Le landau du rat [2011]

Fils de Franz Kafka pour son fantastique, de Philip K Dick et J G Ballard pour sa SF, Jacques Barbéri nous propose dans ses nouvelles un concentré de folie et de paranoïa. Ses personnages essaient de « rester au contact », mais passent leur temps à déraper face à une réalité qui se dérobe et où le temps se déglingue, comme dans ces films où le spectateur, manipulé par des auteurs diaboliques, finit par ne plus savoir où il en est. On songe par exemple à Inception, Existenz, Total Recall, L’Effet Papillon…Mais Barbéri nouvelliste, c’est en plus une écriture effilée, précise, qui permet à l’angoisse de s’installer insidieusement dès les premières phrases. Chez lui, que l’on se situe sur Terre dans un futur proche ou dans des univers lointains, tout est noir, toujours ; le répit est de courte durée pour des personnages ballotés qui n’ont d’autre solution que de foncer. Heureusement, cette noirceur fait occasionnellement place à un humour qui se manifeste dans des dialogues déjantés, tenus par des personnages « cramés jusqu’à la corde », pour reprendre une expression chère à l’auteur. Lire les nouvelles de Jacques Barbéri demeure une expérience unique. Trente nouvelles (dont sept écrites en collaboration avec Emmanuel Jouanne et Henry-Luc Planchat) récoltées dans différentes revues, plus quelques-unes totalement inédites, rassemblées par Richard Comballot pour leur qualité littéraire et leur veine « science-fictionnaire », et postfacées par l’universitaire Christiane Mélançon.