Critique Harrison Harrison [2020]
Avis critique rédigé par Nathalie Z. le mercredi 24 juin 2020 à 09h00
Un garçon chez les profonds !
L’océan a toujours fasciné et terrifié les humains. On retrouve des avertissements sur ses dangers dans les textes mythologiques et les légendes sur les créatures abyssales sont légions. Howard Phillips Lovecraft place certains de ces anciens dieux dans les profondeurs insondables. Daryl Grégory dans son roman Harrison Squared (Harrison au carré ou Harrison Harrison en français) renoue avec le mythe de l’océan effroyable et emprunte à la mythologie lovecraftienne certains éléments clés pour un récit d’apprentissage passionnant et rythmé. Sorte d’Harry Potter à l’école de Lovecraft (ou de club des cinq effrayant selon vos références), Harrison Harrison met en scène des adolescents dans un bahut plutôt flippant qui vivront bien sûr une aventure extraordinaire.
Harrison avait trois ans lorsque son père est mort en mer. Harrison était présent, il n’a pas perdu que son papa ce jour-là, il y a laissé une jambe. L’explication autour de ce drame est restée floue et Harrison vit depuis à San Diego avec sa prothèse et en haïssant l’océan. De ce malheur toutefois, il a conservé une colère rentrée qui le ronge.
Rosa sa mère est une scientifique qui étudie entre autres les océans comme feu son père et pour ses recherches voici que la petite famille déménage à l’opposé du pays dans la petite ville pittoresque de Dunnsmouth sur la côte Est. Harrison intègre donc le collège local. Mais l’établissent est bizarre, froid, silencieux et ressemble plus à un mausolée croisé à une prison qu’à une école. Les élèves n’y sont pas méchants, ils sont comme zombifiés : personne ne bavarde dans les couloirs et en cours, aucun élève ne défie son professeur ou ne contourne les règles. Ils semblent tous avoir des tocs notamment ils tapent avec le doigt frénétiquement sur les bords de leur bureau. On ne lui fournit aucun emploi du temps, il y a des offices religieux où il n’est pas autorisé à aller, la bibliothèque n’est pas fréquentée par les élèves et les cours d’histoire sont donnés par un professeur qui prône la dictature et d’autres valeurs dignes des années 30.
Harrison est persuadé que c’était une terrible erreur de déménager dans ce bled où la consanguinité a fait des ravages. Il rêve d’en repartir quand soudain, après une sortie en mer, sa mère est portée disparue… Le voici coincé ici avec le maigre espoir que l’on retrouve Rosa. Il décide d’enquêter seul puis aidé de nouveaux amis : Lydia le jeune fille de son collège qui a grandi toute sa vie à Dunnsmouth et qui n’est pas si lisse qu’il n’y parait et Lub, un garçon au physique bizarre qui a grandi au large dans la baie.
Harrison Harrison se centre autour de son héros et de sa relation à l’océan. A la fois drôle, émouvant et parfois effrayant, ce récit est fin et très agréable à lire. Avec son style accessible, Daryl Gregory offre un roman lovacraftien que l’on peut lire (et comprendre) dès 12 ans. S’il sent l’iode, le roman se passe tout de même beaucoup à terre et dans ce collège qui vous fait réaliser que celui que vous avez subi était bien plus sympa. La galerie de professeurs est particulièrement réussie et les élèves malins avec leur système secret de communication. Les adolescents de Dunnsmouth ne sont peut-être pas que des zombies finalement !
Petit détail lié à la traduction : Harrison vanne souvent Lub pour trop lire de mangas alors que le gamin des profondeurs fait constamment des références au comics : Batman, Spiderman et surtout Aquaman à qui il rêve de ressembler. Le jeune homme en effet passe trop de temps sur la terre ferme d’après les Anciens de son peuple et lit énormément de bandes-dessinées. Lub est un des personnages les plus réussis : attachant, ce personnage est particulièrement bien écrit. De même, le scrimshander (je vous laisse découvrir ce que c’est) est effrayant à souhait.
Harrison Harrison est un roman d’aventures et d’apprentissage remplis de mystères qui pioche judicieusement dans la mythologie lovecraftienne : on y parle d’étoiles alignées, on y croise des créatures innommables et les tableaux peints enfermant l’âme des victimes sont remplacés par des sculptures sur os terrifiantes. Bref, ce roman émouvant et horrifique est à lire un soir de tempête ou en bord de mer sur la plage !
A noter l’édition du Bélial particulièrement soignée : couverture à rabat et illustrations intérieures des protagonistes de l’histoire par le talentueux Nicolas Fructus.
Pour les anglophones qui ont lu le roman, voici le lien d'un jeu interactif pour poursuivre l'aventure ! https://philome.la/darylwriterguy/harrison-squared-dies-early-by-daryl-gregory/play/index.html
La conclusion de Nathalie Z. à propos du Roman : Harrison Harrison [2020]
Roman d'apprentissage et d'aventures, Harrison Harrison fleurte avec la mythologie lovecraftienne pour le plus grand plaisir du lecteur. Les mystères de Dunnsmouth sont nombreux et suivre les péripéties du jeune héros et de ses amis pas comme les autres est tout simplement palpitant. Un joli hommage à Howard Phillips Lovecraft et un excellent roman à lire sur la plage cet été !
On a aimé
- Des personnages attachants
- Une ambiance lovacraftienne à souhait
- Léger et très agréable à lire
On a moins bien aimé
- On voudrait une suite, mais qui sait ?!
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