Critique Les Chemins d'Eau [2019]

Brice Tarvel nous emmenait en 2017 dans un immense château où les gens vivaient et mouraient, un monde clos de murailles infranchissables. Si vous n'avez pas lu le roman Pierre-fendre, c''est par ici ! Cette fois, il nous mène sur les chemins d’eaux d’une mer dangereuse et mystérieuse aux possibilités infinies dans l'élégante histoire nommée Astar Mara.

Nalou est une jeune femme déterminée : nous la rencontrons alors qu’elle fuit dans les ruelles d’un village les sbires du comte de Kydd. Retrouvée échouée sur une plage non loin il y a quelques temps, elle a été recueillie par les gens du comte et mis en servage. Elle a donc vécu quelques temps comme servante au château mais ce fut une expérience terrible : brimades, humiliations, affronts et punitions. Quand l’opportunité se présenta, elle n’hésita pas à quitter l’horrible manoir.

Alors qu’elle est sur le port, elle décide d’embarquer en douce sur un des navires qui n’appartient pas au comte. La voici cachée sur l’Aigle d’écume quand le vieux maître-coq du navire la découvre. Elle raconte son histoire et le cœur tendre, il accepte de l’aider à se faire accepter à bord.  Elle convainc l’équipage et surtout le capitaine Robuck grâce à un pendentif qu’elle a dérobé à l’étrange comtesse : un médaillon renfermant des écailles de la sirène la plus crainte des marins, un médaillon qui susurre à l’oreille de celui qui le porte la maitrise les chemins d’eaux navigables. Pour Robuck qui a décidé d’explorer la mer qui s’étend au nord à la recherche de trésors, c’est une aide inestimable. Elle passe du statut de passagère clandestine à guide vital pour la survie de l’équipage. Les voici donc parti vers le large…

Il y a de la magie dans ce texte, des lieux exotiques, des éléments de légende et un lexique sensuel, sensoriel qui nous fait ressentir les odeurs maritimes et même les textures. Dès l’introduction, le lecteur ressent l’angoisse de Nalou et respire les odeurs nauséabondes des  abords du port. Riche et dense, ce roman dévoile un monde inconnu fait de noms étranges, de créatures surnaturelles, de vaisseaux mythiques pour progressivement s’avérer plus familier que prévu. Les éléments surnaturels liés aux sirènes sont une jolie revisite du mythe dans un monde qui semble issus de la fantasy au premier abord, puis post apocalyptique. Le lecteur est balloté dans cet univers et suit avec tendresse la jeune fille dans ce voyage dangereux et dans ses premiers émois. Astar Mara est une très jolie odyssée originale et poétique, et à conseiller à un public young adult qui voudra aborder une littérature qualitative et magique. Le format court, seulement 240 pages, est accessible. 

Cette histoire appartient à l’excellente collection la bibliothèque voltaïque des Moutons électriques et sa couverture bleue et or est signée Melchior Ascaride.