Critique L'Ombre des Arches #2 [2019]

Un duo d’auteur, Vincent Mondiot et Raphaël Lafarge, nous avait proposé en 2018 chez Mnémos un roman de fantasy urbaine où intrigues politiques retorses volaient la vedette à des scènes d’action virevoltantes : Les Mondes Miroirs. 

L'un des auteurs, Vincent Mondiot nous offre la suite des aventures d'Elsy Valnitier la mercenaire gouailleuse aux cheveux blancs et d'Elodianne Amdelin la mage discrète, toujours chez Mnémos pour un roman qui enrichit l'univers des mondes miroirs et qui ouvre l'intrigue pour des suites potentielles.

Précédemment

Mirinèce est une cité immense et grouillante qui s’est développée à l’ombre des Arches, une structure architecturale titanesque qui enjambe les pays et relie les métropoles Une arche s'est effondrée il y a longtemps et trois personnes sont devenus des héros : Teliam Vore a disparu, Corbès Salven est devenu responsable politique dans une autre région appelé Aurterre et le troisième Damnis est le proconsul local.

Suite à des attentats liés à Teliam Vore et à la magie miroitiste, la ville est bouleversée et nos deux héroïnes se sont faits remarquer. Elsy Vanitier en profite pour décrocher des contrats de mercenariat et Elodianne pour tester de nouvelles applicatiosn à la magie miroitiste si particulière et dont jusqu'à présent les mages n'ont effleuré que quelques aspects. Cette forme de magie peut créer en passant au travers d’un miroir un univers totalement dépourvu de magie, un havre de paix pour un magicien.

Pas de repos pour nos héroïnes

Notre histoire débute lorsque est confiée à Elodianne la mission d'aller expliquer les avantages de nouvelles applications de la magie miroitiste au légat d'Aurterre, réputé sévère et conservateur. La mage demande à son amie d'enfance de lui servir de garde du corps sur le trajet. Elsy accepte ravie de ces vacances entre filles. Mais évidemment rien ne se déroule jamais comme prévu. Si la présentation d'Elodianne est réussie, elle effraie fortement le légat et son conseil : l'utilisation de miroir comme portail pour voyager signifie une perte de contrôle sur les entrées et sorties de sa province, notamment de certains fanatiques et une plus grande ingérence du gouvernement central de Damnis. Inconcevable pour Salven, son épouse et le mage Guelcharre. Ce dernier se décide à agir et provoque un terrible drame. La délégation mirécénoise est alors emprisonnée et Corbès Salven décide d'envoyer son épouse Linne et une délégation à la rencontre des autres légats pour discuter d'indépendance.

Il fallait bien une première fois à tout, n’est-ce pas ? Et risquer la mort en cas d’échec, ça avait de quoi pousser à l’innovation.

De cité en cité, entre ports resplendissants et villes industrielles chargées de poussière, Elsy et Élodianne écriront malgré elles une page cruciale de l’histoire de l’État des Arches, qui pourrait commencer par À l’aube de la révolution…

Aurterre, Loffrieu, Hurquoine, Lazirac, Carando et Atépéha sont autant de nouvelles régions très variées qu'explore ce deuxième volet des aventures d'Elsy et Elodianne. L'univers de la saga s'étoffe géographiquement, politiquement et culturellement. Nombreux sont les nouveaux personnages que nous apprenons à connaître également : la délégation envoyé par Corbès Salven en particulier. Les relations entre personnages sont soignées, même entre les personnages secondaires. Les personnages évoluent passant de détestable à attachant, de naïf à usé. Elsy est toujours aussi irrévérencieuse pour notre plus grand plaisir, Elodianne moins discrète et plus complexe que dans le premier tome. L'apparition de fanatiques ou de nouvelles créatures enrichissent également cet univers plein de vie et riche en enjeux. Les objectifs des différentes factions sont cohérents et le lecteur sent que ce monde est au bord de la bascule.

Avec un style fluide et un rythme soutenu, Vincent Mondiot prolonge notre expérience dans les mondes miroirs en développant cette magie si particulière qui fait l'originalité de l'univers. Les dialogues sont plus aboutis que dans l'opus précédent avec quelques répliques conglantes et drôles. La trame de fond plus dense même si l'intrigue principale est essentiellement un voyage. Bref, ce deuxième volume en appelle un suivant et on ne peut qu'espérer lire prochainement la suite des aventures de ces deux jeunes femmes intrépides.

A noter : L'objet livre est soigné avec une couverture à rabat et une illustration pleine page pour l'entrée de chaque chapitre. Un joli écrin pour une oeuvre très agréable à savourer.