NIFFF - Fantômes, exorcismes, maison hantée, kung-fu et giallo
3ème jour des festivités...

Ce lundi nous avons pu découvrir beaucoup de films (six au total), et, dans le lot, seul Masks nous a paru réellement digne d'intérêt. Pour le reste, au mieux nous avions du traditionnel correctement emballé, dans le pire cas, il s'agissait de mauvais films dont il y aura que peu à retenir.

La journée a commencé avec The Path, film espagnol coécrit et réalisé par Miguel Ángel Toledo (l'autre scénariste étant Juan Carlos Fresnadillo, le réalisateur de 28 semaines plus tard).

Raul, grand joueur d'échec, propose à sa femme Ana de partir avec leur fils dans une cabane isolée au milieu d’une forêt enneigée dans le but de reconstruire son couple. Loin de tout, le couple trouve pour seul visiteur, Samuel, un jeune homme débrouillard qui vient régulièrement travailler autour de la maison et que se lie particulièrement d’amitié avec Ana. Peu à peu exaspéré par l’intrusion de l'homme dans leur vie, Raul devient jaloux et commence à devenir de plus en plus violent et s'imaginer des choses.

The Path est l'exemple typique du film qui, sur la forme n'a pas grand-chose à reprocher. Mais pour ce qui est du le fond, on se retrouve face à une production ne proposant rien de réellement original (encore un film autour de la schizophrénie), dont les tenants et aboutissements se devinent presque tous dès le départ. Le jeu des acteurs est de bon niveau, la mise en scène soignée (cela même si on ne dénote aucune prise de risque ou personnalité qui se dessinerait à travers elle), mais on reste enfermé dans les clichés du genre, cela même si la fin essaie d'apporter un semblant d'originalité (qui n'en est pas vraiment une).


Avec Manborg c’est l’Enfer sur Terre ! Le cruel Compte Draculon et son armée de vampires nazis sèment la terreur. Mais un groupe de quatre héros va se former pour tenter de ramener l'ordre et la morale sur la planète.

Le pitch laissait présager un divertissement de haut volé, d'autant qu'on le vendait comme un pastiche original des films des 80’s se distinguant par des effets volontairement « old school » et des dialogues brefs et inspirés. Le résultat est clairement une catastrophe, et même le pire bis de ces années-là avait plus de « gueule » que ce Manborg donnant l'impression plus de se moquer que de rendre hommage à ces productions que nous aimions.

D'ailleurs, l'aspect visuel rappelle davantage les cinématiques de jeux vidéos des année 90 que les films dont Steven Kostanski emprunte pour autant quelques caractéristiques référentielles (on pense entre autres à Robocop, Terminator, Tron, 2019, Après la chute de New York). Nous sommes aussi déçu de voir que Steven Kostanski (qui a un cv plutôt sympathique en Make-up et a contribué à la réalisation du très bon Father's Day) ne semble jamais vraiment concerné parce qu'il raconte; et que la seule qualité qu'on retiendra de son Manborg résidera dans l'aspect d'animations en image par image (traitement que l'on retrouve d'ailleurs dans le final de l'excellent Father's Day). On attentait mieux et il s'agit là d'une grande déception.


Dans 205 - Room of Fear nous suivons la charmante Jennifer Ulrich (interprétant ici une certaine Katrin), qui du haut de ses dix-neuf ans, part vivre dans un campus universitaire. Profitant de cette nouvelle indépendance, la jeune fille ne perd pas de temps pour s'envoyer en l'air (dans tous les sens du terme), mais manque de bol, elle va devoir très vite refaire surface à la réalité quand elle va découvrir que sa chambre se trouve être celle d'une jeune fille disparue décidée à se venger.

205 - Room of Fear est l'exemple typique du film soigné, mais complètement inutile. En plus d'être déjà un remake de Room 205 de Martin Barnewitz (2007), cette réitération tourne surtout autour de la sempiternelle histoire du fantôme qui cherche à se venger de ceux qui l'ont assassiné, et dont la seule issue pourrait se trouver dans le fait de retrouver le cadavre. Du coup, même si la mise en scène et la photographie de Rainer Matsutani est plutôt soignée, le rythme bien entretenu et l'interprétation de Jennifer Ulrich plus qu'honorable, on reste dubitatif devant l'intérêt du projet.


Le manque d'originalité se retrouve aussi comme principal défaut de When the lights went out (en compétition internationale) où là encore (on a l'impression de se répéter nous-mêmes à force) la technique est assurée, mais l'intérêt du produit est questionable.

L'histoire : En 1974, la famille Maynard arrive enfin à avoir un home sweet home digne de leur espérance. Len (le mari et paternel) est fière de son acquisition et sa compagne Jenny se réjouit de pouvoir décorer la maison dans un mauvais goût certain, mais typique de cette période. Par contre, leur fille Sally est bien plus perplexe et pense que la maison pourrait être sujette à être hantée par quelques poltergeist mal intentionnés. Bien entendu, au départ; les parents ne désirent pas écouter la voix de la raison, mais finiront bien par comprendre que leur fillette n'a pas forcément tort.

Mélange entre Amityville, la maison du diable et L'Exorciste, When the lights went out se veut être un revival du cinéma des 70's. Le réalisateur (et scénariste) Pat Holden y arriverait presque, s’il n'abusait pas aussi facilement de clichés propres à notre temps (tel que l'utilisation du son pour créer le sursaut) et quelques facilités scénaristiques pour amener son histoire par des phases qui semblent établies comme un cahier des charges. Dans le registre on préféra la première partie d'Insidious, bien plus flippante et mieux conduite. Puis si on a rien contre l'idée d'un revival de ce type de film, on aimerait bien voir un point de vue de mise en scène original ou un traitement un poil nouveau plutôt qu'un recyclage d'idées vu ailleurs en mieux. Après, le public peu habitué au genre devrait trouver son compte, le film assurant une mise en image et un jeu des acteurs correct.

Par la suite nous avons pu découvrir Petaling Street Warriors, comédie d’arts martiaux malaisienne tentant de surfer sur le cinéma de Stephen Chow.

Duyao vend des nouilles sur Petaling Street et sa vie n’est vraiment pas facile. Lichun, sa sublime femme, refuse de coucher avec lui, le contraignant à porter une ceinture de chasteté; deux gangs de voyous lui cherchent constamment des noises (son stand se trouve en plein milieu de leurs territoires); et bientôt le gouvernement colonial va se mêler aussi à l'affaire après qu'il découvre que ce dernier pourrait avoir en sa possession (dû à un héritage) une carte au trésor.

Au premier abord on se dit : « chouette un film de kung-fu pour se détendre les neurones ». Le problème c'est que nos amis malaisiens, malgré leurs bonnes intentions, n'ont pas la maîtrise en la matière du cinéma HK, et non seulement les scènes de combat se font rares, mais en plus elles semblent avoir quatre-vingt ans de retard dans la matière et qu'on est loin du niveau de n'importe quel film issu de la Shaw brothers et encore plus des délires de mises en scène que l'on peut trouver dans les films de Stephen Chow dont Lee James Thim Heng et Yuen Sampson Choi-Hin semblent s'orienter du point de vu du ton qu'ils voudraient apporter à leur film. Au final, on retient surtout de l'ennui vis-à-vis de Petaling Street Warriors, un comble pour un film se voulant de la kung Fu comédie.


Nous terminerons ce compte-rendu en évoquant le meilleur film de la journée : Masks (nous avions pu le voir une première fois l'année précédente au PIFFF). Et si à première vu on pourrait se dire « encore un film sur le come-back du Giallo ? », Masks a le mérite d'être ce qui c'est fait de mieux cela depuis quelques années dans le genre. Amer - qui a ses fans - était pour certain d'entre nous assez prétentieux et trop tape-à-l'oeil. Quant à Giallo de Dario Argento, c'était un peu comme si le maître en la matière avait voulu détruire le genre qu'il avait réinventé - voire presque créé - avec brio il y a de cela des années. Il n'y avait rien dans Masks qui à la base nous motivés, encore plus quand on apprenait que ce dernier provenait du pays de Derrick. « Monumentale erreur » nous dirait l'ami Arnold ! Bien oui, force est de reconnaitre qu'à la sortie de Masks nous avons enfin trouvé le digne héritier du genre. Non pas que le film soit parfait - vingt minutes en moins pourraient faire gagner le récit en intensité —, mais pour le reste difficile de bouder son plaisir à moins d'être réfractaire au genre lui-même.

Car avec Masks, Andreas Marschall signe une véritable poésie macabre aussi soignée dans le fond que dans la forme. La tension existante sur quelques scènes a rarement été aussi efficace, et cette idée de dépeindre les acteurs comme étant des gens ayant vécu par le passé un mal-être tout en ayant un besoin de reconnaissance amène une petite réflexion autour de l'artiste plutôt intéressante. Qui se cache derrière le masque de celui qui sait faire rire, pleurer et caper l'attention du public ? Jusqu'où un acteur serait-il capable d'aller pour transmettre l'authenticité et briller sur scène ? Andreas Marschall se questionne et à travers cela y amène un lot de tueries macabres assez régulières dans une mise en image réfléchie ou les jeux de lumière ont leur importance.

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Auteur : Richard B.
Publié le mardi 10 juillet 2012 à 15h00

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Commentaires sur l'article

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    ...et bientôt le gouvernement colonial va se mêler aussi à la faire après...

    va aussi se mêler à l'affaire, non ?
    Bourreau orthographique, le 10 juillet 2012 17h37

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