Critique Underground Airlines [2018]
Avis critique rédigé par Nathalie Z. le lundi 3 décembre 2018 à 09h00
Une uchronie coup de poing si réaliste !
Undergroung airlines est un roman uchronique de Ben H. Winters, l'écrivain entre autres, de Dernier meurtre avant la fin du monde. Comme toute uchronie, le roman prend un événement de l'histoire et le fait diverger. Dans cette œuvre, la guerre de Sécession n'a pas eu lieu, Abraham Lincoln a été assassiné plus tôt et l'Union a été maintenue. Cette unité est cependant fragile car tous les états n'ont pas aboli l'esclavage. Au fil du XXème siècle, de plus en plus d'Etats interdisent cette pratique barbare mais à notre époque, dans cette fiction, l'esclavage est encore légal et pratiqué dans quatre Etats (je vous laisse imaginer lesquels, la réponse en lisant le livre).
Nous voici donc de nos jours, avec des Etats-Unis différents et pourtant si proches de notreréalité. Plus on va vers le Sud, plus le racisme est marqué et répandu. Les Afro-américains sont en difficulté même dans les Etats abolitionnistes et la situation dans les 4 Etats esclavagistes est tout simplement abominable.
Le roman suit le parcours d'un homme noir atypique puisque sa fonction est de chasser ses pairs. Il "travaille" pour les US Marshalls et poursuit les esclaves fugitifs qui ont réussi à atteindre le Nord. En réalité, il est un esclave lui-même, contraint de rentrer par un système rappelant le Suicide Squad (DC Comics). Victor, ce chasseur d’âmes, utilise divers rôle pour entrer en contact avec l’underground airlines (en référence à l’underground railroads, le réseau de pistes qui permettaient aux esclaves en fuite de rejoindre le Canada), un groupe secret qui aide les esclaves à fuir et à trouver refuge. Son semblant de liberté tient au fait qu’il réussisse à rattraper ses frères noirs. Cette fois, il doit retrouver le jeune Jackdaw, mais le dossier semble foireux. Incomplets, les éléments fournis par son responsable sonnent faux. Et pourtant, imaginez la facilité à traquer quelqu’un à l’époquee du GPS et d’internet. Là commence une enquête qui va bouleverser la vie de Victor, remettre en perspective sa vie et lui faire rencontrer une jeune mère célibataire fragile et déterminée. Le roman enchaîne alors les péripéties, les salauds et les secrets. Nous sommes dans un thriller rythmé uchronique qui semble trop souvent très réalistes. De quoi réfléchir et prendre du recul sur la société américaine actuelle en suivant les déboires et investigations de Victor.
Pour l'anecdote, la couleur de peau des esclaves est indiquée dans leur dossier avec un code couleur proche de celui utilisé pour les couleurs sur un ordinateur. De café, marron doux ou encore noir ébène, ces couleurs trahissent pourtant l'unicité et la diversité de tous ces êtres humains.
Si Underground Airlines a un scénario assez classique, il est émouvant et puissant à lire par les thèmes qu’il aborde et les horreurs qu’il dénonce. Cynique, parfois violent, le héros est à la fois détestable, pitoyable et attachant. Les personnages secondaires sont moins développés à l’exception du chef de Victor,bureaucrate minaable, et de la jeune mère qui montre deux facettes de la vie des blancs dans son monde. Ecrit par un auteur blanc, le roman est plein d’empathie et reste assez loin des clichés sur le racisme dévoilant par touches subtiles la réalité de la vie de millions de femmes et d’hommes noirs dépourvus du moindre droit humain. Il écrit sur l’hypocrisie de ceux qui aident malgré des intentions louables, sur la façon dont ceux qui font subir l’esclavage se convainquent eux-mêmes du bon traitement fait aux Afro-américains et sur les conséquences d’un capitalisme agressif sur les droits humains ignorées le plus souvent des consommateurs inconscients de l’impact de leurs choix. Cette œuvre est une dystopie sombre mais proche de nous que vous lirez d’une traite.
Ce roman a reçu plusieurs prix aux Etats-Unis. A noter que la traduction française d’Eric Holstein est très réussie et sert le style dynamique de Ben H. Winters. Cette édition chez ActuSF fait partie de la collection Perles d’épice dont fait également partie Nightflyers de George R. R. Martin.
La conclusion de Nathalie Z. à propos du Roman : Underground Airlines [2018]
Ben H. Winters nous propose ici un thriller uchronique tendu et prenant dans lequel quatre Etats américains n'ont jamais aboli l'esclavage. Vous voici à suivre Victor, un chasseur d'âmes, un homme noir qui en retrouve d'autres pour le compte des US Marshalls. Cette fois, il doit retrouver un jeune homme qui s'est enfui : une enquête qui aurait du être simple mais qui va profondément le bouleverser. Le scénario est plutôt classique mais très rythmé. Cette dystopie sombre et réaliste va vous emporter. Un page turner dont on peut, vue la fin ouverte, espèrer une suite.
On a aimé
- D'utilité publique
- Une uchronie crédible et bien amenée
- Un héros à la fois attachant et détestable
On a moins bien aimé
- Il faut connaître un minimum la société américaine et son histoire.
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