Critique Enigma [2014]

Dans le monde d'Enigma, tout se bouleverse en quelques fractions de secondes, les formes évoluent, les lois mathématiques varient. C'est une ville en perpétuelle construction et déconstruction. La matière se transforme, vit, s'émancipe et s'apprivoise. Cette effervescence bouillonnante réclame aussi une quantité phénoménale d'énergie et en tant qu'architecte d'Enigma, c'est à vous d'imaginer et de réaliser les machines les plus performantes afin d'alimenter cette entité vivante et insatiable.

Une boite à énigmes.

Enigma renferme un matériel conséquent avec la présence de plus de cent tuiles Enigma en carton et recto-verso. On découvre encore un sablier, des pions Ingénieur, des pièces « Tetris », une piste de score et divers éléments qui confirment la bonne impression générale sur le soin apporté au matériel.

Une règle sans énigmes.

Les joueurs tentent de résoudre différents casse-têtes, le tangram où il faut reconstituer une forme, les poids qui, si bien répartis, équilibrent la balance, les tuyaux doivent connectés tous les canaux et enfin les pièces « Tetris » qui, assemblées, reconstituent l'illustration de la tuile Enigma vue du dessous.

Chaque joueur choisit une tuile Enigma (on n'a pas le droit de choisir la même épreuve qu'un autre joueur). Simultanément, il faut résoudre le casse-tête. Le premier qui y parvient retourne le sablier, c'est le temps qui reste aux autres joueurs pour trouver la solution.

En cas de succès, on retourne la tuile Enigma sur sa face Réseau et on place, si on le souhaite un pion Ingénieur (trois au plus)sur un réseau énergétique (de plusieurs couleurs). Quand un réseau est clos, on marque des points selon son importance, sources énergétiques (cases) de même couleur. Par exemple, si on ferme un réseau avec quatre sources énergétiques bleues, et que son pion Ingénieur est posé sur une source énergétique bleue, alors on marque quatre points. De plus, on récupère son pion Ingénieur.

La partie se termine lorsqu'un joueur atteint ou dépasse quinze points. C'est le vainqueur.

Enigma, un jeu « Puzzle ».

Enigma est l’œuvre de Touko Tahkokallio qui commence à se faire connaître dans l'univers du jeu avec plusieurs créations intéressantes (Principato, Welcome to Walnut grove, Eclipse...). On retrouve la patte de cet auteur qui s'inspire de mécanismes déjà existants et les assemble à sa « sauce ». Enigma reflète cet état d'esprit avec des réminiscences de Tetris, Tangram, Blokus 3D et Carcassonne pour la pose et de récupération des pions Ingénieur et son système de réseau fermé (comparable aux voleurs et aux chemins dans Carcassonne pour ceux qui connaissent).

Enigma se révèle plaisant à jouer avec cette tension qui s'installe lors de la résolution simultanée des différents défis. On craint de ne pas terminer son casse-tête et de perdre la possibilité de poser un pion Ingénieur, l'unique garantie de marquer des points de victoire. Enigma s'inscrit sur une veine familiale avec des règles accessibles, des parties courtes et dynamiques. On s'affronte dans une ambiance joyeuse et cependant compétitrice où chacun essaie d'optimiser ses chances de victoire selon ses préférences (il n'est pas rare que certains joueurs se focalisent sur un type de casse-tête seulement). A quatre joueurs, Enigma revêt son habit de lumière avec une augmentation de la tension et de l'intensité de la compétition, ce qui lui vaut un assentiment partagé des joueurs. Par contre, la durée de vie demeure problématique (il existe seulement 27 défis par épreuve, 108 en tout), ce qui peut, en cas de pratique simplement régulière (3 ou 4 parties par mois), provoquer un sentiment de lassitude assez rapidement, et une espérance de vie d'à peine quelques semaines. Toutefois, Enigma reste un jeu intéressant, familial et amusant.