missions d'aides de citoyens puis la délivrance de parties de la ville, mais le jeu nous surprend ensuite dans une seconde partie de plus en plus décousue et remplie de surprises permettant d'apporter ce fameux vent de fraîcheur.
Évidemment, les amateurs de culture japonaise ne seront pas surpris par la structure du récit (ils seront surtout charmés par la direction artistique du titre). Le cel-shading assez discret, mais bien présent, donne un charme fou alors même que cette technique commence à faire son temps. Il faut dire que les lignes de contour sont très fines, au point que l'on se croirait véritablement dans une bande-dessinée interactive. (chose d'autant moins suprenante qu'une des références assumée par Toyama est l'univers de Moebius). Le parti pris d'offrir peu de cinématiques, qui plus est doublées dans une langage totalement inventé, peut paraître assez réducteur, mais l'idée de vignettes de BD qu'on fait défiler à l'aide de l'écran tactile est à la fois plutôt bonne et surtout très intuitive. Cela fait de Gravity Rush une expérience un peu à part dans la manière de suivre l'histoire, entre le jeu vidéo et la bande-dessinée. L'ensemble est donc très surprenant, novateur même avec de nombreuses surprises, des faux-semblants mélangeant rêves et réalité et une fin intelligente laissant la porte ouverte aux interprétations (et appelant accessoirement une suite). Les seuls véritables défauts qu'on peu trouver dans l'histoire sont peut-être l'attitude très naïve de l'héroïne, ainsi que quelques aspects de l'univers manquant de justifications.
Si la direction artistique tient tant la route, c'est parce qu'elle est techniquement exceptionnelle. Elle permet ainsi de bien rendre compte des possibilités de la Vita. Si le jeu est moins beau qu'un Golden Abyss (dans le sens purement technique du terme), les environnements, vraiment immenses, sont tout bonnement resplendissants. Quand on a débloqué l'ensemble de la ville, ce sont donc quatres zones gigantesques à parcourir, que ce soit au niveau des rues, des toits, mais aussi des niveaux inférieurs (voire en dessous). Même idée pour les lieux surprenants de la seconde partie du jeu, dont une chute libre ahurissante ne manquant pas de rappeler Alice au pays des merveilles. Les développeurs ont créé des zones agréables à parcourir, remplies de joyaux donnant un véritable intérêt pour l'exploration qui, du coup, a un côté aussi grisant qu’apaisant grâce au gameplay. N'oublions pas non plus les belles musiques, composées par l'expérimenté Kohei Tanaka, dont la variété aide à l'immersion.
L'intérêt du titre est donc de contrôler cette gravité pour faire des cabrioles inspirées avec la belle Kat. Project Siren s'en sort avec les honneurs tant cela est simple à utiliser pour se déplacer. La simple pression du bouton R de la console fait s'envoler Kat, et on doit ensuite orienter le joystick gauche (ou la console avec sa fonction gyroscopique) vers la direction indiquée et appuyer une nouvelle fois sur R. On peut ainsi enchaîner les directions, les mouvements, accélérer, prendre de la hauteur pour s'orienter et s'accrocher dans n'importe quel sens sur n'importe quelle paroi... Les possibilités sont multiples et l'exploration s'en relève être un véritable plaisir. Il y a énormément de gemmes à ramasser et elles permettent ainsi d'améliorer les capacités de Kat : plus de vie, augmentation de la jauge de gravité, sans oublier la montée en puissance des options liées aux combats.
Ces derniers sont très importants dans le jeu, et se révèlent assez plaisants, sans toutefois être parfaits. Ils ont déjà un aspect redondants car forcément très aériens (même si la belle sait se battre au sol) avec la technique du coup de pied accéléré par la gravité. Il faut donc prendre de la distance et foncer dans les nombreux points faibles des ennemis. Heureusement qu'il existe quelques pouvoirs spéciaux, dont un coup de pied tourbillonnant à tête (ou gros orteil...) chercheuse. On aurait finalement aimé plus de possibilités (avec des combos par exemple). De même, les batailles avec les ennemis volant deviennent difficiles à cause d'un manque de repères et de la palette de coup limitée de Kat.
Le gameplay frise donc la perfection, alors que les développeurs avaient clairement pris un vrai risque avec cette idée de gravité. Une simple pression du bouton L permet de faire jouer la bonne vieille gravité d'Isaac Newton. Le système de progression de l'héroïne est bien pensé et donne une légitimité à l'exploration, même si on se déplace souvent pour le plaisir des possibilités offertes. Il y a de nombreux secrets à découvrir dans ces niveaux (décidément immenses). Il existe également de nombreux défis à débloquer pour rapporter plus de gemmes et donner un aspect scoring au jeu. Ces défis sont loin d'être simples pour remporter toutes les médailles d'or, et occuperont les gamers les plus acharnés. Si le jeu en lui-même n'est pas vraiment difficile, il demandera quand même un peu de patience et de technique face aux boss. Pour faire un tour honnête du titre, il vous faudra une dizaine d'heures (ajoutant ainsi une ligne aux nombreuses qualités du titre), et on peut monter à quinze voire vingt heures si vous compte le terminer à 100% (avec des DLC de quêtes annexes déjà disponibles).
La conclusion de Bastien L. à propos du Jeu Vidéo : Gravity Rush #1 [2012]
Gravity Rush est un titre à essayer - si ce n'est à acheter - d'urgence pour les possesseurs de PlayStation Vita. Il apporte un véritable vent de fraîcheur en réussissant à aller au-delà de son concept de base (jouer avec la gravité). L'aventure est surprenante et dépaysante, et on ne remerciera jamais assez l'équipe de développement, qui a su prendre des risques (chose devenue bien rare dans les productions de grands studios). Ajoutez à cela un gameplay maîtrisé offrant des possibilités littéralement renversantes, ainsi qu'une prouesse technique qui ne cessera de vous étonner tout au long de votre voyage.
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